L’universitaire Dr. Etienne Fakaba Sissoko est de ceux qui sont d’avis que le fiasco du bac nécessite de situer les responsabilités et une enquête sérieuse et approfondie. Mais pour Dr. Sissoko, qui estime que le départ du directeur du Centre des examens et concours ne suffit pas, cette démarche implique obligatoirement le limogeage de Mme le ministre de l’éducation nationale et la reprise pure et simple des épreuves du bac pour, dit-il, la crédibilité même de notre école.
Le fiasco dans le déroulement des épreuves du baccalauréat malien a inspiré le service débat de la station radio “Renouveau FM” qui en a consacré le thème de sa livraison du samedi 14 juin dernier.
L’émission, co-animée par Ibrahim Nabi Sogoba et Antoine Dembélé, a enregistrée la participation de Seydou Traoré de la Cellule de communication du ministère de l’Education nationale, Adama Coulibaly de l’association “Appel du Mali” et de Dr. Etienne Fakaba Sissoko, chargé de cours à l’université de Bamako.
D’entrée de jeu, le président de l’association “Appel du Mali” n’a pas caché son indignation face à ce qualifie “d’irresponsabilité” dans l’organisation du bac 2014. Pour Adama Coulibaly, jamais dans l’histoire du Mali, le bac n’a connu un tel sabotage. Le militant de la société civile, est catégorique : “dans le changement promis par le président IBK dès son arrivée au pouvoir, le secteur éducation a véritablement échoué”. Le bac, dit-il, en est l’illustration parfaite. “On pouvait éviter cet échec en ajournant le bac dès que Mme le ministre a vu la fraude venir”, propose-t-il.
Pour Adama Coulibaly, les conséquences doivent être immédiates et Mme le ministre Jacqueline Marie Nana doit être remerciée du gouvernement.
Reprendre le bac
Mais cet avis est loin d’être partagée par Seydou Traoré, représentant le cabinet du ministre. Pour lui, si le bac avait été reporté, cela serait un aveu d’impuissance face aux fraudeurs. Et M. Traoré de renchérir que la démission de Mme le ministre n’est pas à l’ordre du jour. Au contraire, explique-t-il, en procédant à la suspension du directeur du Centre national des examens et concours, Mme Jacqueline Nana a pris ses responsabilités. Pour Seydou Traoré, qui félicite le ministre pour “son esprit d’anticipation”, les enquêtes détermineront les vrais auteurs. Selon lui, ni le report, ni l’annulation, ne sont la solution.
L’argument est balayé d’un revers de main par Dr. Etienne Fakaba Sissoko. Pour le chargé de cours à l’université de Bamako, qui rejoint la position du Syndication national de l’éducation et de la culture, Snec, “il faut annuler les épreuves du bac et organiser de nouveaux examens”. “En termes de budget, certains diront que c’est couteux. Mais face à la crédibilité de notre école, de notre pays et des diplômes qui seront délivrés demain, ceci est absolument nécessaire”, argue Dr. Sissoko, indigné par les conditions pénibles dans lesquelles les lycéens ont passé les épreuves.
Certains centres ont été déplacés à la dernière minute, des élèves ont commencé les épreuves vers 13 heures pour terminer tard dans la soirée, nécessitant de se procurer de bougies ou de lampes à pétrole dans des centres non encore électrifiés. Bref, Dr. Etienne Fakaba, le spectacle est révoltant, et la chaine d’organisation des examens a lamentablement échoué. “La suspension du directeur du Centre des examens et concours ne suffit pas. Il faut aller au delà”, préconise Dr. Sissoko, qui réclame la démission pure et simple de Mme le ministre de l’éducation pour “incapacité”.
“Vous ne pouvez pas réussir une enquête sérieuse sans le départ de Mme le ministre. Elle a placé sa confiance en des gens qui ont été défaillants. Elle doit assumer ses responsabilités. Et la décision sage c’est de rendre le tablier en attendant les résultats des enquêtes”, assène Dr Etienne Fakaba, auteur d’une thèse de doctorat sur “la contribution de l’éducation à la croissance économique en Afrique de l’Ouest : cas du Mali”.
“La fuite des sujets et les fraudes massives, nous ont révélées qu’il existe un réseau mafieux au sein du département. Il faut le démanteler et relever tous les directeurs d’Académie concernées par la question”, a déclaré Dr. Sissoko qui dénonce les nominations politiques à des postes trop stratégiques, l’amateurisme, la médiocrité et l’impunité dans la conduite des questions liées à l’éducation. “Si nous voulons réussir le défi du développement, nous devons prendre notre éducation au sérieux”, prêche l’universitaire qui craint la banalisation de nos diplômes et la crise de ressources humaines compétentes pour notre pays dans le futur.
Ibrahim Nasser
Journaldupeuple.com
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FUITE DES SUJETS DU BACCALAUREAT: Les aveux d’impuissance du ministre de l’Education nationale
Après la fuite massive des sujets d’examen du DEF, nous espérions que le ministre de l’Education nationale allait tirer les enseignements nécessaires pour arrêter l’hémorragie. Mais hélas, le festival devait se poursuivre la semaine dernière avec le baccalauréat malien. Nous avons vu à la télévision nationale un ministre désabusé, démoralisé avouant son incapacité à gérer la situation. Et aller chercher protection politique et réconfort moral auprès de la commission éducation, culture et nouvelles technologies de l’Assemblée nationale. Tout ce qu’elle a pu dire aux Maliens, c’est de nous faire écouter un enregistrement “la sauce est elle prête ?… D’ici le crépuscule“.
