Ce mercredi 6 mars 2019, les enseignants ont tenu une géante marche au cœur de la ville de Bamako. Cette démonstration de force a commencé au rond-point de la place CAN de l’ACI 2000 pour prendre fin au monument Kwame Nkrumah. À cette occasion, les manifestants ont dénoncé le mépris et le manque de sérieux du gouvernement dans la gestion de cette grève et ont rappelé que l’école des enfants pauvres n’est pas une priorité pour ce régime. C’était en présence de tous les corps syndicaux des enseignants du Mali.
À défaut d’obtenir de satisfactions à leurs revendications, les syndicalistes de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont voulu se faire entendre à travers cette marche. Sur les pancartes, on pouvait lire : «L’école doit être une priorité pour tout bon dirigeant », « la précarité des enseignants, ça suffit », « les enseignants ont droit à une prime de logement, de documentation, ils refusent de croire que la banque de la justice est en faillite », « les enseignants disent non à l’injustice ».
Durant plus de trois heures, nombreux étaient ces enseignants qui dénonçaient l’insouciance et l’indifférence des autorités du Mali face aux problèmes des enseignants du Mali. Et surtout, la réaction de la ministre Racky Talla qui a mis l’huile dans le feu par son intervention qualifiée de pur « mensonge » par les manifestants. Dans une déclaration lue par le porte-parole, les syndicalistes ont dénoncé le mépris du gouvernement envers les enseignants du Mali, la légèreté et le manque de sérieux du gouvernement lors des négociations autour des points revendiqués. De ce fait, ils ont tenu à informer l’opinion nationale et internationale que lors des dernières négociations, le gouvernement a refusé de faire des propositions concrètes sur entre autres : l’octroi d’une prime de logement aux enseignants, l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’État, et la relecture immédiate du décret n°529 portant allocation d’indemnité au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1, 2 et 3. Suivant la déclaration syndicale, le gouvernement a refusé de satisfaire ces trois points pour certaines raisons à savoir: les revendications sont irrationnelles et insoutenables, les enseignants sont trop nombreux, l’État n’a pas d’argent, en accordant cette prime aux enseignants les autres corps vont la réclamer. Or, estiment les enseignants, au regard de la gabegie des ressources qui se fait à ciel ouvert, l’État dispose bel et bien de moyens pour satisfaire ces points de revendications. Pour les syndicalistes, les points qui ont fait l’objet de divergence ne sont pas tous d’ordre financier. À les en croire également, les points qui ont déjà fait l’objet d’accord l’ont été depuis plus de deux ans. Aussi précisent les syndicats qu’ils sont revenus sur ces points dus au fait que le gouvernement n’a pas tenu sa promesse. Suite aux constats de ces maux, les syndicats ont dénoncé « le mépris et le manque de sérieux du gouvernement » avant de faire constater que « l’école des enfants pauvres n’est pas une priorité pour ce régime et ses autorités ».
Pour finir, les enseignants ont trouvé ravissant que la ministre Racky Talla ait lamentablement échoué lors de sa sortie à Dioila, puis sévèrement lessivée à Ségou avant d’être subtilement redressée à San. C’est sur ces propos que les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont terminé par rajouter « qu’ils ne céderont pas aux intimidations, aux menaces et aux pressions de toute nature du gouvernement », tout en réitérant « qu’ils exigent la satisfaction de leur point de revendication en utilisant tous les moyens légaux pour y parvenir ».
Mamadou Diarra