FSJP : Des étudiants menacent de brûler les bureaux de l’administration

10

De nombreux étudiants y compris des leaders estudiantins, toutes classes confondues à la Faculté des sciences  juridiques et politiques(FSJP) de l’Université de Bamako sont retournés à la maison le jeudi 29 août dernier en larmes après la proclamation des résultats des examens de fin d’année.

 

 

Selon ces derniers, le corps professoral agit ainsi pour les pousser à faire des réclamations. Il s’agit là des enchères car, pour être éligible à cette phase, il faut miser  à la bonne adresse à hauteur de 150.000FCFA pour passer en classe supérieure.

 

 

Tant pis pour celui qui se trompe d’adresse et cela arrive souvent. Il  perd son argent et il redouble. Ce n’est plus le mérite.

En représailles, des responsables de l’AEEM redoublants, lesquels jouissent généralement d’un passe-droit  menacent de brûler les bureaux de l’administration universitaire comme ils l’ont fait en 2011 au Centre d’enseignement supérieur de Bamako(CESB).

 

 

En tout cas, la corruption est à ciel ouvert  au niveau de l’enseignement supérieur

Erigée en système de gestion au sein de certaines facultés, la corruption est aujourd’hui considérée comme le cancer de l’enseignement supérieur. Elle est en passe de mettre en péril l’avenir de nombreuses générations. A moins que des mesures soient prises, à temps, pour la combattre au niveau universitaire.

 

 

Créée en 1996, les effectifs de l’université de Bamako sont passés à la vitesse supérieure pour atteindre en 2012 environ100 000 étudiants. Au même moment, l’université souffre d’une insuffisance criarde d’infrastructures qui n’arrivent pas à contenir ces effectifs. S’y  ajoute la crise des professeurs. Du coup, l’université échappe au contrôle des autorités en charge de l’enseignement qui n’ont d’autre choix que de scinder l’université de Bamako en quatre universités : Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB), Université des Sciences des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB), Universités des Sciences Sociales  et de Gestion de Bamako (USSGB), Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB)  et  l’Université de Ségou. Mais cette politique ne semble pas absorber le désordre qui règne au niveau de l’enseignement. Plus grave, l’enseignement supérieur est aujourd’hui devenu le théâtre d’une  corruption terrible.

 

 

Les autorités et les acteurs de l’école interrogés au cours de nos investigations sont unanimes que la corruption est, depuis l’avènement de la démocratie, légion à l’école. Elle y a pris du galon pour atteindre un seuil intolérable au niveau de l’université. Il ressort que la corruption est multiforme et est différemment pratiquée au niveau de chaque université ou chaque faculté.

 

 

Si dans certaines facultés comme la FMPOS et les nouvelles universités issues de l’ancienne FLASH,  le phénomène est masqué ou entretenu à travers des réseaux très fermés, à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP), il est en passe d’être érigé en système de gestion.

 

 

A en croire les témoignages des étudiants, la faculté de droit est la plus «pourrie». Certains vont loin jusqu’à considérer cette faculté  de «laboratoire des nouvelles techniques de corruption». la FSJP, pour d’autres, n’est pas une faculté mais un «centre d’affaires inégalables». Le meilleur étudiant à la FSJP, nous confie un étudiant avec ironie, n’est pas celui qui obtient les bonnes notes à la sueur de son front, mais celui qui parvient à tirer son épingle du jeu via ses relations avec l’administration, avec les professeurs ou avec l’espèce sonnante et trébuchante. La FSJP puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est considérée comme un no man’s land où  chacun fait ce qu’il veut et qu’il peut  pour atteindre son objectif.

 

 

Il ressort de nos enquêtes que l’administration,  les professeurs et les étudiants sont tous impliqués dans la corruption à des moments donnés de l’année académique.

 

 

La période des travaux dirigés (TD), la période des grands devoirs, la période des examens et des réclamations de notes sont souvent les périodes propices à la corruption au sein de l’université et notamment à la FSJP.

 

 

 

Comment ça se passe ?

La période des TD, c’est la période pendant laquelle, les professeurs assistants sont amenés d’approfondir aux étudiants, l’étude d’une matière principale mais aussi à organiser des devoirs dans ces matières. Mais il ressort que c’est période est aussi convoitée par les professeurs assistants pour faire chanter les étudiants.  Car parallèlement à ces TD, certains professeurs n’hésitent pas à organiser des cours privés. D’autres érigent même les cours de TD en cours privés au cours desquels ils exigent des étudiants le paiement d’une somme forfaitaire sous peine de se voir attribuer une mauvaise note.

