L’hiver vespéral a pris ses quartiers à Niono. Aidé en cela par une zone inondée où l’IFM s’était installé depuis plus d’un quart de siècle quand l’établissement portait le nom d’IPEG (Institut Pédagogique d’Enseignement Général). Le thermomètre affiche alors les 28 degrés ce début de week end dans le Kala. Naguère, à cette fin de semaine des cours scolaires dans les internats scolaires, on aurait retrouvé une poignée d’étudiants qui se serait restée pour « se punir » en décidant de suivre des cours de rattrapage personnels, parce que la semaine n’a pas été reluisante en bons devoirs. Mais ici, à Niono, on pouvait compter un à un tous les pensionnaires. Chacun, et comme on peut s’en rendre compte dans les lignes qui vont suivre, s’occupant de son peu du week end. Un week end qui va rester beaucoup plus sabbatique que studieux pour l’ensemble des internés.
CUISINE ET RELIGION
Ce vendredi après midi, malgré les deux terrains de basketball contigus qui embrassent presque les dortoirs, ils sont une demi-douzaine (moins que l’effectif normal admis pour cette discipline sportive) à s’échiner dans un seul camp à trouver le fond du cerceau. Bintou Doumbia est la seule à rivaliser les garçons. Même quand la nuit est tombée et sous l’éclat d’une faible lumière. Oubliant que la prière du crépuscule a sonné. A l’IFM de Niono, dans cet internat scolaire, c’est vraiment un spectacle que de voir à cette heure, les jeunes pensionnaires se mobiliser sous un grand hangar, qui pour sortir des dortoirs, qui pour sortir des toilettes, à l’appel d’un muezzin dont la voix saisissante porte aussi loin que sa taille frêle et élancée. C’est le second de l’Imam, Nancoma Keita de la 1ere LHG (Lettres Histoire Géo), resté dans son « wird » après la plupart des fideles musulmans qui nous donnera la preuve de cette seconde vie de l’internat. Comme dans un prêche, l’adjoint à Salifou Diané, une petite barbiche sous le menton, demande à un retardataire qui voulait sacrifier seul à son devoir religieux, de bien vouloir prier à côté d’un autre qui avait déjà entamé l’office, car argumente-t-il « la prière en commun est plus avantageuse que celle solitaire ». Un peu loin de ce hangar, les élèves maitresses sont là. Cinq grands dortoirs de 10 lits leurs servent d’abris. Les dors (c’est avec elles qu’on saura que dortoir s’appelle ici dors pour faire plus court), les dors ne sont pas assez spacieux. Et à cette heure du week end, les marmites bouillonnent au feu. Nous comptions une demi-douzaine de foyers sur lesquels mijotent des pâtes alimentaires mais surtout du riz de midi à chauffer. Mariam Traoré, originaire de Bagadadji Ségou est une habituée de cette pratique culinaire. C’est ce qu’elle nous a dit, au détour d’un feu qu’elle vient d’allumer. La sauce pâte d’arachide et la garniture riz de l’après midi seront réchauffées dans la même marmite, sous nos yeux, pour donner une mixture dont la consommation se partagera avec son homonyme, Mariam Sangaré, toutes deux en 1ere Année Généraliste : « Ce sont nos conditions très modestes, ajoutées à notre emploi du temps scolaire qui fait que nous étudions de 8 h à 13 h, qui nous obligent à cette pratique. Il nous arrive de préparer pendant la nuit le repas de midi du lendemain et de manger le reste au cours de la nuit suivante ». Pourquoi, à l’image des garçons qui n’ont pas de feu devant leurs dortoirs, ne pas s’abonner à la cantine scolaire qui existe ? Le menu est très cher, explique la responsable du « Dor 2 ». Bintou Togola, 1ere Année SNPC (Sciences Naturelles Physique Chimie) originaire de Sikasso soutient qu’avec 26 250 F CFA de bourse mensuelle, les petits besoins du sexe féminin sont tellement nombreux que la moitié de ce montant ne peut être cédée à la cantine scolaire. Du reste, sans l’écouter, Abdoulkader Diallo de la 1ere MPC (Maths Physique Chimie) fustigera le menu de ce restaurant où « nous ne mangeons pas à notre faim, la qualité des repas reste à désirer et les promoteurs sont à cheval sur le payement immédiat de leur argent à chaque payement de la bourse » commente dans un pince-sans-rire le jeune ressortissant de Mopti. Ce qui poussera son voisin de lit à nous énumérer une litanie de problèmes que les pensionnaires de l’IFM de Niono vivent dans l’établissement.