“En tant que ministre de l’Education nationale, j’assume ma responsabilité”. Bien entendu Madame, la vérité, c’est que, la ministre Togola Marie-Nana Jacqueline est le principal responsable de cette catastrophe. Pour ses contestables choix et mal réfléchis. Nous continuons à croire que la ministre a choisi le mauvais moment (à l’approche des examens) pour relever au moins soixante pour cent des directeurs d’académie et des directeurs de Cap, les chevilles ouvrières de l’organisation des examens et concours. Et leur remplacement, à en croire notre confrère du Sphinx dans sa parution du vendredi 13 juin 2014, par des cadres du RPM (parti du président IBK). Le confrère d’ajouter que “plus d’une quarantaine de cadres du RPM ont été placés à la tête des Cap”. D’où le fiasco. Pour le Sphinx, “c’est la rançon de la politisation extrême du système éducatif”.
Face à cette situation, le ministre de l’Education nationale doit tirer tous les enseignements nécessaires et “assumer sa responsabilité” comme l’a fait le désormais ex-ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga, après la déroute de nos forces de défense et de sécurité, le 21 mai dernier, lors de l’attaque de Kidal. Si SBM a démissionné, à notre avis, Mme Togola Marie-Nana Jacqueline doit lui emboiter le pas. Ou sinon, il appartient au chef de l’Etat et au Premier ministre de la démettre de ses fonctions, pour incompétence, manque d’autorité et mauvaise lecture de la situation.
Il est urgent que le président de la République s’assume. IBK l’a affirmé mainte fois, “ce n’est pas le RPM qui m’a élu, c’est le peuple malien”. Au nom des 77 % des Maliens qui ont porté leur confiance en vous, assumez vous, M. le président ! Les dérapages s’accumulent dangereusement et il est temps de sévir.
Notre forte conviction dans cette affaire est que Mme Togola Marie-Nana Jacqueline, certes enseignante mais très loin de l’école depuis un moment, ne peut pas relever les défis actuels de l’école malienne. Elle n’a ni la carrure ni l’étoffe politique pour réussir.
Mafila
Ne dit on pas que l’échec d’un être est également sa source d’inspiration pour se reconstruire, espérant que tous ces déboires serviront au prochain ministre de l’éducation. même si la démission de l’actuelle m’étonnera, puisque le chef du gouvernement a été incapable de le faire lors de sa gestion catastrophique de son passage à Kidal pourquoi le fera t elle et lui ne pourra point l’imposer par pudeur! QUE DIEU SAUVE LE MALI.
La démission du Ministre n'est pas la solution. Je reconnais qu'elle est allée trop vite en besogne. On ne combat un système ni seul ni avec des slogans de ménaces.Seule, elle ne peut rien contre cette fraude qui s'est érigée en système. Elle a été courageuse par son engagement, mais dans ce pays c'est un crime de bien faire ou d'être droit .Elle a besoin du secours de tous pour enrayer ce fléau.
Les fraudes dans nos examens sont imputable à l’Etat surtout les différents régimes qui se sont succédé depuis la chute de Moussa TRAORE.
D’après IBK dans son discours de campagne « Depuis 15 ans, la société malienne regarde, sans réagir, son école s’effondrer, prise en otage par les corporatismes et rongée par une corruption morale et une violence croissantes. L’école malienne traverse une crise majeure, qui deviendra demain une crise sociale profonde si rien n’est fait pour y mettre fin. ».
est devenue une entreprise pour certains cadres se souciant plus compte du profit personnel qu’ils tirent du système que du niveau de nos enfants. Cette prise d’otage est centrale et génératrice de problèmes secondaires : les méthodes de lecture en vigueur depuis plus d’une décennie, les innovations pédagogiques incessantes faisant de notre école publique un champ d'expérimentations pédagogiques et de nos élèves des cobayes, le parachutage des innovations sans concertation des enseignants à la base, le faible niveau de la jeune génération d’enseignants victime du système etc.
Les fraudes massives dans nos écoles sont une conséquence de cette mauvaise formation. Je crois qu’il faut attaquer le mal à sa racine, commencer par bien former nos enfants depuis le premier cycle de l’enseignement fondamental. Les élèves cherchent à frauder aux examens parce qu’ils sont mal formés .Un élève qui, n’a pas de niveau et qui est ambitieux, emprunterait tous chemins pour parvenir à ses fins .Un élève bien formé n’a pas besoin de frauder pour réussir ses examens. Quand les élèves n’auront plus besoin de frauder, les enseignants n’auraient plus le choix car sans corrupteurs point de corrompus.
Nos élèves ne savent plus lire et les autres disciplines sont liées à la lecture. Apprenons à lire à nos élèves en retournant à la méthode syllabique de lecture.
Pour minimiser la vente de sujet pourquoi ne pas choisir 10 ou 20 sujets pour la même matière et choisir le vrai sujet à quelques minutes de l’epreuve.La technologie actuelle est favorable à cette alternative. Les vendeurs de sujets ne pourront point convaincre un parent corrompu avec une proposition de 10 ou 20 sujets.
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