Edito: Inquiétude et désarroi

3

La situation dans nombre d’universités maliennes frôle la côte d’alerte. L’inquiétude et même le désarroi habitent aussi bien les étudiants que leurs parents.

Nos compatriotes qui ont le sens de la formule imagée et qui excellent dans l’art de l’autodérision n’hésitent pas à comparer la réalité dans nos universités à l’effet de la VAR (le sigle anglais de l’Assistance vidéo à l’arbitrage) qui contraint par exemple l’arbitre à annuler un but qu’il avait préalablement validé pour un hors-jeu ou une faute commise sur un adversaire.

Ainsi, les supporters de l’équipe qui pensait avoir scoré passent en quelques secondes d’une sensation de jubilation, d’extase, d’exubérance à la désespérance. L’espoir de voir un enseignement supérieur de qualité en terre malienne est en train de céder la place au désenchantement.

Nos universités sont prises dans le tourbillon des grèves interminables des enseignants et des étudiants. Sans parler des violences au cours des renouvellements des bureaux de l’AEEM dans les facultés et autres instituts. Même si ces derniers temps, les remous ont baissé d’un cran, nos universités sont loin de sortir de cet engrenage.

Or il est plus qu’urgent de dégager les universités des turbulences qui empêchent l’exécution correcte des enseignements. Dans certaines universités, des étudiants mettent 5 voire 6 ans, pour obtenir une licence, au lieu de trois ans normalement dans le cadre du Système Licence-Master-Doctorat (LMD).

Il est vrai que les agitations ne sont pas les causes de la situation. La pléthore y est pour beaucoup. Des milliers d’étudiants qui se pressent dans des universités manquant d’infrastructures et de personnel enseignant. Forcément, la qualité de l’enseignement en pâtit. Et la progression normale des étudiants n’est pas non plus évidente.

Personne n’apprécie de voir les universités maliennes former des «étudiants de carrière». Surtout que l’idée est répandue – elle n’est pas loin de la réalité – que les enfants des pauvres sont majoritaires sur les bancs des universités publiques. Les plus nantis envoient leurs progénitures à l’étranger ou les inscrivent dans des établissements privés.

Il appartient à l’Etat de créer les conditions d’un enseignement supérieur de qualité. Les étudiants ont droit à des enseignants qualifiés, des salles de cours décents, des laboratoires équipés, des ressources pédagogiques leur permettant de mener des recherches. Aujourd’hui, ces conditions sont loin d’être réunies dans nombre de nos institutions d’enseignement supérieur. Une formation de qualité, c’est le minimum que la jeunesse puisse réclamer.

Tout le monde s’accorderait pour dire que nos universités doivent devenir des temples du savoir qui donnent une égalité de chance à tous les enfants du pays, pour peu qu’ils aient la capacité de suivre les études supérieures. Une université est essentielle dans la vie et le développement d’une nation comme l’huile dans le fonctionnement d’un moteur. Un pays a besoin d’une élite bien formée et capable de concevoir et de mettre en œuvre des programmes de développement. Un pays a besoin d’une main d’œuvre qualifiée pour produire de la richesse et favoriser l’émergence.

Un pays dépourvu de l’enseignement de qualité s’expose à l’obscurantisme et il ratera indéniablement le train du progrès. Il n’a aucune chance de figurer sur la liste des pays émergents. C’est ce logiciel que tous (enseignants, décideurs, étudiants et parents) doivent intégrer dans les réflexions sur l’école malienne en général et les universités en particulier.

Brehima DOUMBIA

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Doumbia tu as raison car depuis que Alpha Omar Konare, Tieblen Drame, Omar Mariko, Harouna Barry, Boniface Diarra, Aly Nouhoum Diallo et autres ont seme les graines de la deconfiture de l’Ecole Malienne depuis les années 1980 cette école va de mal en pire et est devenue la source de la deliquescence sociale avec tueries avec armes a feu et l’endroit de predilection des politiciens de l’ADEMA-PSJ, RPM, PARENA, et SADI remplis de venin et de haine contre le développement du Mali. Il faut sérieusement repenser cette Ecole de la primaire a l’université et meme au Doctorat et l’article du Dr Aly Tounkara nous en dit beaucoup.

