La bancarisation des bourses. L’adoption d’une nouvelle stratégie s’impose

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Illégale dans sa genèse mais légitime de fait, la bancarisation des bourses des étudiants maliens qui avait fait l’objet d’un vif débat avant d’être acceptée a tendance à se transformer aujourd’hui à un cauchemar. Pour éviter cette mauvaise tournure, l’adoption d’une nouvelle stratégie est nécessaire sinon indispensable !

Tout a commencé un jeudi 27 mai 2010 dans la salle de réunion du Rectorat de l’Université de Bamako par la cérémonie de signature de la convention de partenariat pour la bancarisation des bourses des étudiants du Mali entre le Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU) et l’Ecobank-Mali. L’objectif était de rompre avec la gestion artisanale (amateur) des bourses  qui freine (engendrait) des fils indiens interminables devant les guichets des facultés de l’Université de Bamako et une situation quasi-permanente de détournement des bourses des étudiants au profit de certains chefs hiérarchiques. Plus grave encore, certains étudiants sans date de naissance fixe (né vers) sont souvent exclus d’office parce que le serveur Ecobank ne les reconnaissent pas… 

Pour l’Ecobank, elle a pour obligation de remettre rapidement aux étudiants leurs bourses. Même si les frais de compte sont à la charge du gouvernement malien et les frais de transaction à la charge d’Ecobank, il faut dire sans se tromper que le pari est loin d’être gagné, car de jour en jour on assiste à des scènes qui rendent encore plus difficile (aux étudiants le retrait de leurs bourses et trousseaux.) d’effectuer leurs opérations. Les omissions de noms, des cartes magnétiques non opérationnelles mais aussi s’ajoutent des comptes sans provisions. Comment expliquer tous ces problèmes ? Autrement dit, il y a-t-il  insuffisance budgétaire au niveau du CENOU? Les personnels chargés d’envoyer les dossiers (noms, date et lieu de naissance, numéro matricule…) ne sont pas à la hauteur, ou c’est l’ECOBANK qui est incapable   de satisfaire la clientèle estudiantine ?

A la première question il est à souligner que le dynamisme du nouveau Directeur a permis au CENOU d’avoir un budget alloué du département mère (le ministère) avant que le trésor l’affecte son budget, alors c’est pas ça le problème à ce qui ressort de nos enquêtes il y a quelques mois, à moins qu’ils nous disent que cette procédure est avortée. Pour le traitement de dossier des étudiants bénéficiaires de trousseaux et bourses, il ne doit aucunement y avoir des erreurs vu la restructuration du CENOU sinon ça reste à savoir !

A la troisième et dernière question la réponse est au vue et au su de tout le monde car on assiste au quotidien à des éventuels problèmes au niveau des guichets, au niveau du retrait des cartes, et même à des pertes de dossiers dont la banque reste jusque là la seule responsable. Des pauvres étudiants venant des quatre points cardinaux font débourser de fonds, ils emploient des efforts pour la composition de leurs dossiers en espérant avoir leur dû et par finir ils n’ont ni de l’argent ni leur dossier. On se demande si c’est par négligence ou c’est parce que l’Ecobank est la seule qui détient ce monopôle ?

Certes la bancarisation, vu sa légitimité, est admise mais force est de reconnaître que l’Ecobank à elle seule est incapable de répondre aux attentes du gouvernement (contribuer à la bonne gestion et la mise en disposition des trousseaux et bourses) et celles des étudiants (avoir les fonds facilement et à temps). Pour les étudiants cette innovation s’est traduite en un véritable cauchemar. Alors pour pallier à ce problème, le CENOU à travers le rectorat et le CENOU doivent tendre vers une autre stratégie c’est-à-dire donner la latitude à tout étudiant d’aller ouvrir son compte à la banque de son choix, et c’est dans ce contexte que la bancarisation pourra garder sa légitimité et être en bonne et due forme (légale). Si on se réfère aux principes du droit bancaire, on se rend compte que toutes les opérations bancaires y compris l’ouverture des comptes demandent le consentement du client.

La question qui mérite d’être posée ici est de savoir si l’Ecobank a eu le consentement de tous les étudiants boursiers ou réguliers ?   

MAMOUTOU TANGARA

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