Ce jeudi 23 janvier, afin d’obtenir la satisfaction de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, le Collectif des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 a investi la rue.
Les raisins de la colère ont mûri du côté des enseignants maliens. En réaction à la décision du PM Boubou Cissé de recruter 15000 enseignants sortis des Instituts de formation des maîtres (IFM), le Collectif a organisé une marche de protestation. Au cours de cette manifestation, il a exprimé un coup de colère en égratignant le Premier ministre. En effet, il a jeté la pierre dans son jardin en l’invitant à démissionner par ces mots : «Boubou Cissé est une entrave à la liberté syndicale, une insulte au mouvement démocratique…il doit rendre le tablier ».
Cette marche avait été ajournée à cause du décès du ministre de l’Education nationale, TémoréTioulenta. Largement observée, elle a eu lieu presque dans toutes les capitales régionales, les cercles et arrondissements du pays avec comme mot d’ordre l’application de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018.
A Bamako, la manifestation est partie de la Place de la Liberté au Monument de l’Indépendance en passant par l’échangeur du cinéma Babemba. Estimés à plusieurs milliers d’enseignants, tout de rouge vêtus avec un foulard autour de la tête ou attaché au bras, les manifestants brandissaient des banderoles et pancartes en scandant des slogans hostiles au régime en place. En effet, sur les pancartes, on pouvait lire «Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 exigent l’application de l’article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 », « L’État n’est pas une propriété privée de Boubou Cissé », « Aucun enseignant n’a appris à un élève à ne pas respecter la loi », « Une trêve sociale ne se décrète pas, ne rime pas avec l’injustice sociale », «Tout gouvernement responsable doit respecter les lois de la république et ses enseignants », «Qui a appris i, o, a à IBK et son premier ministre ?». Les leaders ont par ailleurs traité le régime d’incompétent.
Moustapha Djitteye du SNEC en a profité pour s’en prendre à la personne du Premier en indiquant qu’il ne les dérobera pas de leur objectif. «Son intimidation et sa distraction ne marcheront pas », a lancé l’enseignant très en colère en prévenant que leur prochaine destination n’est autre que la primature. «Nous avons affaire à un gouvernement et un régime incapable», a-t-il renchéri en clamant la démission du Premier ministre pour être devenu, selon lui, une entrave à la liberté syndicale et une insulte aux acteurs du mouvement démocratique.
Pour Ousmane Almoudou du SYNEFECT, il n’est digne d’être républicain si on ne respecte pas les lois de la république. A ses dires, si le gouvernement du Mali ne se décide pas d’ici la nouvelle marche, les enseignants prendront leur responsabilité.
Le secrétaire du SYNEGEC, Sambou O Fofana, après avoir encouragé le Premier ministre à recruter les 15 000 enseignants, lui fera savoir que ni Boubou, ni IBK ne pourront les licencier.
La marche a été sanctionnée par une déclaration lue par le porte-parole du Collectif, AdamaFomba. Le Collectif des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, selon M. Fomba, ne demande que l’application d’une loi à travers son article 39 qui stipule que « toute majoration des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécialisée», a-t-il affirmé. Et de conclure que certains engagements pris par le gouvernement lors de la signature du procès-verbal de conciliation du 18 mai 2019 ne sont pas encore honorés. Il n’a pas manqué néanmoins de réaffirmer leur ouverture au dialogue. Le hic est que le Gouvernement, à travers le chef de Gouvernement, se défend vaillamment de faire obstacle à l’application de l’article 39 de la loi en question et évoque des dissonances sur les modalités de sa mise en œuvre. Celles-ci sont sans doute adaptées aux moyens de l’Etat sur lesquels le Premier ministre n’a jamais fait dans la langue de bois y compris lors de son interpellation par les députés sur les revendications catégorielles des enseignants.
Amidou Kéita