Le Comité exécutif national CEN-SNESup hausse le ton face à la crise qui perdure à l’I.U.G. depuis près de quatre mois maintenant.
En effet, l’Assemblée Générale unitaire tenue le 12 juin dernier a, de façon unanime, approuvé la décision de soutenir totalement les enseignants grévistes de l’I.U.G. dans la crise qui les oppose au rectorat et au département de tutelle, le ministère de l’Enseignement supérieur.
Le CEN-SNESup va ainsi déposer dans les jours prochains un préavis de grève de 48 heures qui va concerner l’ensemble de l’enseignement supérieur au niveau national. Si cela ne suffisait pas, d’autres mesures similaires suivront conformément aux procédures.
Par ailleurs, le CEN réclame le départ des deux responsables de la crise, à savoir le recteur, Pr Samba Diallo, et le ministre, Me MountagaTall. Cette résolution de l’AG est intervenue juste au lendemain de la remise au Premier ministre d’une lettre du CEN comportant des propositions concrètes de sortie de crise que le CEN et la Fonction Publique ont faites à l’issue d’une analyse approfondie de la situation. Ces propositions n’avaient été agréés ni par le recteur, ni par le ministre, les deux ayant, de source syndicale, fait preuve d’un mépris total. Ce qui justifiait la remise du dossier au PM, dont l’arbitrage était attendu sur la question.
Quelques semaines plus tôt, la Primature s’était saisie du dossier, mais sans jamais proposer une solution. Aux dernières nouvelles, le PM se serait dessaisi du dossier, estimant qu’il était du ressort du ministère de tutelle. Tout cela ressemble finalement à un jeu de pingpong entre la Primature, différents ministères et le SNESup. Toute chose qui a agacé en fin de compte le SNESup qui a décidé – ce n’est sûrement pas trop tôt – de donner à la crise une ampleur nationale. L’espoir est toujours permis si une suite favorable était réservée aux propositions que l’on juge d’ailleurs raisonnables et même beaucoup plus avantageuses pour le rectorat.
Aux origines de la crise
Pour rappel, les revendications des enseignants portent sur les points suivants : la relecture des textes de l’Unité de formation et de production (U.F.P, cours du soir), le recrutement de six contractuels permanents pour les cours du soir, le paiement d’arriérés s’élevant à la modique somme de 62 millions de francs CFA
Le SNESup-I.U.G. conteste les nouveaux textes
Les nouveaux textes qui régissent l’U.F.P ne sont guère du goût des enseignants. Et pour cause. En 2014, le département a pris un Arrêté de création de l’U.F.P (cours du soir) sans associer les enseignants. Cet arrêté fait de l’U.F.P une structure publique à part entière. Les enseignants y voient une nationalisation en bonne et due forme.
En effet, l’U.F.P est une initiative d’enseignants de l’I.U.G revenus d’une formation au Canada. Où l’idée leur avait été suggérée de créer une structure de formation continue (à l’intention de professionnels notamment qui n’ont pas le temps de se former de jour) afin d’améliorer leurs conditions d’existence.
Le principe est que la formation est assurée au sein de l’I.U.G (établissement public) qui perçoit en retour un pourcentage sur les frais d’inscription. C’est à ce titre que le rectorat perçoit 50 000 F par auditeur, soit entre 120 à 150 millions par an.
L’U.F.P. existe depuis 1996 et c’est en 2014 que le département prend un arrêté de sa création qui exproprie les enseignants de leur œuvre intellectuelle (expropriation de propriété intellectuelle). Le département n’a pas eu de peine à parvenir à ses fins d’autant plus que les précautions juridiques nécessaires n’avaient pas été apparemment prises par les enseignants qui n’y voyaient pas peut-être une grande nécessité tant que tout marchait bien. Et surtout que le partenaire n’était autre que l’Etat, gage supposé de confiance. Mais certaines personnes malignes, jalouses ou peut-être trop portées sur l’argent (l’U.F.P, ça fait quand même beaucoup d’argent) sont passées par là et ont décidé du coup de profiter des négligences administratives et juridiques commises. Annihilant du coup le fruit de vingt années de rude labeur physique et intellectuel.
Malgré tout, les enseignants acceptent la nouvelle donne, en demandant simplement une relecture des textes, les nouveaux textes devant préserver les intérêts des deux parties. Le recteur s’est toujours refusé à introduire les dispositions pouvant constituer une certaine garantie pour les enseignants totalement dépossédés de leur œuvre intellectuelle.
