Grève illimitée des enseignants du supérieur : Des bonnes volontés interviennent pour une sortie de crise

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Je suis surpris de voir, cette année, le SNEC et le SNESUP revenir sur leur mot d’ordre de grève illimitée pour non satisfaction de leurs doléances. En tant que citoyen malien soucieux de l’avenir de notre école, je me vois dans l’obligation de publier les messages électroniques que les bonnes volontés dans les différentes couches sociales (politique, société civile,…) m’ont adressé pour une sortie de crise. Aussi, souhaiterai-je, que d’autres bonnes volontés se manifestent pour sauver l’école malienne qui souffre atrocement. En plus de ces bonnes volontés pour une sortie de crise, des voix s’élèvent également, et par emails interposés, au sein même des deux associations syndicales pour un arrêt immédiat de la grève.

En effet, dans un email, cette bonne volonté écrit en substance : «… A y regarder de très près, la grève ne me paraît plus être la solution, en tout cas pas la seule, pas la meilleure.

Votre revendication ne se juge pas à la durée de la grève, limitée ou illimitée, loin s’en faut.

Au regard des positions des uns et des autres, je voudrais Messieurs les Enseignants vous demander de prendre en compte un souci et un seul : Le devenir du Pays et de la Nation, l’avenir de l’Ecole et de l’Elève, le sort de nos enfants, déjà rendu mal par les dures réalités de la vie, de la pauvreté, de l’ignorance, de l’analphabétisme.

Je voudrais vous dire qu’il est temps que l’on se parle autrement, que l’on se regarde différemment, que l’on arrête de se soupçonner, de s’en prendre les uns aux autres, que l’on pense à la cité.

Je voudrais Messieurs les Enseignants, vous demander avant tout, des choses qui vous paraitront peut être difficiles et compliquées, mais croyez moi qu’elles ne le sont qu’en apparence.

Je ne doute pas un seul instant de votre capacité de sacrifice, vous me direz que vous vous êtes déjà sacrifiés par le passé et même au présent, mais jamais assez pour sauver un pays, une nation et le destin des gens, souvent pauvres, assez souvent ignorants et très souvent analphabètes.

Je ne suis pas si sur que l’on soit si capable de construire un pays, de le bâtir, d’assurer un avenir à ses fils.

Alors, est il par exemple possible pour vous, de :

– lever le mot d’ordre de grève afin de permettre que les acteurs de l’école que vous êtes, se retrouvent pour évaluer immédiatement la situation de l’école au regard de l’année scolaire ;
– dresser la liste des points d’accord et de désaccord entre gouvernement et enseignants ;
– évaluer financièrement et budgétairement l’ensemble des points de revendication ;
– dresser un chronogramme des points de non accord et indiquer les raisons ponctuelles tenant au désaccord et les solutions possibles à envisager ;
– mettre en place un comité de facilitation chargé d’accompagner la suite des négociations
– mettre en place un comité d’experts chargé d’élaborer les couts réels des revendications au regard des possibilités financières et budgétaires de l’Etat ;

Et toutes actions permettant d’aller de l’avant… ». Et un autre d’ajouter : « Beaucoup de choses ont été dites et écrites au sujet du combat noble et combien légitime que vous menez en ce moment, non pas contre un régime ou un gouvernement, mais pour vous mêmes, pour la nation et pour ces élèves et étudiants dont le devenir et l’avenir seront sans doute sauvés ou compromis
selon le geste, l’acte…

Les grèves les meilleures sont celles dont les objectifs sont expliqués, partagés voire compris…Le gouvernement a un plus sur vous, ce qu’il dispose des organes pour communiquer et le message passé par le PR n’a pas été sans incidence sur votre grève en termes de regard du citoyen et de l’opinion…Plus qu’une assemblée générale qui va encore durcir les positions même harmonisées, n’est il pas mieux indiqué de prendre en mire l’opinion, les opinions que nous sommes pour expliquer, partager et faire comprendre vos positions, en même temps faire comprendre aujourd’hui vos attentes, faire connaître vos limites en termes de demandes, faire la preuve de ce que ces demandes sont raisonnables, acceptables et possibles pour l’effort national, la solidarité nationale, l’engagement national en faveur des enseignants que vous êtes dont personne ne peut nier le rôle et la mission dans la construction et le développement du pays. Les meilleures grèves sont aussi celles que l’on peut et sait arrêter un moment pur mieux rebondir… »

En plus de ces bonnes volontés, d’autres voix s’élèvent au sein même des syndicalistes pour demander d’arrêter la grève.

Ainsi, dans un message électronique, ce maitre assistant écrit : « Chers collègues, J’ai suivi le débat depuis fort longtemps au sujet de la grève. J’apporte ma petite contribution au débat. Nos revendications pour un enseignement de qualité sont justes. La revendication des droits est légitime, c’est la raison même d’un syndicat, défendre les droits de ces membres. Cependant, j’aimerai m’appesantir sur 2 choses :
La grève illimitée n’est pas une approche qui sied aux universitaires, par cette approche, nous causons plus de tort à notre nation qu’au gouvernement; que ferons nous des 2 cohortes de bacheliers, celles de l’année universitaire 2009-2010 et 2010-2011?
Ayant subi une année blanche, ce qui nous a valu 2 ans de retard, vérifiable sur notre curriculum, je ne peux penser que nous serions capables d’infliger cela à nos enfants, nos frères et étudiants hôtes du Mali qui ont choisi notre pays pour recevoir leur enseignement.

Dans la situation actuelle, la solution à cette crise est de notre côté, il s’agit de prendre le peuple malien à témoin en reprenant les cours pour nos enfants et frères; et de continuer d’abord à faire une contre proposition, qui doit être connue de tous les enseignants tout en discutant avec le gouvernement. Avec cette approche, nous éviterons le spectre de l’année blanche qui conduit à une fracture dont nous ne pouvons combler même si on nous donne plus que nous demandons…Rentrons et discutons, cette approche constitue la trame même de l’action syndicale. Lever le mot d’ordre de grève illimitée, n’est pas une preuve de capitulation, mais une preuve de maturité, de respect de nos institutions ».

Cet autre syndicaliste d’abonder dans le même sens en ces termes : «… Dans la situation actuelle et en « analyse-projection probabiliste », plus le temps va s’égrainer plus les positions vont se distancer et s’éloigner du « seuil d’acceptabilité ». Malheureusement ce sont les enseignants et les étudiants qui en pâtiront le plus. Et au finish, on sera tous face à plus de dégâts à panser…. »
Moussa Touré.

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