La crise scolaire persistante avec ses effets sur la vie des enseignants fait sortir l’artiste comédien malien, Souleymane Kéita dit Kanté de son silence. Dans une vidéo postée le mardi 28 avril 2020, il exprime à ce sujet son ras-le-bol. Il estime que les enseignants sont victimes d’hypocrisie. Il appelle à une résolution rapide de la crise pour l’avenir des enfants.
« Le Premier ministre, on a besoin de vous », « le gouvernement malien, on a besoin de vous », « l’État malien, on a besoin de vous », « nos enfants veulent étudier », « nos enfants ont droit d’aller à l’école ». C’est à travers ces courtes phrases que l’artiste comédien malien Souleymane Kéita alias Kanté invite les syndicats enseignants et les autorités maliennes à se trouver un terrain d’entente pour la sortie de l’école malienne dans la torpeur.
Souleymane Kéita brosse le tableau noir de cette grève. Selon ses explications, cette crise scolaire a eu des impacts considérables sur les conditions de vie des enseignants. Cela en raison de la rétention de leurs salaires par le gouvernement malien. À en croire l’artiste comédien, rares sont les enseignants qui arrivent à donner à manger à leur famille de nos jours.
Cette situation écœure Kanté d’autant plus que les enseignants sont à la base de la réussite de tous ceux qui occupent de grands postes de responsabilité dans ce pays. « Tu ne peux pas devenir gouverneur sans étudier. Tu ne peux pas devenir président de la République si tu n’as pas étudié. Tu ne peux pas devenir ministre si un enseignant ne t’a pas enseigné », rappelle-t-il.
À l’en croire, ces donneurs de connaissances souffrent d’une hypocrisie nourrie envers eux. « Ne soyons pas des ingrats ! », demande-t-il aux Maliens avant de dénoncer leur mutisme face à cette situation déplorable. Selon lui, « Nous nous sommes désengagés de l’avenir de nos enfants ».
Parlant de cette grève des enseignants, Kanté n’épargne personne. Parce que chacun est en quelque sorte responsable. Les parents d’élèves, les griots, les chefs de village, les leaders religieux, les artistes sont tous restés muets sur ce problème parce qu’ils ne se sentent pas concernés.
Or, selon Souleymane Kéita, « Le confinement de 21 h à 5 h du matin attriste beaucoup de Maliens. Pourtant, les enseignants sont en confinement de la faim, de la maladie, de la confusion depuis des mois. C’est de pires confinements », fait-il savoir
L’artiste comédien reste pessimiste quant aux volontés tant chantées de changement. « Pensez-vous qu’on peut apporter du changement dans ce pays de cette manière-là ? » s’interroge-t-il. Tant que les pauvres ne prendront pas conscience en s’entraidant, en cultivant l’amour dans les cœurs, il n’y aura pas question de changement, puisque les pauvres ne réussiront pas à accéder aux postes de responsabilité. Ainsi, les riches resteront riches et les pauvres resteront dans leur pauvreté, estime-t-il.
Enfin, Kanté trouve qu’il est temps de réclamer le droit des enfants, sinon dans dix ans, les Maliens risquent de se retrouver soumis à l’esclavage (parlant du rapport dominant-dominé, pauvre-riche). À l’en croire, « Tous les Maliens doivent aux enseignants » parce que ces donneurs de connaissance ont contribué à la réussite de chaque Malien d’une manière ou d’une autre.
Kanté, très attristé par cette crise éducative et ces conditions de vie des enseignants, les invite à retourner en classe si la lutte ne réussissait pas. Car ils ne doivent pas compter sur les parents d’élèves. Ceux-ci n’ont aucune conscience des difficultés qu’ils traversent. À ses dires, « Les enseignants sont les seuls à pouvoir sauver le Mali ». Il leur demande de surseoir à cette grève en raison des conditions de vie de leur famille.
Tout en suppliant les enseignants, Kant invite tous les internautes à mettre sur leur profil et page Facebook, statut Wattsapp, « les enseignants, on a besoin de vous. »
F. Togola