Le cas des contractuels
Par ailleurs, l’autre point de discorde a trait au recrutement de six contractuels permanents pour le compte des cours du soir. Le syndicat dit ne pas être contre ce recrutement, mais exige à ce que ces contractuels soient reversés dans les cours du jour comme tous les autres enseignants de l’I.U.G En effet, il n’y a pas d’enseignants permanents pour les cours du soir. Est enseignant des cours du soir celui qui l’est de jour. La logique est simple : les cours du soir ont été créés pour que les enseignants du jour puissent gagner autre chose en dehors de leurs salaires d’enseignants de l’Etat. En recrutant donc des enseignants permanents, c’est le moyen tout trouvé pour, à terme, les priver du moyen qu’ils ont, eux, mis en place, pour ce faire. Sans compter qu’au départ de l’aventure l’Etat n’avait pas voulu y engager l’argent du contribuable. Et que, ils le pressentent, l’U.F.P deviendrait un lieu de placement de militants et autres proches.
Le rectorat a rétorqué qu’il n’y avait pas de budget pour prendre en charge ces contractuels dans les cours du jour. Le syndicat a proposé qu’ils soient budgétisés sur les fonds qui lui sont versés par l’U.F.P Malgré cette proposition somme toute logique, le rectorat n’a pas bougé d’un iota.
Une gestion autonome
Autre chose, conformément au statut même des universités et grandes écoles, le syndicat demande une autonomie de gestion de l’U.F.P, à défaut d’en disposer comme cela aurait dû être le cas.
Cette revendication est liée au fait que les enseignants, depuis l’adoption des nouveaux textes, ont dû attendre quatre mois avant de toucher leurs dus (cours du soir), alors que le paiement intervenait habituellement au maximum trois jours après la fin du mois. Pour éviter cette lourdeur à l’avenir, il a été demandé au rectorat d’autoriser deux quittances, l’une pour le rectorat, l’autre au niveau de l’U.F.P Cela aussi n’est pas du goût du recteur qui veut disposer à sa guise de tous les fonds. Il est vrai que la gestion totale des fonds donne droit à des avantages financiers légaux…
Des arriérés de 62 millions
Le dernier point de revendication concerne le non-paiement d’arriérés datant de plusieurs années et s’élevant à quelque 62 millions de francs CFA. Un montant largement en deçà de ce que l’école elle-même verse annuellement au rectorat. Contrairement à la plupart des établissements publics qui ne génèrent aucun centime, mais consomment plutôt. Difficile de comprendre comment on peut chercher à nuire à une structure publique, qui, au lieu de consommer uniquement, rapporte quelque chose à l’Etat. Ce que revendiquent les enseignants de l’I.U.G est d’ailleurs la norme partout. Sans compter que la loi autorise les enseignants à s’organiser au sein d’établissement publics pour dispenser des cours privés, sur la base du partenariat, donc en reversant une partie des recettes à l’établissement d’accueil, à l’Etat. C’est cette disposition que Samba Diallo et Me Tall viennent de fouler au pied, en tentant au passage de discréditer les enseignants de l’I.U.G ; les accusant de vouloir privatiser une structure publique : « une poignée d’enseignants veulent privatiser l’U.F.P, une structure publique, afin d’arrondir leurs fins de mois », avait ironisé en substance Me Tall devant les députés. Propos qui ont véritablement choqué les enseignants, au point qu’ils ont organisé par la suite un point de presse en vue de les démentir ; et ce d’autant plus qu’ils y voyaient une stratégie visant uniquement à ternir leur image.
Et quand le même Me Tall parle de 600 millions payés l’année dernière aux enseignants de l’I.U.G, il ne précise pas qu’il s’agit de dus (et non de bonus, de cadeaux) remontant à 2011. Comment justifier d’ailleurs que l’on puisse payer intégralement les enseignants de certains établissements et ignorer d’autres ? Aucune logique, sinon que de l’arbitraire. C’est ce même manque de logique qui a poussé le département à suspendre les salaires des grévistes auxquels il doit des dizaines de millions d’impayés. De l’abus tout simplement, l’Etat étant tout puissant.
Reste à savoir si Me Tall et M. Diallo vont gagner le nouveau bras-de-fer que le CEN-SNESup entend désormais croiser avec eux.
Frank V.
an torola ni konila sa an be ministri ni recteur deli ou ka kè allah kama ka inèawnateca
Comments are closed.