Gestion opaque au Ministère de la Santé : Les CES, tout droit vers une année blanche

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Depuis vers les années 82, après leur diplôme de Doctorat en Médecine Générale, les médecins généralistes maliens, qu’ils soient fonctionnaires ou non,  peuvent suivre des formations de spécialisation pour avoir le Certificat d’Etudes Spécialisées (CES) après admission au concours organisé à cet effet. Ils sont aujourd’hui au nombre de 479.

 

 

Les frais de ces formations coutaient au total environ 50 000f par étudiant, avant qu’elles ne soient entièrement pris en charge par l’Etat (frais d’inscription et de scolarité) jusqu’à la date fatidique de 2013, année à laquelle, les professeurs titulaires chargés par l’Etat de la mise en œuvre de cette politique ont pris la décision unilatérale de faire payer les étudiants sans concertation au préalable.

 

 

Le motif avancé par les professeurs est que l’Etat est en retard de paiement de trois ans (2011, 2012 et 2013).

C’est ainsi que depuis 2011, la quiétude n’est plus de mise chez ces aspirants spécialistes qui sont censés prendre la relève en chirurgie, en gynécologie et autres j’en passe, ils sont aujourd’hui la cible de toute sorte de harcèlement de la part de leurs professeurs d’encadrement pour le paiement des frais d’inscription et de scolarité, soit 300 000f CFA par étudiants.

Cependant, il importe de relever qu’en la matière les professeurs n’ont pas la même attitude. En effet, pendant que d’autres continuent de dispenser normalement leur cours, dont l’Honorable le Professeur OUATTARA de l’urologie, d’autres au contraire prônent tout simplement une année blanche, parmi lesquels il y a les professeurs Amadou DOLO de la Gynécologie et Toumani SIDIBE de la Pédiatrie, qui est le Coordinateur des Coordinateurs des CES.

Nonobstant cette divergence d’attitude, en 2013, à deux semaines des examens, les étudiants sont sommés de payer les 300 000f sous peine de se voir interdire la salle d’examen. On pouvait alors facilement imaginer la peine de ces pauvres étudiants, quand on sait que payer une telle somme en moins de deux semaines en ces temps de crise dans notre pays relève de la croix et de la bannière.

Les négociations, les médiations engagées et toutes autres voies de droit par les syndicats, les étudiants et autres, les religieux,  se sont toutes révélées vaines.

Sous la pression, le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Ousmane KONE, a été amené à prendre la décision N°0037/MS-SG du 25 mars 2014, dont l’article 1er dispose que : « Est autorisé le mandatement de la somme de cinquante six millions sept cent mille (56 700 000) francs CFA destinés à la prise en charge de certains CES maliens en spécialisation à Bamako (cardiologie, Médecine Interne, Chirurgie Cardio-vasculaire, Chirurgie générale, Pédiatrie, Anesthésie, Réanimation, Gynécologie, Endocrinologie, Urologie, Radiologie, Néphrologie, ORL, Dermatologie, Maladie Infectieuses, Hépato Gastroentérite, Ophtalmologie, Diabétologie, Médecine de Famille/Communautaire, Hématologie clinique  au titre de l’année universitaire 2013-2014».

On remarque que la décision du Ministre de la Santé ne concerne que 189 CES sur 479. La question qui se pose est alors de savoir sur quel critère la sélection a été faite.

A la Direction des Finances et du Matériel (DFM) du Ministère de la Santé, l’on avance que seuls les CES après la crise bénéficient de cette décision. Ce qui constitue une violation grave des dispositions du Régime Général des Obligation du Mali, selon lesquelles, la décision incriminée devrait concerner au premier chef les CES en cours de formation.

Mieux, l’argumentaire ainsi avancé est rapidement battu en brèche, car la première promotion de la Médecine de Famille et de la chirurgie cardio-vasculaire dont les CES sont pris en charge par la décision, est de 2012, donc avant la crise contrairement aux allégations avancées.

Mais le pire dans tout ça est que la décision a autorisé la prise en charge de certains CES qui ne sont même pas Maliens (le numéro 133 sur la décision), d’autres ne sont pas au Mali (N°26 ; 105), d’autres sont exclus (N°75 ; 77 ; 78 ; 80 ; 81 ; 82 ; 85) et d’autres ont fait un report d’année (N°29 ; 31 ; 54).

A l’analyse l’on est amené à se demander, que deviennent les frais de ces CES dont les noms figurent sur la décision alors même qu’ils ne devraient pas en bénéficier aux termes des dispositions de l’article 1er de ladite décision ?

Aussi, fait important à noter, il y a des CES qui remplissent toutes les conditions, diplôme de doctorat, attestations d’admission au concours et de passage en classe supérieure, signées en bonne et due forme par le vice doyen MAIGA, mais qui n’ont pas bénéficié de la décision.

Alors, le Département de la Santé, la Faculté de Médecine et les professeurs sont fortement interpellés.

                                                                                              MD

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