Nommée ministre de l’Education nationale en juin 2021, Mme Sidibé n’a pas tardé à trouver ses marques. Son expérience et son expertise de syndicaliste chevronnée lui ont permis de faire un rapide diagnostic des défis à surmonter pour redonner à l’Education son prestige d’antan. Elle ne s’est pas ménagée pour rencontrer et écouter tous les acteurs de l’École malienne sans complexe et sans préjugés. Il s’en est dégagée une vision, une approche reposant sur la synergie d”actions de tous les acteurs.
Celle-ci (vision) part du constat que chacun des acteurs (décideurs politiques, enseignants, syndicats, parents et élèves…) a sa part de responsabilité dans l’anéantissement de notre système éducatif. «Les Programmes d’ajustement structurel ont vidé notre système éducatif de son essence et les politiciens l’ont achevé en transformant l’École en une arène pour régler les comptes politiques. Face à ces différentes menaces, les parents n’ont pas eu la réaction souhaitée», a analysé un enseignant à la retraite avec qui nous échangeons fréquemment sur l’avenir de l’École malienne.
«Aujourd’hui, quelle soit la volonté politique, quelles que soient la détermination et la compétence d’un ministre, il aura du mal à redresser l’Ecole malienne parce qu’il sera appelé à se battre presque contre tous les autres acteurs, singulièrement les syndicats d’enseignants et l’AEEM (Association des élèves et étudiants du Mali) qui ont de plus en plus du mal à résister à la manipulation politique. Sans compter que les vraies réformes à envisager ne vont pas dans le sens de leurs intérêts», a-t-il poursuivi.
Pour lui, comme pour de nombreux interlocuteurs, la ministre Sidibé Dédéou Ousmane a trouvé la bonne approche visant à amener chaque acteur à prendre conscience qu’il a une part de responsabilité dans la crise de l’Éducation et à mettre chacun face à ses responsabilités dans sa résolution. Et il est temps que nous comprenions tous qu’il est nécessaire de mettre l’École au-dessus de tout en accordant la priorité absolue à l’éducation comme facteur clé de l’émergence du Mali Kura.
En effet, il est utopique de vouloir bâtir le pays de nos rêves en gardant les mêmes comportements, les mêmes attitudes qui nous ont conduit dans la situation actuelle, au bord du chaos. Le Mali Kura suppose un nouveau citoyen avec un nouvel état d’esprit. Et c’est en famille et à l’école que se trouve le moule pour forger ce nouveau citoyen.
Aujourd’hui, nous savons tous que l’éducation est un puissant levier du changement. Et cela parce qu’elle permet d’améliorer par exemple la santé et les moyens de subsistance ; de contribuer à la stabilité sociale et de stimuler la croissance économique à long terme. Aussi l’éducation est-elle essentielle à la réalisation de chacun des 17 objectifs du développement durable car elle est, entre autres, facteur de réduction de la pauvreté… Et, du coup, elle participe à la stabilité du pays…
La situation de l’École malienne nous interpelle tous et toutes. Nous devons donc aider le Département de Tutelle dans la réflexion pour relever les défis qui se posent à ce secteur depuis au moins trois décennies. Mais, on franchirait déjà un grands pas vers une école performante si chacun pouvait se ressaisir pour la mettre au-dessus de ses propres intérêts en évitant ainsi de poser des actes pouvant réduire à néant les immenses efforts consentis par l’Etat pour en faire un centre d’excellence au service de l’émergence socioéconomique, politique, culturelle…
Nous ne le faisons pas pour un ministre, un Premier ministre, un président de la République, un directeur d’école, un partenaire… Mais, pour les futures générations, donc pour nous-mêmes, pour le Mali éternel !
Et c’est possible si nous le voulons réellement !
Moussa Bolly