Comment redonner au Mouvement pionnier sa valeur et son lustre d’antan ? Telle est la problématique à laquelle les responsables du mouvement pionnier tentent de trouver une réponse.
Les pionniers ont rendu un vibrant hommage à leurs illustres devanciers. C’était le samedi 19 novembre 2022 à la faveur d’une journée d’hommage organisée à la Maison des jeunes de Bamako. Cette cérémonie sobre mais riche en couleur a enregistré la présence remarquée du président d’honneur, Adama Samassékou; du Directeur de la Maison des jeunes, parrain de la journée; de l’ancien Premier ministre, Zoumana Sako; d’autres présidents d’honneur et de nombreux sympathisants de l’Association qui ont fait le déplacement.
Les différents initiateurs de cette journée ont fait la genèse du Mouvement pionnier, depuis ses origines jusqu’à nos jours. Ils ont également profité de cette occasion pour faire un retour sur certains faits historiques des grands hommes qui ont marqué le Mouvement. Ils ont rappelé que le Mouvement pionnier est né de la volonté du président Modibo Keïta d’impliquer la jeunesse dans la construction du Mali de demain.
Un des intervenants à cet évènement est Boubacar Eros Sissoko, écrivain de son état qui a publié plus de vingt-cinq (25) livres dont le dernier est dédié à son feu père l’inspecteur de jeunesse Birama Sissoko, plus connu sous le nom «Inspecteur sans pitié» pour sa rigueur dans le travail. Dans ce livre, il donne les détails sur le rôle que ce dernier a joué dans l’éducation et la formation des jeunes de l’époque. Pour lui, l’idée de lancer un grand mouvement pour l’éducation civique et citoyenne de la jeunesse serait née à la suite d’une résolution du congrès constitutif de la jeunesse de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA) tenue, les 26, 27 et 28 décembre 1959, ayant fait état «de la prochaine naissance des pionniers, Mouvement national de plein air qui regroupera les jeunes de 8 à 18 ans».
Ainsi, la date du 21 avril 1960 marquant la fin du stage de formation des encadreurs pionniers, tenu à Katibougou, est considérée officiellement comme la date de la création du Mouvement national des pionniers, et fêtée comme date anniversaire. Des compétions des pionniers furent alors régulièrement organisées entre les jeunes pionniers des anciens quartiers de Bamako. À la suite de ces compétitions des pionniers, des semaines de la jeunesse ont vu le jour, en 1962 qui deviendront plus tard la Biennale.
Pour Boubacar Eros Sissoko, le Mouvement pionnier est la première initiative en faveur de la jeunesse créée par Modibo Keïta afin qu’il soit le creuset de la formation d’une jeunesse imbue de sa culture et porteuse d’espoir, engagée pour la renaissance et le développement du Mali et de l’Afrique. Elle doit être le continuateur des idéaux de pères fondateurs du Mali indépendant brutalement interrompu, le 19 novembre 1968. Et l’objectif de cette journée, c’est aussi de consigner cette vérité historique dans des livres, d’expliquer à la jeunesse actuelle les circonstances réelles de la naissance du Mouvement pionnier qui a créé la polémique ces derniers temps, ensuite profiter de cette cérémonie pour offrir une distinction à certains des illustres devanciers comme Zoumana Sako, ancien Premier ministre; l’ancien ambassadeur, Oumar Diarra; Daouda Tékété, ancien journaliste et Adama Samassékou, président d’honneur du Mouvement.
Si les différents intervenants n’ont pas manqué de rappeler le rôle important joué par le Mouvement pionnier dans la préservation de nos valeurs, du civisme et du patriotisme qui ont façonné bon nombre de responsables et de leaders maliens depuis les premières heures du Mali, aussi ils n’ont pas manqué de souligner que ce grand mouvement qui fut le Mouvement pionnier qui a fait la fierté des Maliens, peine aujourd’hui à retrouver ses marques d’antan. Cette génération d’hommes et de femmes imbue des valeurs incarnées par le mouvement ne doit pas tomber dans les oubliettes, il faut trouver un moyen de les valoriser et reconnaître leur mérite.
Pour les membres actuels de l’Association des pionniers du Mali, le coup d’État militaire a donné un coup d’arrêt à l’expansion et aux ambitions du Mouvement pionnier lancé par le père spirituel du mouvement, Modibo Keïta. Aujourd’hui, après plusieurs décennies de traversées du désert, certaines personnalités conscientes du rôle joué par les pionniers d’antan dans la construction nationale rendent hommage à la politique de jeunesse impulsée par le président Modibo Keïta. Ces patriotes convaincus ont agi pour la refondation du Mouvement des pionniers, socle de la citoyenneté et du civisme au Mali.
Pour le président d’honneur de l’Association des pionniers, M. Adama Samassékou, «le Mouvement pionnier est une institution qui fait partie du patrimoine national, tous les régimes qui se sont succédé ont exploité le potentiel du Mouvement pionnier, y compris le régime de Moussa Traoré. L’Institution est reconnue comme ayant sa place dans l’éducation des enfants et des jeunes. Selon toujours lui, il y a la nécessité de renforcer l’animation même du Mouvement pionnier. Il s’engage, pour sa part, à organiser des réunions régulières des présidents d’honneur pour réfléchir sur l’évolution du Mouvement pionnier afin de l’adapter aux réalités actuelles».
Il a lancé un appel à tous les présidents d’honneur à se mobiliser autour du bureau fédéral pour créer un espace de réflexion et d’action par rapport à l’avenir du Mouvement qui est reconnu par les populations.
Pour M. Samassékou, il est nécessaire et urgent de faire une relecture des statuts et règlement intérieur, afin de revenir à l’ancienne appellation «Mouvement national des pionniers» même si la dimension associative doit rester pour redonner du sens à ce que nous faisons.
Pour ce cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, l’Association des pionniers doit occuper l’espace qui lui est dû. C’est aux leaders du Mouvement pionnier d’œuvrer pour cela. Selon lui, «le génie créé, le travail parachève» comme pour dire que le président Modibo Keïta a créé, c’est à la relève de poursuivre ou de terminer l’œuvre.
Le parrain de la journée, le Directeur de la Maison des jeunes a situé son intervention dans le sens de la pérennisation de cet espace d’échange. Il souhaite donner les moyens afin de documenter et d’organiser régulièrement un cadre comme celui-là. Le président d’honneur dans son intervention finale a fixé le cap des actions à entreprendre. Il s’agit pour lui d’organiser dans l’urgence un conseil des présidents d’honneur, de perpétuer la mémoire et les valeurs du Mouvement pionnier, d’intégrer le mouvement dans le programme scolaire, rendre compte aux différents ministères représentés à cette journée. Malgré ce tableau peu reluisant, quelques avancées notables ont été enregistrées comme par exemple la généralisation de la montée des couleurs dans les établissements scolaires ou les services, la construction du palais des pionniers pour abriter le siège de l’Association.
B.S