Les assises de l’assemblée générale statutaire de l’Association malienne des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (Ambad) se sont tenues le week-end dernier dans les locaux de la Bibliothèque nationale. En marge des travaux, nous avons rencontré son secrétaire générale, Ousmane Sidibé, qui nous parle ici de la vie de cette association. L’Ambad existe depuis 1978. Elle réunie tous les professionnels de l’information, en l’occurrence les travailleurs des bibliothèques et les archives.
L’observateur : Comment est venue la création de l’Ambad ?
Ousmane Sidibé : Elle est déjà vieille. Elle est à l’origine de plusieurs activités sur le plan national. Au départ, l’archivage était une fonction assimilée à la fonction d’enseignant, d’administrateur. On n’avait pas compris que c’est une fonction qui méritait une spécialisation. C’est l’association qui a emmené les autorités à consider l’archivage comme une activité professionnelle. Depuis 1982, il y a eu le statut particulier de ces fonctionnaires. Egalement, il y a eu la création de la filière de «métiers du livre et des archives» à la Flash. L’association a été sollicitée pour l’élaboration du programme et plus de la moitié des enseignants de cette filière sont constitués par les membres de l’association.
L’Ambad, une association mal connue ?
Je crois que c’est une question d’homme. Ça dépend des membres qui la constituent.
Quelles étaient les difficultés du mandat sortant ?
Je suis un habitué de la vie associative. Quand les gens parlent de difficultés, je n’en vois pas souvent. Parce qu’en fait, ce que les gens trouvent comme difficultés, c’est le fait que les uns et les autres ne fréquentent pas ou ne viennent pas régulièrement aux réunions. Je ne vois pas ça comme difficulté… Toute structure associative fonctionne avec le courage de deux ou trois personnes. Si ces derniers marchent, l’association fonctionne. Je crois que j’ai été parmi ces deux ou trois personnes et on a fonctionné. Je ne trouve pas de difficultés, personnellement.
Que préconise l’Ambad pour habituer les Maliens à la lecture ?
Je ne dirai pas tout à fait comme vous. Je crois que il y a eu dans la vie des Maliens des périodes. Au cours des 1ères années d’indépendance, nous n’avions pas beaucoup d’archives et de bibliothèques. Mais les gens aimaient lire. Il est rare de voir quelqu’un de notre génération qui n’a pas lu beaucoup de livres. Ensuite, il y a eu la crise de 78 où il y a eu beaucoup de problèmes à l’école. Elle n’était plus un lieu où l’on apprenait à lire. Ce qui sont sortis de cette période, pour la plupart, ils n’aiment pas lire. Ils sont aujourd’hui les plus nombreux. Heureusement, avec l’avènement de la troisième République, il y a eu un regain d’affluence vers les bibliothèques et les archives. Il y a eu l’Amlp depuis 78 et suivit de la création de l’Aflam. Avec l’arrivée de certains projets financés par la coopération française, il y a eu partout des bibliothèques publiques sur toute l’étendue de la République. S’il y a des bibliothèques, c’est qu’il y a des lecteurs. Je ne suis pas aussi découragé comme vous. Je pense que nous sommes sur une bonne lancée et nous allons y arriver.
L’appui de l’Ambad aux militants pour la conservation des documents ?
Dans le cadre des perspectives pour le nouveau bureau, nous avons pensé qu’il faut commencer à mener des études sur les habitudes de lecture au Mali, les comportements des lecteurs afin que nous puissions cadrer un peu ce que nous pouvons faire pour les Maliens. Ce que les structures documentaires doivent faire pour les Maliens. Si ces études sont faites comme nous le souhaitons, je pense que nous pourrions faire quelque chose.
Quelle est la position de l’Ambad par rapport au piratage des œuvres sur Internet ?
Avec l’arrivée de l’Internet, nous avons sentis que les gens sont plus tentés de lire au Mali. Ce que vous posez comme problème de droit d’auteur, la législation malienne, elle-même, prévoit de nombreuses dispositions concernant les livres à cet effet. Pour ce qui concerne les documents produits par les nouvelles technologies, il n’y a pas de législation en vigueur en la matière a part ceux concernant les bases de données qui peuvent être des bases de données informatiques. Mais, on les traite comme des données textuelles.
La place des manuscrits de Tombouctou dans le combat de l’Ambad ?
Nous nous occupons de tout. Il y a un an de cela, quand nous avons organisé un atelier ici à Bamako sur «le métier des sciences de l’information», l’une des structures auxquelles nous avons pensé fut le centre Ahmed Baba de Tombouctou. Son archiviste a été notre premier invité. Les manuscrits constituent une priorité pour notre association.
Propos recueillis par Abdoulaye OUATTARA“