Journée d’hommage Aux Anciens du Lycée Abdoul Karim Camara « Cabral » : Cérémonie de départ à la retraite au Cabral

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Le lycée Abdoul Karim Camara, unit dans un élan de solidarité, a rendu un hommage à cinq de ses travailleurs dont trois professeurs qui ont fait valoir cette année leur droit à la retraite. La commission culturelle et sportive du lycée qui a porté le projet a voulu magnifier le service rendu par ces hommes qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour le rayonnement de l’école au Mali en général et celui de l’ex  lycée régional devenu Cabral en particulier.

 

 

Qui sont-ils ? Banoufa FANE, l’enfant de Farako sur la rive mâle du fleuve Niger au droit de la ville de Ségou entra au lycée de Ségou comme professeur de philosophie en 1976. Dès lors, l’homme n’a fait que ça dans sa vie d’active en dehors d’un bref séjour à Tombouctou. Le vieux professeur se repose aujourd’hui  Pelegana après 37 ans de loyaux services rendus à l’école malienne.

 

 

Mohamed DIAMOUTENE, de la même génération, a servi au lycée de Markala avant d’arriver au lycée Cabral à partir de 1991. Celui qui nous arrive de Pimperna dans la région de Sikasso a soufflé sur ses soixante-trois bougies. Comme son collègue FANE, l’homme  a tenu la craie toute sa carrière durant.

 

Oumar PARE, Professeur Principal d’histoire et de géographie était jusqu’au 31 décembre 2013 proviseur du lycée Abdoul Karim CAMARA (Cabral) établissement qu’il a connu de 1981 à 1992 comme professeur en classe et de 1992 à1997 comme censeur. A 62 ans ce natif de Loutan-Coura entre Niaro et Tongolo sur les bords du fala de Boki-Were dans la commune de Kolongo-Tomo a obtenu le DEF en 1967 à Koro. Orienté  au lycée de Badala, il obtint le Bac PLA avant d’entrer à l’ENSUP qu’il termine en 1974. Successivement il aura enseigné au lycée Boullagui de Bamako, au lycée régional de Gao et Ségou. Il a été proviseur aux lycées de San, Markala, Bandiagara et Cabral de Ségou

 

 

Kissima DIARRA, l’enfant de Banankoro technicien Supérieur de santé fait partie du premier contingent des cadres qui ont ouvert le lycée de Ségou en 1976. Depuis, l’infirmier maison a vu défiler des dizaines de générations. A 59 ans, Bakissima comme on l’appelle, se retire dans son Banankoro natale au bord du Niger.

 

Lamine DIALLO, agent administratif, fut au four et moulin pour l’organisation de toutes les évaluations. Chargé de la multiplication des documents en ces moments où la technologie était rudimentaire, Mr DIALLO a été à hauteur de mission. On le reconnaissait par l’odeur d’encre de Chine qui le suivait après les salles de tirage. L’arrivée de l’informatique lui facilitera un peu la vie avant qu’il ne face valoir ses droits à la retraite.

 

Ces Messieurs ont tous en commun d’avoir servi le Mali à travers l’école et dans le plus grand anonymat. Aucune distinction honorifique pour service rendu. Mais à leur avantage, ils ont mérité d’avoir formé plusieurs générations de hauts cadres qui leur vouent une déférence éternelle.

 

 

Ils font aussi partie de cette génération de professeurs qui ont cru en l’homme malien et qui ont voulu rendre service dignement à ce pays. Ces convictions profondes ont fait d’eux des cibles à abattre par les puissants de l’époque. Ceux-ci n’ont trouvé mieux que de vouer aux gémonies toute une profession sans compter des retards de  trois à quatre mois dans le paiement des salaires. C’étaitla période que d’aucuns ont appelée(SIDA) (Salaire Insuffisant Difficilement Acquis)

 

Le régime n’étant  pas parvenu à ses fins, il a inventé les brimades et les mutations intempestives tout cela assorti d’un lynchage médiatique qui fait de l’enseignant le paria. Qui ne se rappelle pas de cette pièce de théâtre de kotéba national où l’enseignant est traité comme le petit mesquin, l’éternel insatisfait, le pauvre et l’aigri. Qui ne se rappelle pas de cette déclaration d’une vedette de la chanson malienne qui se disait prête à accepter un piètre poste d’enseignant en guise de récompense à sa chanson. Les acteurs de cette politique croyaient plier l’échine d’un corps qui a toujours émis des réserves sur leurs capacités à pouvoir créer le progrès de pays. Les commanditaires mettaient ainsi en route une politique de destruction des jeunes Etats africains à travers la ruine de l’école. Pourquoi l’école, c’est parce qu’elle constitue le cadre fédératif par excellence où on forme le citoyen, où on apprend à accepter l’autre malgré sa différence, où on apprend à placer le groupe au-dessus de soi, à aimer le pays. Des valeurs en somme dont avaient besoin nos jeunes Etats pour rayonner dans le concert des nations. Il fallait donc casser l’école en détruisant les premiers acteurs (les enseignants) pour préparer le terrain au retour de ceux qui sont partis sur la pointe des pieds s’ils n’ont pas été chassés. Le Mali avait un traitement particulier car ses dirigeants à l’indépendance,au-delà de leurs erreurs ou fautes, ont jeté leur dévolu sur la formation de la jeunesse en accordant une importance particulière à l’école. C’était un mauvais exemple aux yeux de nos anciens maîtres qu’il fallait tuer dans l’œuf.Pour ce faire nos anciens maîtres se sont servis de ceux-là qui sont rentrés dans l’histoire par effraction en leur faisant comprendre que leur ennemi juré demeurait l’enseignant.  Ces derniers confondant l’ocre et le jaune se sont à l’œuvre  pour détruire  l’école malienne. Cela en flagellant les enseignants et en modelant l’opinion contre ce corps.Ils ont presque atteint leur résultat chacun en ce qui le concerne. Les acteurs, pour ne pas dire les instruments ont régné pendant 23 ans. Les commanditaires qui misaient sur le durable  se frottent aujourd’hui les mains car on est obligé de leur faire appel pour éteindre le brasier qu’ils ont allumé. L’école malienne est devenue la risée de la sous-région et n’attire plus. Rare sont ceux qui viennent aujourd’hui dans l’enseignement par vocation. Et ne me demander pas ce que vaut le scolaire malien dans la sous-région, Idem pour notre fierté nationale. La déchéance a atteint un tel niveau qu’on  veut nous gérer aujourd’hui par ceux-là sur lesquels nous avions une ascendance hier.

 

 

La cérémonie qui a regroupé autour des représentants de l’académie d’enseignement de Ségou l’administration du lycée, le corps professoral, les parents, amis et alliés des partants et les élèves  visait à magnifier ceux qui ont résisté à cette époque et qui ont tenu tête à l’hydre car ils méritent respect et reconnaissance. C’est ce message que les organisateurs ont adressé au public.

 

 

Le Proviseur Klemegué TRAORE (un vétéran de la lutte estudiantine et président de l’AMSUNEEM) s’est réjoui de l’organisation d’une telle cérémonie qui participe de la valorisation de la fonction enseignante. A sa suite, des témoignages émouvants sur le parcours de ces hommes

Un Match de football opposant professeurs et élèves, prestations théâtrales, remises de diplômes ont été les temps forts de la cérémonie.

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