La fuite de sujets au Mali est devenue un phénomène ancré dans les examens. Cela dénote d’une véritable irresponsabilité des autorités scolaires, des surveillants et des parents d’élèves.
«L’éducation est plus qu’un métier, c’est une mission qui consiste à aider chaque personne à reconnaître ce qu’elle a d’irremplaçable et d’unique afin qu’elle grandisse et s’épanouisse », disait le pape Jean-Paul II. Les objectifs de l’éducation contenus dans cette pensée du dignitaire ecclésiastique sont loin d’être atteints au regard des fuites de sujets au Mali.
Le chemin le plus facile pour les élèves maliens est finalement le vol lors des examens. Ils en font leur matière principale. Victimes du système scolaire qui laisse à désirer, les apprenants innocents cherchent à réussir par tous les moyens possibles. Comme toute personne normale qui veut atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé, ils pensent que le vol est un droit pour eux. Aberration ! Aberration !
La fraude massive au DEF 2019, qui est le résultat du comportement indélicat de certains acteurs scolaires est, chaque année pour se bourrer les tripes.
La fraude est devenue un secret de polichinelle au Mali. Qui organise les examens ? Qui surveille ? Qui encourage le vol qui chaque année se trouve camouflé ? C’est une véritable politique de l’autruche.
Tout le monde sait que les examens sont organisés par le ministère de l’Education, en amont et en aval. C’est le ministre en charge et ses suivants qui déploient les moyens pour permettre aux enseignants de travailler comme ils leur ordonnent. Donc ils ont le droit de travail et de sanction sur eux en cas de dérogation aux règles qui régissent les examens au Mali.
C’est ce même ministère qui choisit des gens pour mettre les sujets dans les enveloppes. Du choix des sujets à leur mise en enveloppe jusqu’à leur acheminement aux centres d’examen, le bât blesse, car la chaîne regorge d’arrivistes.
Ils profitent de l’organisation des examens pour se remplir les poches, sans se soucier de l’honneur et la dignité devenus des denrées rares en milieu scolaire. Alors questions : Si toute la chaîne est correcte, comment les enfants innocents entrent en possession des sujets ? Après avoir eu les sujets, qui les traitent pour eux ?
Quand le ministère faillit à son devoir, les enfants en profitent pour satisfaire leur besoin de réussir sans effort. Même si on ne le dit pas, apparemment, c’est ce qui est visible pendant toute l’année scolaire.
Les sujets peuvent fuiter, mais les enseignants qui les traitent pour les enfants sont des bourreaux de l’éducation. Ils sont mordus par l’appât démesuré du gain, c’est-à-dire l’argent facile. Il manque de mots pour qualifier des enseignants qui traitent les sujets à la place des élèves auxquels ils ont donné le cours pendant neuf mois. Le ridicule ne tue pas au Mali !
Les parents d’élèves assaisonnent le tout par leur contribution abominable en espèces pour détruire l’avenir de leurs enfants. Connaissant la règle du jeu, la veille du DEF, ils cotisent chacun une somme qui est à remettre aux présidents du centre pour desserrer sa mine. Et cela aussi pour avoir la main mise sur les sujets afin de les traiter pour les enfants.
Les réussites et échecs à l’issue des examens sont à attribuer aux enseignants sans scrupule. Où est le sérieux ? Le serment de Socrate souffre de pratiques rétrogrades.
Ecoutons Victor Hugo : « L’éducation, c’est la famille qui la donne, l’instruction, c’est l’Etat qui la doit ». Ce que les élèves maliens reçoivent n’est-il pas loin de ces définitions ? Des comportements qui font tomber en syncope.
Dieu veille !
Bazoumana KANE