    • C’est étonnant de constater que les thuriferaires du dictateur MOUSSA TRAORE associés à certains ennemis politiques d’ALPHA OUMAR KONARE dans les rangs du mouvement démocratique ont réussi à “embobiner” les maliens sur les causes de la déliquescence de l’école malienne.
      EST IL NÉCESSAIRE DE RAPELLER QUE PENDANT PLUS DE DEUX DÉCENNIES,LE RÉGIME MILITAIRE N’A PAS CRÛ NÉCESSAIRE DE CRÉER L’UNIVERSITÉ DU MALI.
      Dans les revendications de l’AEEM de 1991 figurait en bonne place la création de l’université.
      Le pouvoir élu en 1992 incarné par ALPHA OUMAR KONARE s’est engagé à appliquer les revendications de l’AEEM.
      AINSI L’UNIVERSITÉ DU MALI A ÉTÉ CRÉÉE DANS LA PRÉCIPITATION SANS INFRASTRUCTURES.
      Faut-il rappeler qu’en 1991 le Mali n’avait pas encore dix millions d’habitants qu’aujourd’hui on frôle vingt cinq millions.
      C’est pour dire que pendant que la population du Mali augmentait,on ne faisait pas d’investissement.
      Cette augmentation exponentielle de la population malienne n’a pas été anticipée pendant la dictature militaire par les constructions des écoles.
      ALPHA OUMAR KONARE,au front à faire face à plusieurs priorités toutes importantes,devraient aussi investir dans la construction des écoles pour éviter les effectifs pléthoriques dans les écoles,sources réelles du niveau très bas des élèves.
      IL A CONSTRUIT DES MILLIERS D’ÉCOLE MALGRÉ UNE ÉCONOMIE DÉTRUITE PAR LE RÉGIME MILITAIRE.
      Personne ne peut en douter.
      En 1991,on pouvait citer du bout des doigts les lycées du territoire national.
      En 2002,rien qu’à Bamako,on ne pouvait pas.
      Malgré ces investissements réels que même les pires ennemis d’ALPHA OUMAR KONARE ne peuvent contester tant c’est palpable,les classes sont restées pléthoriques car la population n’a cessé d’augmenter,mais aussi et surtout le besoin d’école des maliens car pour ceux qui ne savent pas,pendant les décennies 60,70 et 80,on obligeait les parents à inscrire leurs enfants à l’école.
      Mais à partir de la fin des années,c’est l’école qui refusait le monde.
      On a commencé par refuser les plus de 7 ans alors qu’on acceptait jusqu’à dix ans.
      Ensuite à limiter l’effectif créant des protestations.
      Certains préféraient envoyer leurs enfants à l’intérieur du pays.
      Le phénomène des doubles vacations très décriées est connu de tout le monde au début des années 1990.
      Trente ans après,les classes sont toujours pléthoriques.
      Des incultes se précipitent à accuser les premiers dirigeants de l’ère démocratique.
      L’ÉCOLE DU MALI A COMMENCÉ À MOURIR QUAND DES OFFICIERS SUBALTERNES IRRESPONSABLES ET TRÈS INCOMPÉTENTS À GERER UN ÉTAT ONT PRIS LE POUVOIR LE 19 NOVEMBRE 1968.
      Depuis nôtre école a commencé à s’éteindre traduit par l’humiliation indescriptible de l’enseignant.
      ALPHA OUMAR KONARE a hérité de cette école mourante dans un contexte de crise économique désastreuse.
      Personne,à sa place,ne pourrait faire mieux que lui pour sauver une école déjà éteinte.
      Les chiffres parlent pour lui en terme d’investissement dans les infrastructures scolaires.
      Un cultivateur qui fait des efforts dans un champ très grand n’est apprécié que par les siens au fait des réalités.
      Des incultes genre kinguiranke le dérangé et ses semblables très nombreux ne peuvent pas apprécier le travail du premier président démocratiquement élu.

Comments are closed.