Il convient de rappeler que l’Association des écoles privées du Mali (AEPAM) a décidé, à son assemblée générale du samedi 23 avril, de déclencher une grève illimitée à compter du lundi 25 avril. Selon nos sources, cette décision de grève illimitée des établissements d’enseignement secondaire a été motivée par la retenue à la source que les impôts auraient effectuée sur les subventions desdits établissements. Partout où l’Etat malien a orienté des élèves, l’on a de façon spectaculaire fermé avec cadenas les grands portails d’entrée des établissements concernés, et cela à la grosse et grande surprise du monde enseignant.
La première attitude néfaste à la formation de nos enfants et préjudiciable à la rentabilité des enseignants, c’est que ceux-ci ayant effectué le lundi matin pour s’acquitter de leur tâche se sont vus signifier qu’ils ne peuvent émarger ce matin pour fait de grève de l’AEPAM, quand bien même ils ne sont pas en grève.
Pendant ce temps, bien de lycées privés se frottent les mains parce que les salaires de marmite des enseignants sont en retard de paiement depuis janvier 2016, d’autres écoles privées n’ont même pas payé le mois de décembre à leurs enseignants. Mais il ne peut en être autrement quand l’Etat assiste à cette attitude malveillante de ces privés à l’encontre des enseignants.
Pourtant, le même Etat malien octroie des centaines de millions de subventions à ces écoles qui reçoivent des élèves étatiques. Bien de ces établissements privés, sinon pratiquement tous, sucent le sang des enseignants en leur payant des taux forfaitaires de 1.500 à 1.000 FCFA l’heure. Tout le monde sait que quand le travailleur est mal payé et lorsque l’employeur le méprise, il ne saurait fournir le meilleur de lui-même.
L’Etat malien, notamment le département en charge de l’Education, n’est pas sans savoir que beaucoup de lycées privés ne répondent nullement aux normes requises pour recevoir des scolaires. Pour en savoir plus, il suffit de jeter un coup d’œil sur les locaux qui abritent nos lycéens pour s’en convaincre.
Les salles de classes ressemblent hélas à des couloirs, des salons d’habitation. Il suffit de regarder les conditions d’application des programmes d’enseignement en Approche par compétence (APC) pour savoir que dans notre pays il y a deux pouvoirs : le pouvoir de l’Etat malien impuissant ou complice et celui des promoteurs d’écoles hargneux. Cela ne surprend personne quand on sait que bien d’établissements privés au Mali appartiennent directement ou indirectement à ses cadres commerçants de l’Etat constituant une bourgeoisie compradore, arrogante qui spolie notre peuple travailleur et ratatine l’avenir de nos enfants.
Dans ces établissements privés, il n’y a aucune condition didactique pour l’enseignement en APC. Et qui dit que ces enseignants qui servent dans ces écoles sont formés pour la plupart ! Le ministère ne peut ignorer que dans la plupart de ces écoles, les élèves n’ont pas droit à l’enseignement de certaines matières de connaissances. Comme si les privés constituent un Etat dans un Etat en République du Mali. Aussi, rare sont les écoles privées qui ne ferment pas les classes de 10 et 11eme un mois avant la fermeture officielle.
Il en va de même aux candidats au bac quand on sait que dans leur cas on supprime les heures normales allouées aux classes d’examen pour des heures forfaitaires : en TSS par exemple, les heures de géographie et d’histoire se repartissent en fin d’année quatre heures au lieu de six. Ce sont les employeurs qui empochent les reliquats d’heures et c’est tant pis pour l’école malienne.
Aussi, l’école est devenue un fonds de commerce où on se livre à la course au plus gagnant (comme le PMU). Dans ces conditions, il est rare de voir un promoteur d’école privée qui ne roule pas dans sa voiture de luxe et ne dorme dans une somptueuse maison à étages ou dans une villa hors pair, et cela des enfants. Ces promoteurs véreux qui n’ont que faire de la bonne formation de nos enfants, font la pluie et le beau temps sous le regard complice de cadres malveillants du ministère de l’Education. L’on comprend donc pourquoi les écoles privées poussent comme des champignons jusque dans des concessions d’habitation. Cette attitude rompt avec les discours en faveur de l’excellence à l’école.
Dès lors, il n’est pas surprenant que l’AEPAM aille en grève pour un problème d’impôt du lundi 25 avril au mercredi 27 et cela pour un problème d’impôts car elle n’a que faire de la défense des intérêts de l’école. En tout cas, il y a fort à parier que depuis le régime Alpha bien de privés ne payent pas correctement et régulièrement les impôts qu’ils doivent à l’Etat quand on sait que ceux-ci doivent contrôler les écoles privées sont généralement corrompus. Que doit donc faire l’Etat malien face à cette situation d’anarchie peut honorable pour notre école ?
– L’Etat doit exiger des promoteurs d’écoles le payement intégral aux enseignants des jours de grève dont ils ne sont pas responsables et qui leur ont été subtilisés illicitement.
– L’Etat doit exiger sans condition la hausse des taux horaires aux enseignants car c’est ainsi que le privé sera d’un bon apport à la formation de nos scolaires.
– Il faut construire des salles de classes dans les établissements publics où il y a suffisamment de terrains.
– Exiger que les écoles privées soit réellement privées pour cesser d’attendre les subventions de l’Etat pour payer aux enseignants leur modique salaire.
En effet, la médiocrité n’a plus de place au Mali ainsi l’Etat doit veiller au respect des lois qui gèrent l’école malienne et exiger le payement régulier de toutes les redevances.
Fodé KEITA