 

 

Rappelons que les cours de TD, en principe, sont donnés par les titulaires de DEA et de DESS. Mais à la FSJP, il n’est pas rare de voir des titulaires de  Maitrise, sans bagages intellectuels et sans expérience pédagogique, s’occuper de ces cours. Cela en complicité avec les membres de l’administration pour les raisons que l’on connait.

 

 

A en croire les témoignages de nombres d’étudiants, on n’a pas besoin de faire l’examen pour réussir à la FSJP car, l’argent y règle tout.

«Dans notre faculté, il y a deux voies pour avoir son diplôme. Il y a  la voie lente, c’est celle des études réelles. Cette voie est non seulement lente, elle est aussi périlleuse pour les étudiants qui l’empruntent car, elle peut conduire à leur expulsion pure et simple de la fac. La voie rapide, c’est celle de l’argent. C’est la voie la plus sûre, car elle permet à l’étudiant de négocier son passage à la classe supérieure», nous a expliqué un étudiant en licence droit privé, l’air très désespéré. Pour cet étudiant, il est très difficile, voire impossible de décrire exhaustivement la corruption entretenue au sein de la FSJP. C’est à la FSJP qu’un étudiant peut se faire remplacer par un ami, un parent dans la classe d’examen sans que l’administration ne s’en rende compte, parce qu’elle n’a plus le contrôle de la faculté.

 

 

Par ailleurs, après les résultats des examens, la période des réclamations est aussi une occasion pour les professeurs de se remplir la poche. Nul n’ignore que depuis quelques années déjà, les étudiants maliens n’ont droit qu’à une seule session. Cette situation qui est consécutive aux grèves intempestives et à l’inorganisation de l’administration universitaire pénalise sérieusement les étudiants en les exposants à une autre forme de corruption. L’étudiant face à une session unique est prêt à tout pour être admis. «Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres», dit-on. Ce proverbe est une réalité transposable dans les facultés où, certains professeurs, curieusement, sont heureux de voir beaucoup d’étudiants recalés à l’examen. Car cela est synonyme de beaucoup de réclamations et donc beaucoup d’argent pour les professeurs.  Inutile a l’université de faire des réclamations de notes avec les mains vides. Cette situation est propre à toutes facultés. Pire, il n’est pas rare de voir un professeur donner des mauvaises notes aux étudiants afin de se remplir les poches au cours des réclamations.

Rappelons qu’après les examens et tout le long de l’année, on fait passer des étudiants aux classes supérieures.

 

 

 

A la FSJP, le sexe et les notes font bon ménage

La période des grands devoirs et des examens est un moment bien indiqué par les professeurs effrontés pour exiger des étudiantes, le «droit cuissage», pardon le sexe. C’est aussi la période convoitée par certaines étudiantes pour se prostituer contre les notes. A l’université, le sexe, les beaux yeux et les longs cous suffisent à certaines pour arracher des meilleures notes. Ce phénomène est qualifié dans le milieu universitaire sous la terminologie «de notes sexuellement transmissibles». «Le sexe des étudiantes est le seul avantage auquel les professeurs ont accès sans difficulté», nous rappelle un professeur assistant.

 

 

L’achat obligatoire des brochures, est une autre forme de corruption propre à toutes les universités de Bamako. L’absence d’une  bibliothèque digne de ce nom au niveau universitaire favorise l’élaboration et la commercialisation des brochures. Aussi, le non sérieux des profs oblige les étudiants à se rabattre sur les brochures. «Aujourd’hui, les brochures ont remplacés les professeurs qui ne se  fatiguent plus à donner, comme il se doit, des cours magistraux », s’indigne un agent de la cellule de communication du rectorat de l’université des sciences juridique.

 

 

L’élaboration des brochures est un business très fructueux au sein de l’université. C’est pourquoi, les brochures sont vendues dès les premières semaines de la rentrée aux étudiants au prix d’or. Leur prix varie entre 5000 et 10 000 FCFA. Selon un agent du rectorat qui préfère l’anonymat, cette pratique est contraire au principe de l’université mais elle s’est, malheureusement, étendue à toutes les universités de Bamako.

 

 

La confiscation des bourses des étudiants, des réquisitions scolaires et l’octroi de bourses à des étudiants fictifs, la vente des attestations à des personnes qui n’ont jamais mis pied à la faculté, sont d’autres formes de corruption auxquelles s’adonnent les agents de l’administration universitaire.

 

 

La fin de la corruption au sein de l’enseignement supérieur n’est pas pour demain car, il semble que ceux qui sont sensés de la combattre sont ceux-là même qui l’alimentent.

