Trois écoles privées : Collège Horizon, Michel Alaire et le Lycée Lassana Sylla sont au centre d’un scandale de pratiques dignes de l’apartheid. Et les victimes ne sont d’autres que les enseignants de ces établissements privés.
Conscient de la situation, le Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (Snec) sort ses muscles et déclare “plus jamais ça !”. Les misères du personnel de ces écoles privées étaient au centre des échanges du syndicat à la Bourse du Travail, le samedi 28 septembre 2013.
Licenciements abusifs, menaces et intimidations, ce sont entre autres pratiques éhontées dont sont victimes les enseignants de ces établissements privés de Bamako au mépris des textes dont les plus connus sont les conventions 87 et 98 de l’Organisation Internationale du Travail (Oit) et la Constitution de la République du Mali.
Le hic dans ce problème très grave, c’est le silence coupable des autorités du Mali, notamment l’Inspection du Travail et la Direction Nationale du Travail. Les responsables de ces services sont-ils soudoyés pour garder le silence ? Ne sont-ils pas informés des violations des textes du pays, notamment ceux qui règlementent le travail au Mali, par des promoteurs privés d’écoles ?
Ce sont entre autres les questions que l’on se pose au regard du mépris que la direction du Collège Horizon manifeste à l’endroit de certains de ses travailleurs. Les mêmes pratiques existeraient au Lycée Lassana Sylla de Sogoniko et à Michel Alaire. Tous sont des établissements privés qui lorgnent les subventions de l’État chaque année.
Le cas du Collège Horizon est pire, un certain nombre d’enseignants qui ont eu le courage de mettre en place un syndicat sont entrain de faire les frais de leur audace. La direction du Collège Horizon a d’abord tenté de les faire fléchir par des menaces, puis elle aurait procédé au licenciement. Ce que les intéressés refusent et, en conséquence, ont saisi l’Inspection du travail et le Snec.
Le Collège Horizon faut-il le rappeler est un établissement privé, fruit du partenariat avec la Turquie. Aussi ce sont ces partenaires étrangers qui foulent au sol les lois du Mali sans être inquiétés.
Le Snec pour sa part se refuse de cautionner une telle insulte aux Maliens. C’est pourquoi dès la nouvelle sur ces violations du code du travail et des textes conventionnels ratifiés par l’État, le Snec a saisi qui de droit. Ce, conformément à la motion spéciale prise par le bureau lors du 12ème congrès de ce syndicat.
En effet, lors de son 12ème congrès, le Snec a pris une motion spéciale concernant les écoles privées. Concernant les problèmes vécus par les enseignants de ces écoles, un professeur du Lycée Lassana Sylla de Sogoniko a fait un témoignage : “Le promoteur de l’école a licencié du proviseur jusqu’au planton. Aujourd’hui le personnel est à cinq (5) mois d’arriérés de salaires. Malgré tout, le promoteur continue de faire l’arrogant. Il faut que cela cesse…”, a dit cet enseignant qui invite ses collègues à plus de dynamisme dans l’action et de refuser de s’appitoyer sur leur sort. “Il n’y a pas plus grand malheureux que l’esclave qui refuse de briser les chaînes par lesquelles il est retenu”, a ajouté cet enseignant très scandalisé par les pratiques qui ont lieu dans cette école.
“PLUS JAMAIS ÇA !”
C’est en tout les cas la décision des responsables du Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (Snec) qui entendent mettre un holà auxdites pratiques. Le secrétaire général de ce syndicat, Maouloud Ben Katra, l’a répété, avant-hier, au cours d’un meeting.
Maouloud Ben Katra, faut-il le rappeler, est celui qui a succédé à Tibou Telly à la tête de ce syndicat. C’était à la faveur du dernier congrès du Snec. Aussi, c’est lui qui a mené toutes les démarches tendant à faire cesser les menaces et autres intimidations sur les enseignants du Collège Horizon et Michel Alaire.
Selon M. Maouloud Ben Katra, le syndicat est la seule solution pour mettre le holà aux injustices dont sont victimes les enseignants. Injustices exercées par les promoteurs. “La Constitution et les conventions 87 et 98 donnent un libre exercice aux organisations syndicales de défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs”, a fait savoir le secrétaire général du Snec. Puis il a dénoncé avec véhémence ce qui se passe dans les écoles privées, à savoir des pratiques qui rappellent le temps de l’Apartheid en Afrique du Sud, où une minorité foulait au sol ce qui restait de la dignité et de l’honneur de l’écrasante majorité noire.
Selon le Sg du Snec, Maouloud Ben Katra, la solution pour les enseignants ce n’est pas dans le nomadisme entre les écoles, mais de se battre à travers le syndicat pour améliorer les conditions. Le Snec s’attèle à cela et depuis longtemps il a tendu la main aux enseignants du privé. C’est pourquoi la création d’un syndicat dans toutes les écoles privées est à l’ordre du jour dans les discussions du Syndicat National de l’Éducation et de la Culture (Snec).
Laya DIARRA
