Les examens de fin d’année dans les écoles de santé qui ont débuté le lundi 18 juin 2012 vont-ils une fois de plus réveiller les vieux démons ? La suspension de certains élèves par leurs établissements déclenche une guerre triangulaire entre parents d’élèves-écoles de santé et l’Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS), organisateur de ces examens.
Ils sont 3825 candidats inscrits sur la liste des examens de différents cycles. Le lundi 18 juin 2012, début des examens de fin d’année pour les élèves en santé, ils ont été plus d’une centaine à ne pas pouvoir participer à ces évaluations.
Les raisons
Alors que les candidats convergeaient sur l’unique centre d’examen de Bamako, d’autres y sortaient la mine abattue. “Ce sont les élèves non autorisés à composer par leurs établissements”, nous dit-on. Et pourquoi donc ? “Nous n’avons pas vu nos noms sur la liste d’examen”, répond un d’entre eux sans autre commentaire. Une réponse laconique qui n’étanche point la soif d’un curieux. Il a fallu qu’ils se retrouvent par dizaines pour que l’on comprenne les mobiles de cette décision. “Pourtant, il ne me restait plus que le tiers de ma scolarité annuelle à payer, je pensais que qu’on n’oserait m’empêcher de composer”, lâche un des candidats non inscrits.
En fait, les candidats suspendus sont frappés par des sanctions à eux infligées par leurs établissements respectifs de commun accord avec leur l’Institut national de formation des techniciens en sciences de la santé (INFTSS), l’établissement étatique en charge de l’organisation, de la surveillance et de la correction des copies d’examens.
Dr. Issa Paul Diallo, membre du groupement des promoteurs des écoles de santé et promoteur de l’Ecole de formation des techniciens en santé (EFTSS), explique que la suspension des étudiants est la conséquence du non paiement ou du retard dans le paiement des frais de scolarités dus à leurs établissements. Mais, ceux-ci auront la chance de compétir en 2 eme session dès qu’ils se mettront à jour de leurs frais scolaires.
“Cette sanction n’était pas des moins attendues, car les promoteurs d’écoles de santé, ont passé toute l’année à alerter et les élèves et leurs parents pour qu’ils se mettent à jour dans le paiement de ces frais scolaires avant l’établissement des listes des candidats. De commun accord avec l’INFSS, nous avons décidé de conditionner la participation aux évaluations des candidats au paiement intégral de leurs frais scolaires”, affirme-t-il.
L’INFSS n’avait qu’à se souscrire à cette démarche quand on sait qu’il se fait une véritable manne financière avec les promoteurs d’écoles privés qui renflouent ses caisses à raison de 15 000 F CFA par candidat présenté ?
L’INFSS, l’innocent coupable ?
Souscrit à cette logique de sanction, l’INFSS joue à l’innocent et rejette toutes les responsabilités sur les promoteurs privés.
“Nous n’avons rien à avoir avec ce dossier. Les établissements nous ont envoyé des listes des candidats que nous avons validée”, explique le secrétaire principal de l’INFSS, Boubacar Almodjine Djitèye qui a piqué, hier jeudi 21 juin, une colère vive face à nos questions se rapportant à ces mêmes examens. Mais finalement, il s’est prété à l’exercice.
Il rejette toute la responsabilité sur les écoles privés et sur les élèves qui ne se sont pas acquité de leur droit vis-à-vis des établissements en question.
Il va jusqu’à dire que l’organisation des examens, selon les textes que ces écoles privées sont habilitées à organiser par elles-mêmes ces sessions. « Mais si elles se rabattent sur nous, elles sont tenues de participer aux dépenses. C’est pourquoi, il a été adopté le paiement par les mêmes privés les frais d’examens exigés par l’INFSS qui impose ce montant sur ses étudiants réguliers aussi que privés. Mais, les frais des étudiants étatiques sont pris en charge par l’Etat.
Il ressort des enquêtes menées par votre journal il y a 5 ans que l’INFSS n’est pas en bons termes avec les établissements qu’il verrait en concurrents. En son temps, les établissements privés reprochaient à l’INFSS de battre une concurrence déloyale à son égard avec des tarifs promotionnels alors même qu’il perçoit près de 2 milliards de F CFA en guise de subventions de l’Etat pour lui assurer une autonomie financière. Comme si cela ne suffisait pas il menait aussi une campagne de dénigrement sans précédent contre eux.
Il semblerait que ces mêmes pratiques subsistent malgré le changement à la tête de l’établissement. Mais la suspension de ces nombreux élèves semble profiter au concurrent (l’INFSS) qui veut imposer une session unique, celle que ces élèves suspendus, ont ratée. Un autre tacle posé contre les privés qui, selon un de leurs membres, reconnait que l’INFSS ne leur facilite pas la tâche.
Il faut rappeler que parmi les candidats suspendus, il y en a qui n’ont, non seulement pas reglé leur facture avec leur établissement, encore moins payé les frais d’examen qui s’élèvent à seulement 15 000 F CFA.
Sentant la menace réelle de leur établissement, certains de ceux-ci ont tenté de s’exécuter, la veille même du début des épreuves sans savoir qu’il était trop tard.
La seule solution semble l’organisation de la deuxième session qui semble hypothétique quand on sait l’INFSS soutient déjà l’impossibilité de sa tenue. Une thèse que les promoteurs refutent au motif qu’il y aura le temps matériel pour l’organiser surtout que les stages ruraux sont littéralement annulé pour des raisons d’insécurité dans certaines parties du territoire national. Ils exigent une dernière chance aux suspendus qui pourront composé en deuxième avec les candidats des régions du Nord.
Seront-ils suivis ?
Ousmane Daou