Dans sa ferme volonté de moraliser l’école malienne et après la fuite massive des sujets au Def et la tentative de sabotage des épreuves du Baccalauréat, le ministre de l’Education nationale, Togola Jacqueline Marie Nana, promet de sévir très mal. Car, selon elle, ce qui est arrivé lors de ces examens, est l’œuvre d’un réseau mafieux qui tire sa source au sein du département de l’Education depuis plus de 15 ans. Une affaire qu’elle a d’ailleurs confiée à la justice et des têtes vont tomber.
Lors d’un Conseil de Cabinet élargi tenu à son Département, le ministre de l’Education nationale, Togola Jacqueline Marie Nana, a fait le bilan à mi-parcours de l’organisation des examens de fin d’année, notamment du Def et du Bac qui ont été émaillés de fraudes et de fuites de sujets. À cette occasion, elle a fait de grandes révélations. Et des têtes vont bientôt tomber. Elle avait donc raison d’anticiper, même si la méthode n’a pas fonctionné.
À en croire Mme le ministre Togola Jacqueline Marie Nana, depuis son arrivée à la tête du Département de l’Education, son seul souci est de moraliser l’école malienne qui souffre de plusieurs maux. D’abord, il fallait donner un grand coup de balais aux orientations des élèves admis au Def. Des orientations qui étaient, avoue-t-elle, devenues un véritable business entre certains cadres du ministère et des écoles privées. Selon elle, elle a réussi ce pari en démantelant un réseau mafieux.
Concernant les examens du Def, elle dévoile que certains chefs de centres vendaient ou livraient des sujets aux élèves à 200.000 FCfa et des surveillants étaient corrompus à 15 ou 20.000 FCfa. Et d’ajouter que ce sont des cadres du ministère qui excellent en la matière, surtout qu’ils sont pour la plupart des promoteurs des écoles privées. Et dès qu’elle a découvert ce système qui ronge notre école, elle a décidé d’y mettre fin. C’est ce qui expliquait sa sortie à la télévision nationale pour affirmer qu’elle a pris plusieurs mesures et mis en garde les fraudeurs et leurs complices. «L’Etat malien sera intransigeant désormais face aux fraudeurs et leurs complices en période d’examens. Les fuites de sujets, les fraudes dans les salles d’examen et de correction sont terminées. Nous avons pris des mesures idoines pour enrayer le fléau», avait martelé Mme le ministre de l’Education nationale, Togola Jacqueline Marie Nana à la télévision nationale.
Avant d’ajouter que tout enseignant, directeur, conseiller, Dcap, qui sera pris en flagrant délit de fraude, sera purement et simplement radié et poursuivi en justice par l’Etat malien.
Autre mesure annoncée : c’était l’augmentation des primes de surveillance de 3 800 FCfa à 4 000 FCfa par jour et l’augmentation des primes de correction des feuilles d’examens. Histoire de soulager financièrement surveillants et correcteurs.
Poursuivant dans sa logique, après avoir constaté des fraudes massives et des fuites de sujets au Def, elle avait renforcé sa stratégie pour que cela n’arrive pas au Bac. Peine perdue, c’était sans compter sur les réseaux des fraudeurs qui se la coulent douce au sein de son Département. Bien avant, elle avait pris le soin, rappelons-le, de changer la majorité des DAE et Dcap et de limoger le Directeur du Centre des examens et concours, espérant avoir là trouvé une solution idoine. Mais, en vain. Ce que Mme le ministre de l’Education nationale déplore, c’est le fait qu’on l’accuse d’avoir remplacé ces anciens DAE et Dcap par ceux proches du parti présidentiel, le Rpm. «Parmi tous ces DAE et Dcap, il y a deux seulement qui sont de mon parti, tous les autres sont d’autres colorations politiques en fonction de leurs compétences», a-t-elle martelé.
«Quand nous avons appris que des épreuves de Bac se vendaient à 60.000 FCfa, nous avons changé de stratégie et avec l’aide de la Sécurité d’Etat (S.E), nous avons pu avoir des écoutes téléphoniques. Nous avons mis tous ces éléments sonores à la disposition de la justice afin qu’elle puisse faire correctement son travail. Et dans les jours à venir, la vérité éclatera. Les fraudeurs et leurs complices, impliqués de près ou de loin, seront démasqués et sanctionnés conformément à la loi. Nous sommes dans cette dynamique et rien ne nous empêchera d’accomplir notre mission régalienne, même si nous avons des détracteurs tapis dans l’ombre», a-t-elle conclu.
Autant dire que l’on doit s’attendre dans les jours à venir à ce que des têtes tombent, surtout que selon Mme le ministre, cette pratique mafieuse est courante depuis plus de 15 ans avec des ramifications profondes au sein du Département de l’Education nationale. «Toute personne, quel que soit son encrage politique, qui serait impliquée dans la pratique de fuites et de fraudes, sera traduite devant la justice. À l’heure que je vous parle, le dossier est entre les mains de nos partenaires de la justice. Cette affaire dépasse ma personne. Car, c’est l’image du pays qui est en jeu. J’ai le soutien du Premier ministre qui m’a encouragée à ne pas me dévier de ma vision. Mes collègues m’ont aussi rassuré de leur soutien pour cette grande campagne de nettoyage du secteur de l’éducation», a-t-elle promis.
Bruno LOMA