LE BRIC-A-BRAC
Moussa Cissé est originaire de Dioila à 270 Km de Niono. En classe de 1ere Année MPC niveau Bac, il est locataire du « Dors 6 » qui abrite 20 lits. Comme tous les autres dortoirs dans lesquels nous sommes rentrés (filles et garçons), il se dégage un petit parfum de désordre où effets scolaires et autres bagages à mains se disputent les rares places qui s’y trouvent. Pour un besoin de pudeur entre gens de différents horizons et de différentes cultures, les moustiquaires, elles seules, ne suffisent pas pour servir de paravent ; d’infortunés draps ou tapis de toutes sortes permettent alors de cacher individuellement l’intimité de chaque pensionnaire, mais le nombre élevé d’habitants dans chaque dortoir exigu, oblige à faire dégager des effluves d’un camp de concentration ou d’aromes fruités au féminin. Le discours donc de Moussa Cissé est peu amène pour tenter de justifier leurs conditions de vie : « Nos bourses sur lesquelles nous comptons viennent en retard. Le mois compte 45 jours ici. La nourriture est insuffisante et laisse souvent à désirer. Vous voyez. Je suis de Dioila. Avec deux jours de congés par semaine, je suis inhabile d’aller chez mes parents, faute de moyens ; même ceux de Ségou en sont incapables. Pour y rester travailler aussi pendant ces jours de congé, la bibliothèque ne nous donne pas le goût puisque peu ou pas du tout équipée ». Nous n’avons pas eu la chance de visiter cet équipement scolaire, car à notre passage, il était fermé mais il faut avouer que l’établissement dispose d’un certain nombre de structures de loisirs dont un terrain de football et deux terrains de basketball bizarrement inexploités ce début de week end. Il nous a fallu remarquer pourtant, qu’à cette période encore, l’infirmerie était ouverte jusque pendant la nuit. C’est un point de satisfaction que Diakaridia Konaté de la 1ere LHG a révélé devant ses camarades qui ne l’ont point contesté. L’originaire de Kolondieba nous dit avoir souffert un moment d’une maladie infectieuse. Les prestations du local sanitaire lui ont permis d’être en bonne santé aujourd’hui. Mais cela n’absout nullement ce que nous avons vu dans les dortoirs, mais surtout au niveau des toilettes, qui plus est, chez les élèves maitresses : toilettes inondées, portes et battants des WC éventrées, châssis d’eau non fonctionnels…..Et si tout cela est du au comportement même des locataires en dehors de toute responsabilité de la direction de l’école ? Les pensionnaires de l’internat ne l’entendent pas de cette oreille, puisque disent-ils en chœur : « L’AEEM nous coupe 500 F CFA chaque mois sur nos bourses pour responsabiliser un GIE au nettoyage de ces toilettes, mais le résultat est que cela va en deca de nos attentes, comme vous le constatez vous-mêmes ». En tout cas, au moment de notre passage, les 17 robinets et les 12 WC qui sont hébergés dans chacune des trois grandes toilettes continuaient à suinter de l’eau ou à dégager des pestilences à une enjambée seulement des fameux « Dors » d’où certains qui n’avaient pas bénéficié officiellement de lits ont tout juste acheté avec la direction de l’établissement un matelas à 12 500 F CFA et occupés les allées disponibles. Une belle foire que seul un début d’année studieuse vient embellir à l’IFM de Niono. Les Elèves Maitresses qui affirment ne pas être victimes de vol ou de harcèlement sexuel ni des professeurs, encore moins des citadins de Niono affirment que l’année scolaire 2011-2012 se déroule bien. Exit alors pendant cette année académique les débrayages et les mouvements scolaires sans fondement ! Tous attendent les évaluations prévues respectivement en Février pour le niveau DEF et en Mars pour le niveau Baccalauréat. Pourvu que ça dure, sinon les familles auront vite fait de remplacer l’internat!
Moutta
ouais vraiment l’institut de niono,c’est un lieu de travail,en fait ce sont les meilleurs qui viennent là bas.ben c’est la vie devant nous,sinon la vie de l’internat de l’i.f.m bt de niono,c’est pas du tout cool,franchement,il faut souligner,donc c’est une vie de misère,la cantine a augmantée cette année de 1000f,ben souvent l’aem se fou des gens pour entretenir les dortoirs.mais ce que j’ai aimée c’est la solidarité entre elève_maitre.
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