En marge de la visite du chantier du bloc pédagogique de l’institut universitaire de formation professionnelle de Ségou, le recteur de l’université de Ségou, Pr. Abdoulaye Traoré, a bien voulu se confier à votre journal Le Prétoire pour parler de l’idée de la création de son université, sa particularité avec les autres universités du pays, ses atouts, ses difficultés et les grands chantiers en perspective. Ainsi que de ses rapports avec l’administration et le corps enseignant.
Le Prétoire : A la création de l’Université de Ségou, le Mali n’en comptait qu’une seule. Il s’agit de l’université du Mali, divisée aujourd’hui en 4 entités. Voulez-vous nous parler de l’idée de création de votre université ?
Pr Abdoulaye Traoré : L’idée de la création de l’université de Ségou vient des recommandations du forum national sur l’éducation tenu en 2008. Ce forum a fait le constat qu’il y a une très grande massification des étudiants de l’université du Mali. Ainsi, il a recommandé au gouvernement de procéder à la création de Pôles universitaires régionaux. A la suite de cela, le ministère de tutelle a mis en place une mission d’universitaires qui a prospecté les possibilités de création de pôle universitaire dans toutes les régions du Mali. A la suite de cette étude, il s’est avéré que la première université qui est à même d’être créée rapidement doit être l’Université de Ségou. C’est ainsi que cette université a été créée.
Nous avons appris que vous, étant un natif de la région de Ségou, vous-vous êtes beaucoup investi pour la réussite de cette initiative. Peut-on en savoir un peu plus ?
C’est vrai, en ma qualité de professeur et de natif de la région, la réussite de ce projet me tenait à cœur. C’est pour cela que j’ai investi mon intelligence, mon énergie pour la mise en place et l’ouverture de cette université. Parce que c’était un challenge pour moi d’aider le développement de la région de Ségou, aider les enfants de Ségou et aider le tissu socioprofessionnel de Ségou.
Ceci dit, peut-on dire qu’aujourd’hui l’Université de Ségou fonctionne comme vous le voulez ?
Malgré les difficultés, l’Université de Ségou se porte bien. Quand nous avons été nommés à ce poste, l’Etat n’avait construit qu’un seul amphithéâtre de 500 places. Mais nous nous sommes investis en louant des bâtiments pour l’administration et les activités pédagogiques afin de démarrer les activités universitaires dans un plus bref délai. Pour cela, nous nous sommes investis à sélectionner les meilleurs enseignants dans les grandes écoles, instituts et de l’Université du Mali pour venir enseigner à Ségou. Cela afin d’aboutir à l’excellence conformément à notre crédo. L’accès à l’université se fait par sélection des étudiants. L’inscription n’est pas automatique comme dans les autres universités du Mali. Ici les étudiants déposent leurs dossiers et suivant nos critères nous sélectionnons des étudiants autorisés à s’inscrire à l’Université de Ségou. C’est pourquoi nous avons des étudiants mus par la volonté d’apprendre avec des enseignants mus par la volonté de donner et de bien former les étudiants. Là où nous sommes, malgré les difficultés, l’université de Ségou se porte bien. Parce qu’à part l’amphithéâtre et le bâtiment de l’institut qui est en construction nous n’avons pas de bâtiment construit. Mais nous nous investissons avec les collègues pour relever ce challenge.
On sait que le Mali compte aujourd’hui plusieurs universités. Qu’est-ce qui différencie l’université de Ségou des autres ?
La différence entre notre Université et les autres, c’est que c’est la première université installée dans une région, qui a pour vocation de porter le développement socioculturel et industriel de Ségou et le mode d’inscription des étudiants est différent des autres. Comme je vous le disais tantôt. Nous voulons aller plus loin en mettant l’accent sur la participation des étudiants à l’amélioration de la qualité de leur formation.
L’autre particularité avec les autres est que l’université de Ségou a noué avec le système Licence Master-Doctorat (LMD) et cela est une réussite.
Il faudra ajouter le ratio enseignant et étudiants. Au moment où certaines universités ont du mal à respecter les normes de ratio enseignant – étudiants, nous nous sommes dans les normes. Nous avions au titre de l’année 2013-2014, 876 étudiants pour une centaine d’enseignants mobilisés. Donc le ratio est acceptable. Pour maintenir ce cap, nous limitons le nombre d’étudiants par filière et par faculté. Nous dépassons le seuil pour ne pas tomber dans le pléthore dans lequel se trouvent certaines universités.
