Fermeture des écoles Collège Horizon au Mali : Deux membres de la majorité s’affrontent à l’hémicycle

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La cohésion au sien de la majorité présidentielle est plus que crispée. Après l’interpellation de l’ancien ministre du Développement rural, Dr Bocary Tréta sur le dossier des engrais frelatés par le député de l’Adema, Bakary Koné, le ministre de l’Education nationale Mohamed Ag Erlaf  était, le jeudi dernier, dans le collimateur d’un autre élu de la mouvance présidentielle dans l’affaire dite des écoles Collège horizon. Cette interpellation fait suite à plusieurs tentatives vaines de dissuader le député dans sa démarche, selon des sources proches de la majorité.

Le jeudi dernier, le député Zoumana N’Tji Doumbia s’est donné à cœur joie en malmenant le ministre de l’Education nationale, Mohamed Ag Erlaf. Ce dernier a utilisé tout le tact nécessaire pour se sortir d’affaire, donnant du coup un débat très houleux. Dans ses prises de position, le ministre a tenté de couper court aux rumeurs sur l’Arrêté d’abrogation des autorisations de création des écoles Collège horizon au profit de la Fondation Maarif. «Le Collège Horizon ne dispose plus de statut légal pour exercer en République du Mali. Ce transfert fait suite à la signature d’un protocole entre notre pays et la Turquie.  En retirant à ‘’Collège Horizon’’ le droit d’exercer dans le secteur éducatif au Mali, aucune loi n’a été violée». C’est en  ces termes que le ministre a planté le décor du débat face à l’élu de Bougouni.       Une heure de débat très houleux entre deux personnalités politiques de la majorité, sous la conduite d’un arbitre bien inspiré pour assurer la police des débats, le président de l’Assemblée nationale Issaka Sidibé.  D’un côté comme de l’autre, chacun est resté sur sa position, avec l’argumentaire nécessaire  pour justifier le bien-fondé de sa démarche. Pour son premier passage au pupitre, le député de Bougouni a invité son interlocuteur d’apporter des éclaircissements sur certaines zones sombres qui entourent, selon lui, cette affaire.  Les préoccupations auxquelles le ministre Mohamed Ag Erlaf  devrait apporter des éléments de réponse pour édifier le parlementaire portaient essentiellement sur les raisons de la fermeture des écoles Collège Horizon, l’opposition des parents d’élèves à cette décision, le choix de la Fondation Maarif et le sort des  3 200 enfants. L’interpellateur, dans sa démarche, a estimé que le gouvernement du Mali  a violé la loi de 2012, relative à la création et à la gestion des écoles privées en retirant à Collège Horizon le droit de s’occuper de ses établissements scolaires au profit de la Fondation Maarif. Selon lui, rien ne justifie une telle décision qui met en péril l’avenir des milliers d’enfants. «Le Mali est un pays souverain. La Turquie ne peut pas dicter des ordres à l’Etat souverain du Mali. Le Mali n’est pas sous le protectorat de la Turquie. En République du Mali, toute société qui remplie les conditions est autorisée à ouvrir une école. Pourquoi la fondation Maarif n’ouvrirait-elle pas des écoles en République du Mali », a-t-il interrogé. Maitrisant bien son sujet, le  ministre a résumé les préoccupations du député en huit points.            Ainsi, il a apporté les éléments de réponse, tenant compte du protocole d’accord signé entre les deux pays, et la détermination du gouvernement, à travers le département de l’Education nationale,  à veiller au respect des engagements du partenaire turc. «La décision de fermeture des établissements Collège Horizon est un processus qui a commencé en 2016. Le protocole d’accord du 12 août 2017 a été signé entre le gouvernement de la République du Mali et celui de la Turquie, représenté par le président de la fondation  Maarif, en vue de matérialiser cet accord politique entre deux Etats souverains. Cette décision découle logiquement des dispositions du protocole d’accord. Elle est conforme en particulier à la loi de 2012 portant création des établissements d’enseignement secondaire en République du Mali», a expliqué Ag Erlaf. Pour le ministre,  la non acceptation des accords entre le Mali et la Turquie par les parents d’élèves est une réaction qui n’engage que certains parents d’élèves dans la mesure où toutes les dispositions sont prises pour assurer la formation des enfants conformément à la loi malienne et aux besoins du gouvernement. Le ministre va plus loin pour justifier le choix de la Fondation Maarif. « L’Etat turc a reconnu la fondation Maarif comme seule habilitée à ouvrir des établissements turcs à l’étranger. Donc, ce n’est pas une décision du ministère de l’Education nationale. Cette reconnaissance ne constitue nullement une entrave au développement économique de notre pays, dès lors que la République de Turquie s’engage à créer, gérer et administrer des établissements privés d’enseignement allant du préscolaire  à l’université, des centres culturels et artistiques, des laboratoires, des bibliothèques, des centres de recherches, des infrastructures de logements pour les élèves et les enseignants; toute chose qui conforte notre système éducatif national. Non, nous ne mettons en péril l’avenir d’aucun élève malien. Le département que je dirige s’est engagé à contrôler la qualification des membres de l’équipe Maarif», a-t-il soutenu. Insatisfait des réponses,  le député pulvérise son interlocuteur par une nouvelle série de questions. Ainsi, le débat prend une dimension politique. « Que deviendra la fondation Maarif si l’on s’en tient à ce qui est fait avec le Collège Horizon aujourd’hui, qui était cité en matière d’excellence dans la coopération maliano-turque?». Le député enfonce le clou en  abordant  la capacité de la Fondation d’être au rendez-vous du 2 octobre, date de l’ouverture des classes. Selon lui, la fondation Maarif s’engage à reprendre l’actif immobilisé des établissements Collège Horizon. Sans détoure, le ministre réplique avec civilité à la nouvelle série de questions en ses termes : «La nouvelle série de questions a déjà trouvé des réponses. Dans mon propos précédent j’avais souhaité, pour ne pas ennuyer les députés, qu’on reste sur le sujet de l’interpellation. En matière d’éducation l’Etat rencontre des problèmes, mais on ne peut pas dire qu’il a failli. Je pense avoir dit l’essentiel pour informer l’opinion de manière saine et positive. Le reste des questions commence à devenir un tribunal. Je ne suis pas à la barre pour pouvoir vous le donnez».Cette affaire est la conséquence du coup d’Etat manqué contre le président turc, RecepTayyip Erdogan. Ce dernier  soupçonne son ancien allié devenu adversaire, Fétoulah Goullen, promoteur des écoles ‘’Collège Horizon’’,  comme principal commanditaire.

Nouhoum DICKO

 

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