Ces derniers jours sur le campus universitaire, les informations circulent si vite que l’on ne sait plus qui croire et que gober. La psychose persiste dans les facultés et grandes écoles. Le désespoir a atteint son paroxysme auprès des étudiants, qui ne savent plus à quel sain se vouer. La tranquillité des enseignants n’est qu’une facette. L’université dans son ensemble agonise et le comble de l’ironie est qu’aucune perspective de solution ne pointe à l’horizon. Des efforts considérables sont déployés par les plus hautes autorités en charge de l’affaire, mais le problème va crescendo. Et comme si cela ne suffisait pas, des rumeurs en ce qui concerne la fermeture de certaines facultés circulent de bouche à oreille. La confusion est telle, que la seule question qui vient à l’esprit est de savoir si cette information est fondée ou pas. Info ou intox ?
Intox : certainement oui dans la mesure où aucune décision officielle n’a été prise en la matière. Plus loin, aucune autorité universitaire ne s’est prononcée officiellement sur la question quand bien même que plusieurs enseignants ont demandé à partir dès le mois d’Août prochain en vacances.
Information : Oui eu égard à la situation actuelle dans laquelle se trouve l’Université de Bamako. Même le malien lambda qui se trouve dans les fins profondeurs de notre pays est conscient que l’université de Bamako est vidée de son essence. Elle ne répond plus aux attentes de la nation, encore moins aux exigences de l’heure tant sur le plan communautaire qu’international.
Autrement dit, même si l’information n’est pas actuellement fondée, tout porte à croire qu’un changement profond se prépare au sein du système d’enseignement supérieur. La révocation du Directeur Général du centre national des œuvres universitaires, la nomination du Professeur Salifou Berthé à la présidence du Rectorat de l’Université de Bamako, les multiples rencontres et consultations organisées par le ministre de l’enseignement supérieur dans sa dynamique de réorganisation du système d’enseignement supérieur, l’absentéisme caractérisé de certains professeurs et l’état de déliquescence spécifique de chaque structure sont autant de facteurs qui annoncent beaucoup de changements profonds et, par ricochet, présagent la fermeture de certaines facultés pour entamer une rentrée commune au mois d’octobre avec toutes les structures de l’université et doter ainsi notre pays d’une véritable université.
C’est-à-dire une université où les cours commencent en octobre/novembre et se terminent en Juin ou Juillet. Une université dans laquelle les étudiants ne sont plus considérés comme des ‘’Seigneurs’’ mais en tant que des apprenants qui méritent d’être assistés, accompagnés et mis dans les meilleures conditions tout en les sanctionnant en cas de forfait. Une université où les enseignants et les dirigeants ne se verront plus comme des adversaires, mais plutôt des partenaires et collaborateurs appelés à défendre les mêmes intérêts : ceux de la nation toute entière. Surtout, une université fermée à tout courant politique mais ouverte à toute politique sensée contribuer à la formation des étudiants et au développement du pays.
Si tels sont, en réalité, les arguments qui motivent ces rumeurs qui circulent de part et d’autre ; nos autorités pourront sans aucun doute compter sur la disponibilité des étudiants maliens qui en ont marre d’être la risée de tous. Surtout ceux de la faculté des sciences et techniques qui subissent toujours les tracas de l’année académique 2009/2010 ou encore de la faculté de médecine, celle des sciences économiques et celle des lettres qui en seulement quelques années ont perdu toutes leurs réputations.
Info ou intox, l’université de Bamako est au jour d’aujourd’hui en déphasage total avec ses missions et les ambitions de la nation malienne. Fermeture ou pas, des mesures audacieuses doivent être prises pour freiner cette conjoncture qui a pénalisé l’avenir de milliers et milliers de jeunes, tout en hypothéquant sur son passage le devenir de la nation toute entière.
FOUSSEYNI MAIGA