Monsieur le Recteur, à vous entendre parler, malgré les avancées, votre Université semble être confrontée à des difficultés. Voulez-vous les énumérer de façon détaillée ?
Les difficultés ne manquent pas. Nous sommes confrontés essentiellement à des problèmes d’infrastructures. Comme je vous l’ai annoncé plus haut, nous n’avons qu’un seul amphithéâtre. A cela s’ajoute le manque d’enseignants permanents, plus de 90% des professeurs viennent des universités et grandes écoles de Bamako. L’autre grande préoccupation est l’insuffisance de budget d’investissement car l’université doit construire à partir du budget spécial d’investissement qui est aujourd’hui insignifiant pour satisfaire les besoins de construction des infrastructures de l’Université de Ségou.
Au delà des aspects d’ordre infrastructurel et financier, la cohésion compte beaucoup pour la réussite des missions qui vous sont confiées. Quels sont vos rapports avec le corps professoral voire avec les étudiants ?
Depuis le début, j’entretiens de très bonnes relations avec mes collaborateurs. C’est une équipe soudée qui travaille. Aucune décision n’est prise unilatéralement à l’Université de Ségou. Pour toute décision, le Recteur réunit tous les chefs de services et les personnes ressources pour prendre des décisions collégiales. C’est donc pour vous dire que les cadres de l’université sont tous soudés autour du Recteur pour aboutir à un avenir radieux de l’université.
Visiblement vous êtes satisfait du bilan de l’université. A qui dédiez-vous cette réussite ?
Je dédie ce bilan à l’équipe professorale, à l’ensemble des enseignants, au soutien de la tutelle et à la communauté Ségovienne.
Trois ans après la création de l’université vous avez pu tirer des enseignements, quels sont vos objectifs futurs ?
Nous voulons mettre l’accent sur la construction des infrastructures pour sortir du cercle vicieux des baux. Car ce sont les baux qui grèvent le budget de l’Université. Avec l’appui de la tutelle, si nous pouvons avoir un budget d’investissement assez conséquent pour la réalisation de nos propres infrastructures, cela va concourir à améliorer la qualité des enseignements.
Dans l’imaginaire populaire des étudiants, ils pensent que fréquenter une université installée dans une région est moins valorisant, ils pensent qu’aller à Bamako est le mieux. Quel appel avez-vous à leur lancer ?
Ces étudiants se trompent. La qualité des enseignements dispensés à Ségou fait que les étudiants de l’université de Ségou n’ont aucune raison de s’inquiéter, aucune raison de quitter Ségou pour Bamako. Car les universités de Bamako n’ont rien de plus que l’Université de Ségou. L’Université de Ségou n’a rien à envier aux universités de Bamako. D’ailleurs, il y a très peu de perturbation à l’Université de Ségou. Les programmes sont enseignés correctement et tous les programmes sont bouclés. Alors, aller à Bamako…, je ne veux pas critiquer les universités de Bamako, mais elles n’ont rien de plus que celle de Ségou. Donc, je lance un appel pressant pour que les étudiants de Bamako et des autres régions du Mali viennent s’inscrire à l’Université de Ségou en fonction des filières de formation offertes.
Avez-vous un dernier mot ?
Je tenais à inviter les étudiants à maintenir la sérénité au niveau de l’université. Nous sommes des partenaires, nous sommes à leur écoute pour satisfaire le mieux possible leurs doléances afin d’améliorer davantage les conditions d’enseignement et d’étude.
A la population de Ségou, nous demandons de s’investir davantage dans le fonctionnement de l’université à travers le conseil de perfectionnement et le conseil de l’Université de Ségou.
Nous saisissons cette opportunité pour solliciter l’appui plus prononcé de la tutelle et celle de la communauté ségovienne envers l’université de Ségou.
Oumar KONATE
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UNIVERSITE DE SEGOU
Le nouveau bloc pédagogique de l’institut universitaire sort de terre
Confrontée à d’énormes problèmes infrastructurels, l’université de Ségou aura enfin un bâtiment digne de son rang. Elle réceptionnera son nouveau bloc pédagogique de l’institut universitaire de formation professionnelle en novembre 2015.
