Le reversement des salaires des mois de mai et juin 2010 : c’est la pomme de discorde entre le Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup) et le gouvernement pour la signature du protocole d’accord, objet de l’ultimatum de la trêve que les professeurs ont accordée au gouvernement pour octobre prochain. Le Snesup refuse de signer le document qu’il juge incomplet. C’est-à-dire qu’on a ignoré dans le protocole le reversement de deux mois de salaires. Mais les négociateurs de l’Etat jurent ne pas être au courant d’une instruction de l’Etat dans ce sens.
Le 31 juillet 2010, le Snesup avait organisé, à l’Ecole nationale d’ingénieurs (Eni), une assemblée extraordinaire. Le but était de faire le bilan des deux semaines de trêve qu’il avait accordée au gouvernement suite à la demande du président de la République de surseoir à leur grève illimitée. Au sortir des débats, les professeurs, à l’unanimité, ont décidé de poursuivre la trêve jusqu’au mois d’octobre 2010. Cette décision n’a pas été prise à la hâte par les enseignants. Elle été prise parce qu’ils « ont constaté des actes transparents posés dans les négociations ». Sur les quatre points de revendications (l’alignement de salaires des enseignants du supérieur sur ceux de leurs homologues de la sous région; l’augmentation du taux d’heure supplémentaires; la mise en place de la nouvelle hiérarchie à travers assistant, maître de conférence et professeur; l’intégration des contractuels à la fonction publique), il y avait eu consensus autour de trois points. Il s’agit de la prime d’indemnité de fonction spéciale, de documentation mensuelle et des indemnités d’encadrement et de résidence; la mise en place de la nouvelle hiérarchie, l’augmentation du taux de l’heure supplémentaire et l’intégration des travailleurs contractuels à la fonction publique. Seul l’alignement des salaires des enseignants du supérieur sur ceux de leurs homologues de la sous région n’a pas fait l’objet d’accord entre le Snesup et le gouvernement. Sur ledit point, le gouvernement a préconisé de renvoyer cette question relevant de la nouvelle grille indiciaire au panel d’universitaires pour août et septembre 2010.
L’évaluation de la situation a motivé le prolongement de la trêve. Les deux parties (Snesup et gouvernement) ont décidé de se rencontrer rapidement pour parapher le document de points d’accord. Un engagement qui a été respecté par les différentes parties. De multiples rencontres ont eu lieu ce mois d’août pour matérialiser le document. Mais selon nos informations, les syndicats d’enseignants et les négociateurs du gouvernement (la primature, les ministères de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le délégué chargé du budget auprès du ministre de l’économie et des finances) ne sont pas parvenues à certifier pour l’instant le document des points d’accord. Le blocage, selon nos renseignements, est lié à un seul point. Le fait que les médiateurs de l’Etat aient omis d’insérer dans le document d’accord le reversement des salaires des mois de mai et juin aux enseignants. Une instruction qui aurait été donné par le président de la République, Amadou Toumani Touré. «Le président de la République avait instruit lors des négociations de rembourser les salaires des mois de mai et juin 2010. Mais à notre grande surprise, lors de la signature de l’accord, nous avons constaté que dans le document de protocole à signer, les deux mois sont omis. Les conciliateurs nous ont dit qu’ils ne sont pas au courant de cela quand on a demandé les raisons de cette omission. Nous aussi, nous leurs avons demandé d’aller demander au chef de l’Etat. Ce qui bloque la finalisation des accords obtenus», a fait savoir avec certitude Yaya Sissoko, secrétaire général du comité Snesup de l’Ensup/ Flash. Malgré le blocage qui prévaut, le secrétaire général du bureau de coordination du Snesup, Dr Abdou Mallé, se dit optimiste quant à un dénouement heureux de la situation. «Nous sommes en phase de la signature des documents des accords. Nous avons eu des rencontres avec les autorités. Nous sommes là-dessus, et on espère que l’accord sera signé vite», a-t-il dit. Du côté du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’on a tenté de rencontrer le ministre qui avait pris part à la dernière rencontre, mais était en séance de travail avec son cabinet.
Hadama B. Fofana