Françoise Ackermans: «une très grande majorité d’écoles vont pouvoir rouvrir au Mali»

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Les enfants se dépêchent de rentrer chez eux après l'école, alors que des coups de feu et des explosions retentissent à Gao, le 21 février 2013. REUTERS
Les enfants se dépêchent de rentrer chez eux après l’école, alors que des coups de feu et des explosions retentissent à Gao, le 21 février 2013.
REUTERS

Au Mali, on prépare activement la rentrée scolaire qui aura lieu début octobre 2013. Près de 200 écoles ont été détruites ou pillées l’an dernier dans le nord du pays ; des enfants et des professeurs avaient pris la fuite. Il s’agit donc cette année de permettre aux enfants qui ont subi les conséquences de la guerre mais aussi des récentes inondations, de retrouver le chemin de l’école. Pour cela, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) travaille aux côtés des autorités maliennes. Françoise Ackermans est la représentante de l’Unicef au Mali. Elle est l’invité d’Anthony Lattier.

RFI : Dans quelles conditions va s’effectuer la rentrée scolaire au Mali ?

Françoise Ackermans : Il y a beaucoup d’espérance et le slogan que nous allons lancer, tous ensemble avec le ministère de l’Education, c’est « la paix est de retour et l’école aussi ». C’est plutôt un message d’espoir et une ambiance positive.

 

 

De nombreux enseignants du Nord avaient fui vers le Sud l’an passé, devant les combats. Sont-ils rentrés chez eux ?

Enormément d’enseignants avaient fui comme vous l’avez dit, et 56% [d’entre eux] sont retournés dans le Nord, donc il en manque encore beaucoup. Néanmoins, on espère qu’ils vont remonter maintenant, petit à petit, pour pouvoir s’engager pour la rentrée scolaire.

 

 

L’an passé également, les classes étaient surchargées. Est-ce que ce sera le cas aussi cette année ?

Malheureusement je crois que les classes vont rester surchargées. Quand vous parlez de classes surchargées, je crois qu’on a du mal parfois à imaginer ce que ça représente. Dernièrement, quand j’étais à Gao, je suis rentré dans une classe d’enfants de 6-7 ans, ils étaient 168, assis par terre parce que les bancs avaient été brûlés par les jihadistes. Vous n’imaginez pas le nombre que ça représente, c’est vraiment impressionnant. Alors on aura du mal, cette année, à avoir beaucoup plus d’espace et beaucoup plus de classes.

 

 

Justement dans quelles conditions matérielles les enfants pourront-ils étudier ?

Il y a différentes opérations qui sont en cours avec tous les partenaires. Une grande priorité est d’avoir des bancs. Presque tous les bancs avaient été brûlés ou détruits. Une stratégie est mis en place pour fabriquer des bancs sur place, dans le Nord, mais aussi bien sûr, on en importe.

 

 

Et puis surtout, il faut des petits sacs avec du matériel, des crayons, des cahiers, des gommes, pour les élèves, mais aussi pour les enseignants parce qu’eux aussi avaient beaucoup perdu. Donc ça c’est toute la partie « ardoise ». Il y a aussi toutes les petites réparations à effectuer.

 

 

Toute la partie « software », c’est la partie formation des enseignants. Il faut aussi citer [le volet] qui est encore en cours, à savoir soutenir le gouvernement pour avoir des cours accélérés, pour que les enfants puissent rattraper tous les mois qu’ils ont perdus. Il a aussi tout le côté formation psycho-sociale, parce que ces enfants – du Nord comme du Sud d’ailleurs -, ont encore des traumatismes très importants. Quand j’étais dans une école, à un moment donné il y a eu un grand bruit à l’extérieur, qui n’avait rien à voir avec des bruits d’armes et tous les enfants sont partis en courant. Donc il y a encore beaucoup de traumatismes à récupérer.

 

 

Les écoles pourront-elles toutes rouvrir ?

Les écoles ne pourront pas toutes rouvrir, mais une très grande majorité oui. Il y a beaucoup d’enfants qui remontent déjà. On a une cartographie qui s’affine au fur et à mesure et on est relativement positif.

 

 

Quelle est la situation à Kidal ?

La situation à Kidal est encore plus difficile. Malheureusement, l’accès à la ville est encore très limité pour les humanitaires et donc pour nous aussi. Je crois qu’on commence à faire notre première mission à Kidal, d’une journée. Normalement, les quelques écoles qui sont là-bas pourront rouvrir elles aussi. Et on est, maintenant, en train de mettre en place tout un soutien aux écoles nomades, qui existaient avant et qui étaient une thématique un peu trop délaissée ces dernières années. Ce sera pour les mois qui viennent.

 

 

Quelles ont été les conséquences des inondations ?

Là, dans la capitale, ce sont les écoles qui servent d’abris. Et aujourd’hui, on a encore cinq écoles, cinq grandes écoles, des complexes scolaires, qui servent d’abris temporaires. Donc il va falloir tout faire pour que ces écoles soient libérées avant la rentrée scolaire. Dans le Nord, notamment à Tombouctou, il y a eu de grosses pluies qui ont abîmé des écoles en banco [un mélange de terre crue et de paille, ndlr]. D’habitude, le ministère s’organise pour rajouter une couche de banco avant la saison des pluies qui va la protéger. Cette fois-ci, pour des tas de raisons que vous connaissez, ça ne s’est pas fait. Il y a quatre écoles qui sont terriblement abîmées, nous sommes en train d’envoyer neuf grandes tentes de 72 m2, pour répondre aux premiers déficits. Mais cette semaine, il y a une équipe qui fait le bilan de la situation aussi à Ségou, une autre région qui a été affectée aussi par les inondations et où il semblerait aussi qu’il y ait des écoles endommagées.

 

Par Anthony Lattier / par RFI

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1 commentaire

  1. Cette dame de unifec fait du bon travail… du courage Francoise… Nous parents avons besoin de votre assistance pour l’éducation et l’avenir de nos enfants…. Dieu vous benisse et benisse votre noble agence….

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