On assiste à l’incapacité criarde de nos dirigeants de prendre le taureau par les cornes avant qu’il ne soit trop tard.
Entre éducateurs et élèves, le sexe prend le pas sur les bics et cahiers. Il suffit d’un clin d’œil du professeur et la fille sait où trouver son bourreau. Tout se passe soit à la maison si le professeur est un célibataire, ou dans des chambres de passe qui poussent comme des champions dans la Cité des trois caïmans. Des notes et des diplômes sont ainsi distribués. Cela se fait sentir dans nos administrations avec des filles qui ne sont pas capables de parler le français et de rédiger une correspondance. Le «coup de piston» est devenu le passeport pour nos sœurs pour accéder à tout dans ce Mali. L’accueil que nous offre la plus part de ces secrétaires dans les bureaux est le résultat du phénomène.
De nos jours, il n’est pas rare de voir des professeurs en compagnie des étudiantes dans des bars climatisés en train de prendre un pot. Le phénomène prend de l’ampleur. Pour s’en convaincre, il suffit d’être attentif à la réalité quotidienne tant en milieux scolaire, universitaire et professionnel que dans les centres de formation. En effet, que de filles sont vouées à la déperdition scolaire, de femmes tourmentées en milieu du travail et parfois avec des conséquences fâcheuses sur leur ménage et leur vie ! N’est-il pas temps de créer des conditions de vie des femmes sur les violences sexuelles subies par des jeunes filles en milieu scolaire ? Les enseignants impliqués se défendent soit en blâmant l’élève pour l’avoir provoqué, soit en clamant qu’il n’y a rien de mal à « tomber amoureux » avec son élève. En fait, il existe une complicité entre les enseignants impliqués qui se protègent mutuellement.
rnCe phénomène constitue un obstacle supplémentaire à l’accès à l’éducation pour les femmes au Mali. Astou, jeune bachelière, la vingtaine, entre en première année à l’ENA et d’une beauté inimaginable. Elle avoue qu’elle ne savait pas que «l’Université est un nouveau monde». Mais très vite, elle découvre la dure réalité de ce milieu : le harcèlement sexuel. Son professeur Daou, l’insatiable a usé de toutes les stratégies pour accéder …Mais hélas.
Le sociologue A. B., de l’Université de Bamako affirme que ce phénomène s’explique par «la faiblesse du ratio de l’encadrement académique, c’est-à-dire le barème enseignants-apprenants ; les spécificités de l’évolution démographique observées à l’université ; l’insécurité financière de la masse estudiantine ; la quasi-démission des parents de leurs responsabilités pédagogiques et morales ; le recours à la facilité d’une certaine catégorie d’étudiantes peu enclines à s’adonner à un effort intellectuel de longue durée».
rnLe harcèlement sexuel des étudiantes est une véracité pour tous ceux qui côtoient le milieu. Ici, le succès académique des filles est plutôt suspect et certaines filles ont honte de dire qu’elles sont brillantes et qu’elles ont réussi à force de travail. Des jeunes filles quittent les bancs par crainte d’un enseignant indélicat à qui elles refusent de céder. Les méthodes des enseignants harceleurs sont presque toujours les mêmes : invitation à un bar de la place, rendez-vous de travail à des heures tardives, humiliation en plein cours ou compliment à tort et à travers… Il est temps de dénoncer les enseignants harceleurs, car les femmes ont des droits qu’elles doivent apprendre à défendre.
rn Destin GNIMADI
rn
“