L’école malienne aux abois : Où sont passés les fameux 33% du budget national alloués à l’éducation ?

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L’éducation est l’action de « guider hors de… », C’est à dire développer, produire. Il signifie maintenant plus couramment l’apprentissage et le développement des facultés physiques, psychiques et intellectuelles. Alors que le terme enseignement, de son côté, signifie « marquer d’un signe, distinguer, rendre remarquable ». Tel est loin d’être le cas au Mali où les rebondissements au sein du système torturent l’avenir du pays de l’hippopotame.

Depuis plus de vingt ans, l’école malienne est convalescente des maux incurables. Nul besoin de rappeler les difficultés qui la minent depuis des époques. C’est pour mettre frein à ces maux que le gouvernement, en complicité avec les acteurs de l’école, a initié le forum national sur l’éducation en fin 2008. A l’issue dudit forum, les différentes recommandations ont laissé germer des espoirs salutaires, qui malheureusement jusqu’à présent s’identifient à des illusions. Ainsi, le rapport sur les préparatifs de la rentrée du Ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales promettait un paradis pour le courant de cette année scolaire 2011-2012 qui est déjà paralysée, depuis plus de deux mois, par une grève illimitée des corporations syndicales liées au département de l’éducation. Les élèves aussi bien que les étudiants sur lesquels repose le fardeau de l’avenir traînent dans les rues ignorant quoi faire, faute d’avoir été abandonnés par les enseignants et les autorités qui se livrent à de duels incessants. Ce qui compromet du coup le sort envieux de notre nation, longtemps admirée par les voisins sous-régionaux.

Et pourtant, l’année 2012 est l’année du cinquantenaire de la Réforme de 1962, réforme fondatrice de notre système éducatif.

« Cette année doit être placée sous le signe de l’engagement patriotique et de l’ambition qui a tant caractérisé nos ainés. En effet, au delà de nos divergences, nous partageons une même ambition pour notre système éducatif. Nous voulons que l’école, que nous aimons et à laquelle nous consacrons tous nos efforts, soit toute tournée vers la réussite de nos élèves », rappelait le ministre de la tutelle, le Pr Salikou Sanogo, dans son vœu de 2012. Il croit qu’ensemble, nous parviendrons à édifier un système éducatif capable de former des citoyens patriotes et bâtisseurs d’une société démocratique. Cependant, la grève des syndicats d’enseignants et l’inconduite de certains fonctionnaires des ministères en charge de la question continuent de martyriser notre système éducatif qui est le socle même de toute édification.

Etant donné que le président de la République, SEM Amadou Toumani Touré, ne cesse de clamer son engagement, dans son Projet de Développement Economique et Social (PDES), à consacrer chaque année une part très importante du Budget de l’État à l’éducation nationale, il faut aujourd’hui se demander avec cette situation écœurante de grève : qu’est ce qui est fait de ces fameux ‘’33% du budget national alloué au secteur de l’éducation ? Pourquoi toujours tant de difficultés à apporter une solution concrète et consensuelle aux revendications des enseignants ?

Les réponses à ces questions sont impératives pour la résolution des problèmes de l’école, surtout quand on sait que la plupart de nos enseignants sont souvent plus tentés vers l’argent que la formation des élèves.

 

Pour ce qui concerne l’enseignement supérieur, les raisons ayant conduit à la fermeture des facultés refont surface. En effet, le gouvernement, à travers le ministre de l’enseignement et de la recherche scientifique, Mme Siby Ginette Bellegarde, objectivait à tout prix une reprise uniforme des cours avant la fin de 2011. Hélas, l’année 2011 s’est achevée presqu’en queue de poisson. Le plus inquiétant est le silence du gouvernement quant à la fixation d’une date pour la ‘’rentrée universitaire 2012’’.

Cependant, on se glorifie avec l’organisation de « cours inauguraux » dans les facultés comme pour encore confirmer les défaillances qui jalonnent les échecs. En se dévouant corps et âme pour réussir un exploit en trois mois, Mme le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’est retrouvée face à l’immensité et la délicatesse des problèmes qui rouillent notre université depuis plus d’une décennie.

A ce niveau également, certains enseignants prédisent d’ores et déjà une nouvelle ‘’année blanche’’. Auront-ils raison du gouvernement sur cette question ?

Cette récente déclaration du Chef de l’Etat ATT en dit long : « L’école malienne n’est pas en crise c’est l’école publique qui est en crise. Sinon, les écoles privées travaillent normalement ». Comment interpréter cette déclaration qui met à plat toutes les réalités que l’exécutif suprême nous cache vis-à-vis de notre école ? Si « l’école malienne » se porte bien plus que l’école publique, à qui incombe la responsabilité thérapeutique ? Faudrait-il confier la gestion de l’école publique aux promoteurs privés étant donné que ces derniers arrivent mieux à gérer leurs structures pendant que l’Etat est encore et toujours aux abois ?

En attendant de trouver des réponses à ces questions, les élèves des écoles publiques devront, vraisemblablement, continuer leur aventure en dehors des classes. Autant l’Etat a montré ses limites et les récentes déclarations fracassantes du chef de l’Etat le confirment à bien d’égards, autant les enseignants sont comptables de cette situation chaotique. Le Mali, lui, assiste à son propre carnage intellectuel au détriment d’un lendemain radieux. Alors, où sont passés les fameux 33% du budget national alloués au secteur de l’éducation.

 

YAYA S. GUINDO

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