Les promoteurs d’écoles privées savent si bien parler des routes droites et emprunter des chemins tortueux. Du moins, le promoteur du Collège Fraternité s’est battu bec et ongles contre l’introduction du syndicat d’enseignants dans ses établissements scolaires, allant jusqu’à qualifier l’initiative de complot ourdi contre sa personne. Aux citoyens remontés contre lui, il accrédite plutôt la thèse d’incompatibilité de calendrier dans son explication de la source de la discorde l’opposant à un enseignant venu d’une autre école et qui comptait, selon lui, contre vents et marrées, installer le même jour le syndicat au Collège Fraternité. A l’en croire, ni ses enseignants ni lui n’avaient sollicité sa mise en place. Des échanges durs au domicile du promoteur qui auraient vite tourné à l’administration de coups de poing au promoteur.
Au Complexe Doulaye Baba, on a choisi la même stratégie de défense, en jouant les victimes. Ici, le promoteur a écarté d’un revers de main toutes les offres de dialogue. Y compris celle de Ben Kattra, secrétaire généra du Syndicat national de l’enseignement et de la culture (SNEC) dont les syndicats « non désirés » y sont affiliés. Ici comme ailleurs, on croit pouvoir régler le problème par la saisine de la justice. Qui a libéré sous caution en début de semaine dernière les deux enseignants Abdoulaye Fotigui Berthé et Soumaïla Berthé emprisonnés.
A peine les échos de leurs propos perdus dans la nature qu’ils nous rappellent à leur souvenir. En observant le mot d’ordre de grève lancé par l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM) à laquelle militent le Collège Fraternité et le Complexe Doulaye Baba. En effet du lundi 25 au 28 avril derniers, à l’appel de cette association les écoles privées de l’enseignement secondaire- général, technique , professionnelle- et medersas ont fermé les portes en guise de protestation contre les prélèvements à la source d’impôt effectué au ministère de l’Education nationale.
Le ridicule ne tue plus. Promptes à défendre leurs intérêts, elles dénient à d’autres l’exercice de leurs droits : la liberté de constituer un syndicat. Elles parlaient de moment mal venu pour la mise en place de syndicat- à quelques encablures des examens de fin d’année– mais chaussent les bottes des premiers en la matière. A la différence des promoteurs d’écoles le ministère de l’Education nationale n’a pas usé de menaces et eu besoin de recourir à la force publique pour qu’elles s’acquittent de leur impôt. Personne n’a vu des promoteurs d’école menottés alors que ces derniers sont friands de telle méthode contre leurs pairs enseignants. Non plus, Barthélemy Togo n’a crié à l’insubordination, au trouble à l’ordre public et aux insultes proférées contre sa propre pour justifier le bien fondé de son action à l’inverse de ceux qui ont tendance à faire croire à l’opinion publique nationale que les enseignants totalisant deux décennies dans leur établissement sont quasiment sans éducation.
La Rédaction
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