 

 

Ibrahim Yattara

 

 

Commentaires via Facebook :

10 COMMENTAIRES

  1. Brûler votre administration et brûler vous même avec comme ça on saura que vous êtes au sérieux. Quelques soit la pratique aussi peu orthodoxe qu’elle soit de la part de vos enseignant, vous n’avez aucun droit de détruire le peu d’infrastructure dont vous disposez et qui est en deçà de ce qui est normalement recommandé.
    Je ne dis pas que les NST et NTA (note sexuellement transmissible et note transmissible par argent), mais de la à dire que personne ne passe s’il ne paie pas ou ne se prostitue pas, il y a un pas.

    • qu’ils brulent la tete des profedsseurs si ca leur chantent. Apres nos etudes ici, nous allons terminer ce que nos papa ont commencés. L’Etat malien est un course de relais donc la main passe c’est eux qui seront les perdant s’il n’apprennent pas a se servir de leur tetes pour faire du changement

  2. Le poisson pouru toujours par la tete. Les premiers responssables sont le gouvernement, et l’administration, ensuite vient les etudiants. Le gouvernement doit donnés aux etudiants les outils necessaires et indispenssables pour etudier. Il faut une bibliotheque digne de se nom, des amphis. Quant à l’administration,elle a tout simplement demissionnée. Il y’a certains professeurs qui doivent être tous simplement remerciés. Il faut interdire les sortis.

  3. C’EST BANDE VAURIEN RENUNIS NE CONNAISSENT RIEN,SI CE N’EST LA BELLE VIE.FAITES UN TOUR A LA FACULTE POUR ASSISTER A LA SOUTENANCE D’UN ETUDIANT TERMINALISTE EN DROIT,VOUS VERREZ LE NIVEAU REEL DE CES CHENAPANS.DES GENS QUI NE PEUVENT MEME PAS DEFINIR CORRECTEMENT LE DROIT.
    IL FAUT TOUT BRULER,LA FSPJ,LE RECTORAT,KOULOUBA,MEME BAMAKO. 👿 👿 👿 👿 👿 👿

  4. Oui, c’est vrai que si les étudiants cassent leur administration ils font du tord à eux mêmes, là n’est pas le problème ils l’ont cherché mais ils doivent répondre devant la justice.

    Par ailleurs, le journaliste n’a pas parlé de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion qui semblerait être la faculté la mieux structurée et mieux ordonnée et qui soit épargnée dans une grande mesure de ces pratiques de corruption sinon de ces nouvelles techniques de corruption et pour preuve cette faculté tient la deuxième session d’examens le 23 septembre prochain contrairement à ce que le journaliste a écrit comme quoi il n’existe plus de 2e session à l’université. Donc pour confirmer mes propos car selon l’administration de cette faculté, l’organisation d’une 2e session est un droit pour les étudiants et ça couvre à toutes velléités de mesures d’accompagnement, contraire aux règlements universitaires. Le Doyen de la faculté Pr. Ousmane Papa KANTE est à saluer dans l’atteinte de la qualité.

  5. Si l’on ne pensais pas aux rares innocents assidus et à l’argent du contribuable ,on allait vous dire “brûler” pour qu’on en finisse avec cette fac qui ose prendre un hors la loi comme parrain et qu’on reparte sur de nouvelles bases

  6. thanks Kassim. ils n’ont qu’à aller tout casser.est ce que c’est tout le monde qui peut saccager une faculté? hein? en avant tous!! pendant que l’on procèdera aux réparations, les enseignants continuerons à prendre leurs salaires et eux, ils seront en train de se pavaner dans les rues fiers d’eux, pendant que les fils de riches étudient à l’étranger pour prendre les rennes du pays. IBK avait raison sur le sujet, il suffit de chercher à savoir qui est fils de qui? qui est Tall? qui est son Père?Ignorance quand tu nous tiens….. étudiants de la FSJP allez tout casser et restez dans les rues.. vos pères ont été gouvernés, vous êtes gouvernés et vos enfants, petits enfants…. seront gouvernés par…… 😈 😈 😈 😈

  7. Les grands esprits se rencontrent de nouveaux…

    IBK et les Etudiants…

    Du boulot, mon Président..

  8. Comme cela ils sont malins au FSJP?

    Si tu brules l’administration de ton école===> il n’y aurait plus de preuves que tu fais partie de l’école à part ta carte d’étudiant et d’autres gadgets en ta possession qui pourraient être facilement contestés faute de pouvoir les corroborer avec des documents administratifs que tu aurais toi même contribué à brûler.

    Après tout, celui dont le parrain de la semaine de l’étudiant en droit n’est autre que le cancre capitaine devenu général en plastique non recyclable, n’en a cure de l’intelligence.

    Et pourtant on te dit que NUL n’est sensé ignorer la loi!

Comments are closed.