Dans l’interview qu’il nous a accordée par rapport à la grève illimitée du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup), le secrétaire général de la coordination de l’Association des élèves étudiants du Mali (Aeem), Hamadoun Traoré, déclare croire aux différents protagonistes pour trouver un terrain d’entente afin de sauver l’année universitaire.
Le Républicain : Que pensez-vous de la situation actuelle des grandes écoles, facultés et instituts de l’université de Bamako ?
Hamadoun Traoré : C’est vrai que depuis plus de deux mois aujourd’hui, l’Université ne vit plus. Effectivement, c’est dû à la grève illimitée de nos professeurs. En tout cas, c’est très difficile de prendre la parole et dire quelque chose en la matière. Etant donné aussi que leur cause est noble. Je trouve quelque part que le gouvernement aussi a la volonté. Ce qui manque maintenant, c’est la sérénité et le dialogue. Et là aussi, c’est sûr et certain que dans les jours à venir ils seront à la même table. Et s’il plait à Dieu, tôt ou tard, on va reprendre les cours.
Quelle est la position de l’Aeem par rapport à cette grève illimitée du Snesup ?
Nous avons beaucoup réfléchi, nous avons fait quelques rencontres entre nous à l’issue desquelles on a tenté beaucoup de solutions. Parmi ces solutions, il y a le fait qu’il fallait attirer l’attention de tout le peuple malien sur la difficulté. Cela nous l’avons fait le 20 mars dernier lors de la pose de la première pierre du nouveau campus universitaire de Kabala. Ensuite, nous nous sommes dit qu’il va falloir choisir les médiateurs que nous allons envoyer auprès des protagonistes. Ce qui a été fait au mois d’avril. Nous avons envoyé des correspondances aux composantes de la société civile, à savoir le haut conseil islamique, à l’archevêché de Bamako, au médiateur de la République, à l’assemblée nationale etc. Depuis, ils sont rentrés en négociation, mais il y a eu quelques ruptures. Et jusqu’à présent, nous les suivons, ils ne sont pas revenus nous dire qu’ils n’ont pas pu. C’est pourquoi les membres de l’Aeem viennent à l’école chaque jour, bien qu’il n’y ait pas cours, discuter avec les autres camarades et les rassurer. En tout cas, qu’il pleuve ou qu’il neige, nous sommes prêts à faire en sorte que l’année soit sauvée. Des sacrifices existent, si c’est nécessaire on va le faire. Nous sommes prêts à sauver l’année, c’est sûr et certain aussi qu’elle sera sauvée.
: Quel appel avez-vous à lancer tant aux autorités qu’aux syndicats d’enseignants du Snesup pour un retour normal des cours dans les écoles afin de sauver l’année académique 2009-2010 ?
Je lancerai d’abord un appel aux autorités en disant que ce sont eux qui doivent faire en sorte que tout le peuple malien soit dans ses droits et être dans les meilleures conditions. C’est l’Etat qui doit tout faire pour que le dialogue puisse continuer; pour qu’il ne puisse pas y avoir de problèmes. En particulier, nous disons au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de fournir plus d’effort encore pour que l’année soit sauvée.
Aux enseignants, nous leur disons de voir leurs jeunes frères, cadets, enfants qui peuvent être victimes de cette situation. Et je dirai que nous sommes des « victimes innocentes ». Mais qu’ils essaient de voir, de ramener le dialogue, de le mettre au dessus de tout. Ils doivent se dire que si ça ne marche pas à l’enseignement supérieur aujourd’hui – c’est vrai que nous les étudiants, nous allons perdre beaucoup – c’est tout le peuple malien qui va perdre aussi. J’espère que mon appel sera entendu par le gouvernement et les enseignants pour dialoguer afin que l’école soit en marche.
Propos recueillis par Hadama B. Fofana