Pour favoriser la scolarisation des enfants déplacés, des directives ont été données. « Notre directeur de centre d’animation pédagogique nous demande de recevoir les enfants qui viennent du nord même s’ils n’ont pas de papiers nécessaires, explique Abdoulaye Doumbia, directeur de l’école publique de Missira dans le quartier de Sougou Koura. Nous avons demandé aux parents également de nous narrer leurs conditions de vie ici et on va essayer de mettre tout en oeuvre pour améliorer toutes ces situations. Tous les enfants du nord qui viennent à nous seront scolarisés. »
Le problème est que tous ne viennent pas. L’année dernière, en fin d’année, l’école privée Espoir, dans le quartier d’Hippodrome, avait accueilli plusieurs enfants déplacés. « Ils ne sont pas revenus, compte tenu des moyens des parents. Ils attendent. L’année dernière, ils ne pouvaient pas payer. Comme c’était la fin de l’année, on était vraiment sensibles. Mais cette année ils n’ont pas pu se réinscrire », rapporte son directeur.
Manque d’argent pour payer une école privée ou tout simplement les fournitures scolaires, manque de perspectives aussi. Beaucoup de déplacés veulent croire à un retour rapide dans le nord et refusent de scolariser leurs enfants ailleurs que chez eux.
Les enseignants du nord partis
Ce n’est pas le cas de Lassina Maïga, père de quatre enfants et qui habite dans le nord du pays. L’un d’entre eux est à Gao et n’a pas fait sa rentrée scolaire. Les trois autres sont à Bamako où ils ont été intégrés sans difficultés dans les classes, quitte à se serrer sur les bancs. « Dès que je leur ai expliqué le problème, ils m’ont accueilli à bras ouverts », raconte-t-il.
A Gao, les islamistes n’ont pas formellement fermé les écoles mais ils ont exigé que les garçons soient séparées des filles. Le problème est que la majorité des enseignants sont partis au sud dès le début de la crise. Et les quelques professeurs encore sur place ne peuvent pas faire gand chose. Les parents d’élèves, eux, sont désemparés. « J’ai des grandes filles qui doivent passer dans les classes supérieures. Malheureusement, on ne leur a pas fait passer d’examen. On voudrait envoyer les enfants à Bamako ou dans d’autres régions du sud pour qu’ils étudient, mais nous n’avons pas les moyens », déplore un habitant de Tombouctou.
Cette fracture scolaire renforce le sentiment d’abandon des populations du nord. « Le gouvernement et les occupants devraient permettre aux élèves de s’inscrire, pour ne pas créer d’autres dangers pour la société. Parce que c’est la culture qui humanise l’homme. S’il n’y a pas de culture, s’il n’y a pas d’éducation, c’est foutu », réclame un autre habitant de Tombouctou.
Pour l’heure, dans les trois régions du nord, seuls les postulants au bac reçoivent quelques cours de rattrapage. Mais personne ne sait s’ils pourront passer l’examen.
RFI / 29/09/2012