Créée par le décret n° 09-128/PM-RM du 27 mars 2009, l’Université de Ségou, après seulement 3 ans d’activités pédagogiques, est devenue une convoitise sous-régionale. Avec seulement un amphithéâtre, depuis son opérationnalisation, elle assure la formation des étudiants dans les difficultés remarquables. Les sollicitations quasi quotidiennes, les maisons en bail ne suffisent plus à l’université pour satisfaire les besoins de ses usagers. Fort de ce constat, elle a décidé de réaliser un joyau architectural imposant de style soudanais qui abritera les activités pédagogiques et administratives de la structure.
Bâti sur une superficie de 3436 m² dans la cour des 9 hectares de l’Université, le nouveau bâtiment du bloc pédagogique de l’institut universitaire de formation professionnelle, un édifice impressionnant de trois étages, est en train de sortir de terre à Sébougou. Il sera réalisé par l’entreprise Comatext BAT, une entreprise chinoise de droit malien.
Le contrôle est assuré par le groupement Cadet/Agora consulting, également l’auteur de l’élaboration de l’architecture. Selon les responsables de l’Université de Ségou et de la société Comatext BAT, le bâtiment qui sort de terre coûtera la bagatelle de 2,345 144 260 milliards de FCFA. Soulignons que le présent chantier sera exécuté dans un délai contractuel de 15 mois. Soit au plus tard en novembre 2015.
Composition du bloc pédagogique de l’institut universitaire de formation professionnelle
Composé de 3 étages, le futur bâtiment compte au rez-de-chaussée 4 amphithéâtres de 200 places chacun, 1 salle de 50 places, 12 bureaux pour l’administration, une salle de reprographie, une salle de livre, une salle des archives, une salle de lecture et 15 toilettes.
Au premier étage, on compte 6 salles de classe, 2 salles d’informatique, 16 bureaux, 1 salle de documentation, 1 salle de réunion et 1 salle d’exposition.
En ce qui concerne le 2ème étage, il se compte 8 salles de classe, 2 salles de délibération des professeurs, 6 salles spécialisées et 8 bureaux.
Au 3ème étage, il y aura 5 laboratoires, 4 salles de collection et de recherche. A cela s’ajoutent 2 salles de professeurs et 10 bureaux.
Sur le chantier, nous avons rencontré un responsable du groupement Cadet/Agora consulting qui a rassuré que si tout se passe comme prévu, les autorités universitaires de Ségou réceptionneront le bloc pédagogique de l’institut en novembre 2015. Car, dit-il, les travaux avancent à hauteur de souhait. «Sur un délai prévisionnel de 15 mois, nous avons commencé les travaux en juillet dernier soit 26,66% de délai consommé. La vue du chantier permet de se faire une idée sur le respect du délai contractuel», a-t-il indiqué.
La construction du bloc pédagogique de l’institut d’autres heureux : Les saisonniers aussi se frottent les mains. L’entreprise en charge de la réalisation de ce joyau crée 53 emplois indirects. Avec les récoltes en cours dans certaines localités, elle se plaint de l’insuffisance de cet effectif. C’est dire qu’une bonne partie des saisonniers de Ségou et environnant sera absorbée par le présent chantier.
Présentation de l’université de Ségou
Pour la bonne organisation, l’Université de Ségou a été constituée en quatre facultés et un Institut. Il s’agit de la Faculté d’agronomie et de médecine animale (Fama), la Faculté des sciences sociales ((FASSO), la Faculté des sciences de la santé (Fassa), la Faculté du génie et des sciences (Fages) et d’un Institut Universitaire de Formation Professionnelle (IUFP). Avec comme mission principale de contribuer à la mise en œuvre de la Politique Nationale en matière d’Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique, l‘université de Ségou est chargée de la formation supérieure, pratique et spécialisée ; la formation continue; la recherche scientifique, technique et technologique, le développement, la diffusion de la culture et des connaissances la réalisation d’expertises. Elle a une vocation à la fois nationale, sous-Régionale et internationale. Elle comprend un Rectorat et les structures de formation susmentionnées. L’Université de Ségou dispose par ailleurs d’un Centre d’Expertise et de la Recherche Appliquée au Développement Cerad. Plus de 400 enseignants permanents, vacataires talentueux et passionnés sont mobilisés pour relever le challenge.
Oumar KONATE