Dans quel État sommes-nous ? Le salaire n’est-il pas sacré ? Surtout qu’au Mali, selon feu Houphouët Boigny, les fonctionnaires n’ont que des perdiems. Dans ces conditions peut-on s’attendre à de bons résultats scolaires? S’interrogent les acteurs.
Sensé avoir la clé du savoir, porteur d’espoir et bâtisseur de demain, l’enseignant est considéré aujourd’hui comme le parent pauvre de l’Administration malienne. Il est devenu après la première République la risée de tout le monde y compris des autorités qui ont toujours relégué au second plan ses droits les plus élémentaires et cela depuis plus de 40 ans.
En effet, après l’ignoble coup d’État du 19 Novembre 1968 qui a renversé le régime du Président Modibo Keita par le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN), la première tâche à laquelle la junte militaire s’était attelée, fut la propagande contre le régime en lui faisant porter le chapeau de la destruction du tissu social et économique.
Modibo Keita étant instituteur, les enseignants ont payé et continuent malheureusement de payer un lourd tribut avec une machine de dénigrement et de démolition. Pendant vingt trois ans, les enseignants de tous les ordres vont connaitre une véritable traversée du désert: retard de trois à six mois de salaire, mutations arbitraires, prison à vie. Les conséquences sont incommensurables : la baisse généralisée du niveau des apprenants, la déperdition scolaire, la fuite des cerveaux vers d’autres pays de la sous région, et l’exil pour d’autres. La liste est loin d’être exhaustive.
Le Mali a été vingt trois ans durant le réservoir des cadres de la plupart des pays voisins tant dans l’enseignement que dans l’administration en Cote d’Ivoire, au Burkina Faso, au Gabon. Après la Révolution du 26 Mars 1991, l’espoir était né surtout quand le Peuple a encore confié le pouvoir à un enseignant, fils d’enseignant, époux d’enseignante comme pour donner raison au premier Président de la République du Mali. Cette ferveur de l’après Révolution s’est muée en inquiétude et désespérance tant les attentes ont été déçues dans le domaine de l’éducation. Le niveau des élèves et des étudiants reste toujours lamentable, les années blanches ont succédé aux années tronquées, les enseignants broieront du noir, parce que ses conditions seront loin d’être améliorées et au même moment les budgets de deux premières institutions de la République à savoir la Présidence et L’Assemblée Nationale connaitront une augmentation conséquente.
Une assemblée générale est prévue ce lundi 09 Février 2015 à 9 heures dans beaucoup d’établissements secondaire général technique et professionnel pour décider de la conduite à tenir, car en plus de cette situation, il y a d’autres revendications qui sont pendantes depuis des mois et qui sont relatives aux rappels dus à l’avancement, à la titularisation et la principalisation.
Les compositions de la première période ne se sont pas encore déroulées jusqu’à présent dans certains établissements à cause du mot d’ordre du syndicat qui demande à ses membres de ne point évaluer les épreuves jusqu’au paiement des rappels susmentionnés. Comme pour dire que rien ne présagera d’un lendemain radieux pour l’école malienne tant que la question enseignante ne sera pas mise au rang des priorités des priorités nationales.
Youssouf Sissoko