Sur les 10 points de revendications, il y a eu consensus sur 6, accord partiel sur un autre et désaccord sur 3 points.
Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 (SYPESCO, SYNEFCT, SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES, SNEC) observent un arrêt de travail depuis le 13 février dernier. Sur cette grève des syndicats d’enseignants, le ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla, a animé une conférence de presse, mardi dernier dans les locaux de son département, pour éclairer l’opinion.
Mme Diarra Raky Talla a rappelé les propositions concrètes faites par le gouvernement dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants et les efforts accomplis par la commission de conciliation pour rapprocher les points de vue des deux parties. Elle a expliqué que son département a reçu sur sa table, entre novembre 2018 et février 2019, cinq préavis de grève des syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016. Elle a aussi rappelé les dates exactes de ces avis de débrayage et le cumul de 31 jours d’arrêt de travail, soit 744 heures que ces mouvements ont occasionné sur la période. A cela s’ajoute le préavis de 15 jours, soit 360 heures, à compter du 21 février dernier.
Les revendications des syndicalistes portent sur 10 points, notamment l’octroi d’une prime de documentation, celui d’une prime de logement, l’adoption immédiate du décret portant plan de carrière du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale en conseil des ministres.
La finalisation du processus de régularisation administrative et financière des sortants de l’ENSUP (nouvelle formule), au même titre que toutes les grandes écoles (ENI, IPR-IFRA, ENETP), ainsi que le Conservatoire Balla Fasseké…), l’application effective et immédiate du décret n° 2016-0001/P-RM du 15 janvier 2016, fixant les conditions et les modalités d’octroi de l’indemnité de déplacement et de mission et la relecture immédiate du décret n° 2013- 529/P-RM du 21 juin 2013, portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1,2 et 3, étaient aussi des points de revendications.
Les autres avaient trait à l’organisation, sans délai, de l’élection professionnelle du secteur de l’éducation et la création des organes prévus par le décret n° 2018-0067/P-RM du 26 janvier 2018, fixant les modalités d’application du statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale, l’annulation des décrets n° 2018-08000/P-RM du 19 octobre 2018, fixant les attributions spécifiques des membres du gouvernement et n° 2018-0801/P-RM de la même date, portant répartition des services publics entre la Primature et les départements ministériels. Enfin, les derniers griefs formulés par les syndicats d’enseignement portent sur l’intégration dans le corps des enseignants du personnel non enseignant en classe et l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat.
A l’issue de la conciliation, un consensus a été trouvé sur 6 points (1, 3, 4, 5, 8 et 9) de revendications. Un accord partiel a été trouvé sur le point 7. Mais les positions des parties ont achoppé sur les points 2, 6, et 10.
Mme Diarra Raky Talla a tenu à lever toutes équivoques sur les points de désaccord. Sur l’octroi d’une prime de logement, la conférencière a précisé que le gouvernement a fait savoir que les primes de logement sont régies par le décret n° 2014-0837/P-RM du 10 novembre 2014 fixant les taux mensuels de certaines primes et indemnités allouées aux fonctionnaires et agents de l’Etat, y compris les enseignants de tous ordres, notamment la prime de résidence qui permet d’amoindrir la cherté de la vie.
En effet, les syndicalistes réclament une prime de logement comme au niveau de la Police nationale. Mme Diarra Raky Talla a expliqué que le gouvernement les a informés que cette prime est uniquement octroyée à des agents qui doivent bénéficier de logement d’astreinte ou à défaut une prime compensatoire qui leur permettrait de se loger aux environs des services ou camps de regroupement, en vue de faciliter leur mobilisation au besoin. « Cette revendication n’est ni rationnelle, ni soutenable avec une incidence financière annuelle de plus de 55,3 milliards de Fcfa », a indiqué Mme Diarra Raky Talla.
La relecture des articles 1, 2 et 3 vise l’augmentation des frais de surveillance et de séjour des présidents des centres d’examen, du secrétariat et des frais de correction des copies. Cette revendication entraîne, selon Mme la ministre, une revalorisation de plus de 400% des taux existants.
« Dans un souci d’équité de traitement, le gouvernement ne saurait revaloriser lesdits frais seulement pour les enseignants. Le décret instituant les indemnités au personnel chargé des examens et concours ne vise pas seulement les examens scolaires, mais aussi l’ensemble des examens et concours », a souligné Mme Diarra Raky. Sur le dernier point de désaccord, la ministre a estimé que cette revendication est satisfaite par les dispositions de la loi n° 2018-035 du 27 juin 2018, portant statut des fonctionnaires des collectivités territoriales en son article 49 qui prévoit la mise à disposition de ces fonctionnaires dans les structures publiques.
A en croire la conférencière, d’importants efforts ont été consentis par le gouvernement dans la gestion des préavis de grève en date du 14 avril 2017. Les négociations ont abouti à l’octroi d’un statut aux enseignants avec une grille salariale d’une incidence financière d’un peu plus de 5, 6 milliards de Fcfa, mais aussi dans le cadre de la gestion des préavis en cours. Le gouvernement vient d’accorder aux enseignants un appui financier de plus de 2 milliards de Fcfa pour leur faciliter l’acquisition de manuels et documents nécessaires à la préparation des cours. A cela s’ajoute, la régularisation de la situation administrative et financière des sortants de l’ENSUP (nouvelle formule), qui entraînerait une incidence financière très élevée.
Mme Diarra Raky Talla a aussi exprimé des appréhensions sur l’avenir de nos enfants et la validité de l’année scolaire en cours. « Le gouvernement reste toujours ouvert au dialogue et rassure les syndicats de sa disponibilité à œuvrer pour l’apaisement du climat dans le cadre d’un dialogue franc », a laissé entendre Mme la ministre qui a remercié la société civile à travers la Fédération nationale des associations de parents d’élèves et étudiants du Mali (FENAPEEM), l’Amicale des anciens militants et sympathisants de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (AMSUNEEM) et les bonnes volontés impliquées dans les négociations pour dénouer la crise.
Babba B. COULIBALY