Le mot d’ordre de grève de 360 heures maintenu
À l’appel du collectif des six syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, notamment, le SYLDEF, SYNEB, SYNESEC, SYNEFCT, FENAREC, SYPESCO, les enseignants des établissements d’enseignement publics (fondamental et secondaire) étaient dans la rue, le jeudi dernier, pour réclamer l’octroi d’un Statut autonome à eux promis par le gouvernement à l’issue des négociations de janvier 2017.
Cette sortie du collectif, deuxième du genre après celle du 6 avril dernier, a été une véritable démonstration de force des enseignants en vue de défendre leurs droits. Ils étaient près de 5 000 manifestants dans les rues de la capitale, tout comme à l’intérieur, pour dénoncer ce qu’ils qualifient de négligence du gouvernement face aux revendications de la corporation.
Partie de la Place de la Liberté en face de la Mairie du district, pour prendre fin à la Cité Ministérielle, via l’échangeur du cinéma Babemba et le Monument de l’Indépendance, on pouvait lire sur des pancartes dressées à cette fin : « Le Statut autonome des enseignants ou rien » ; « Non à la violation de l’accord du 8 janvier » ; « les enseignants sont aussi des Maliens » ; « Nous sommes debout ce matin pour réclamer nos droits » ; « À l’école, ça ne va pas… » ; « Nous sommes avec nos mamans »….
Dans la déclaration lue par le porte-parole du collectif, les manifestants dénoncent le peu d’intérêt et d’attention du gouvernement face aux préoccupations des syndicats de l’Éducation ; la légèreté et le manque de sincérité de la part du gouvernement lors des négociations des différents préavis de grève ; le refus manifeste du gouvernement de mettre en œuvre l’Accord du 8 janvier 2017 ; le non-respect par le gouvernement de ses propres engagements.
Reçus par le chef du gouvernement après deux heures de marche, les responsables syndicaux ont rappelé l’ensemble des points d’accords du PV de conciliation du 8 janvier 2017, et signifié au Premier ministre qu’ils sont toujours été ouverts au dialogue.
« Nous exigeons l’application immédiate du PV du 8 janvier 2017 et nous sommes prêts et utiliserons tous les moyens légaux pour la satisfaction totale de nos revendications », a lancé M. DAO.
Après avoir écouté les grévistes, le chef du gouvernement, Abdoulaye Idrissa MAÏGA, s’est engagé à trouver la solution aux exigences des syndicats, et proposé aux acteurs sociaux l’instauration d’un nouveau type de dialogue social basé sur la sincérité. Pour ce faire, il en appelle à l’esprit de responsabilité de l’ensemble des acteurs sociaux face à la situation délicate du pays. Le gouvernement va consentir tous les sacrifices dans les limites de la possibilité de l’État pour satisfaire aux besoins des travailleurs. Pour que cela soit possible, il a invité les syndicats à adhérer à un processus d’actualisation du registre des engagements avec le gouvernement. Il s’agit, selon lui, de construire un nouveau partenariat dans le cadre du dialogue social. Un partenariat basé sur le dialogue franc pour donner la chance aux enfants de reprendre le chemin de l’école. Par ailleurs, il a dit avoir reçu les échos des autres régions où les militants du collectif des enseignants ont également marché. Avec son gouvernement, a-t-il promis, les libertés syndicales seront respectées. À l’issue des échanges, les deux parties ont convenu de la reprise immédiate des négociations depuis jeudi 15 heures.
L’Association des Parents d’Elèves a elle aussi donné de la voix
Les parents d’élèves, par la voix de leur association, demandent aux différentes parties de faire des efforts de conciliation, vu que la situation joue beaucoup sur le cursus scolaire des enfants.
« Dites-vous que nous sommes pratiquement vers la fin. Et jusqu’à présent, les élèves sont sans cours, sans instruction. Nous les parents d’élèves, nous sommes un peu plus perplexes. Nous avons toujours attiré l’attention des uns et des autres pour faire remarquer la gravité de la situation », fera savoir Dioukamadi Sissoko de la fédération nationale des parents d’élèves. Pour lui, il n’y a une solution que chacun s’y mette un peu !
« Le Gouvernement aussi doit savoir maintenant que trop c’est trop. Actuellement, l’école est sous régionale. Et qu’est-ce que nos enfants vont pouvoir faire si les temps d’étude ne sont pas bien remplis. Qu’ils regardent l’avenir des enfants. C’est plus important que n’importe quel trésor ».
Négociations en cours, mais toujours pas d’accord !
Rappelons qu’au cours des réunions entre les syndicats et le gouvernement, il ressort que la partie syndicale a tout d’abord exposé ses préoccupations qui sont relatives à l’application du procès-verbal de conciliation du 08 janvier 2017.
La partie gouvernementale, après discussion, a fait une proposition à deux alternatives. La première : les enseignants resteront dans le statut général et bénéficient d’une augmentation des primes et indemnités à hauteur de 10%. La deuxième : les enseignants auront leur statut et avec une grille propre, mais les primes et indemnités seront fondues dans ladite grille. Dans les deux cas, l’incidence financière ne doit pas excéder quatre milliards de FCFA.
De l’analyse de ces deux propositions, les enseignants trouvent qu’aucune d’elle ne répond à leur demande de statut. L’augmentation de 4.000.000.000 de FCFA équivaut, en termes de répartition entre les enseignants, à une augmentation en moyenne de 4.000 F. Pour eux, il serait immoral d’accepter 4000 FCFA après sept mois de grève. Les primes et indemnités dont bénéficient les enseignants seront fondues dans la grille et majorées de 3%. Donc il n’y aura plus de primes et indemnités. En acceptant cette proposition pensent-ils, c’est comme s’ils acceptaient une réduction du salaire net. Autrement dit, on peut sentir une augmentation de l’indice à la retraite, mais une réduction du salaire net étant en activité. A titre d’exemple, un enseignant qui est à l’indice 420 par exemple, peut être à 573, mais en calculant, ce dernier verra son salaire diminué de plus de 15.000 F. ainsi, compte tenu de l’ampleur de la situation, il est demandé à tous les secrétaires généraux d’organiser des assemblées générales d’information à partir de ce mardi 02 mai, et de rester mobilisé, la victoire étant certaine, et toute proche !
Salif Diallo