Les disciplines scientifiques sont généralement la bête noire de beaucoup d’élèves notamment des filles qui s’orientent surtout vers les disciplines littéraires qui, pour elles, sont plus «faciles». Pour dissiper cette crainte chez les jeunes filles, la Commission nationale malienne pour l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et de la culture (Unesco) et pour l’Organisation islamique pour les sciences, l’éducation et la culture (ISESCO), en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le bureau Unesco de Bamako, a décidé d’organiser en septembre prochain la toute première édition du concours national scolaire dénommé «Miss sciences 2018».
Présidé par le ministre Assétou Founè Samaké Migan, le lancement officiel du concours national a eu lieu jeudi 28 juin à l’Hôtel Radisson Blu. «Miss sciences 2018» a pour objectif de susciter le goût et l’intérêt des disciplines scientifiques chez les jeunes filles. Il favorise aussi leur orientation vers les filières scientifiques et des carrières scientifiques dans le but de valoriser les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM). La compétition mettra aux prises 60 meilleures élèves filles des classes de 3è, 6è, 8è et 10è années sélectionnées dans les 20 académies d’enseignement de notre pays.
Les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie sont les disciplines qui seront soumises aux candidates. Pour participer à «Miss Sciences 2018», la candidate doit avoir une scolarité normale (ne doit pas avoir redoublé une classe). Elle doit aussi avoir une moyenne annuelle supérieure ou égale à 14/20 pour passer en classe supérieure et doit avoir dans les différentes matières du concours une moyenne annuelle supérieure ou égale à 14/20. Tels sont les critères exigés par l’Inspection générale de l’éducation nationale (IGEN).
À l’issue du concours une «Miss Sciences 2018» et ses deux dauphines seront choisies dans chacune des classes de 3è, 6è, 8è et 10è années). Chaque lauréate aura plein de cadeaux. La compétition est gérée par un Comité de coordination scientifique qui comprend les structures de promotion des femmes dans les domaines de la science et de la technologie.
Dans son discours, la secrétaire générale de la Commission nationale malienne pour l’Unesco-ISESCO, Mme Diallo Kadia Maïga, a rappelé que l’éducation est la première priorité. Elle est un droit fondamental, la base pour construire la paix et faire progresser le développement durable. Seules 17 femmes ont obtenu un prix Nobel de physique, chimie ou de médecine depuis Marie Curie en 1903 contre 572 hommes, a déploré la coordinatrice de «Miss sciences 2018», qui a ajouté qu’aujourd’hui, 28% des chercheurs du monde sont des femmes.
Cette disparité et cette inégalité s’expliquent par le fait que trop de filles sont bloquées par la discrimination, les préjugés, les normes sociales et les attentes qui influent sur la qualité de l’éducation que les jeunes filles reçoivent et les matières qu’elles étudient. La sous-représentation des filles dans l’éducation aux STEM est profondément enracinée et freine les progrès vers le développement durable, a soutenu Mme Diallo Kadia Maïga.
«Alors que nos filles et nos femmes sont des actrices clés de la création de solutions pour améliorer nos vies et générer une croissance verte. Elles constituent le plus important groupe de population non sollicité destiné à fournir les prochaines générations de professionnels des STEM. Nous devons donc investir dans leur talent», pense la secrétaire générale de la Commission nationale malienne pour l’Unesco-ISESCO. Mme Diallo Kadia Maïga a enfin précisé que le concours national scolaire «Miss sciences 2018» s’inscrit dans cette logique.
Après avoir fait observé une minute de silence à la mémoire du Pr Ogobra Doumbo, un des plus éminents scientifiques de notre pays, décédé le 9 juin dernier à Marseille (France), le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a rappelé que notre pays a d’énormes potentialités scientifiques. Celles-ci ont besoin d’être exploitées et mises au service du développement, a-t-il fait savoir.
Sur l’impulsion du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, le département de l’Enseignement supérieur a initié beaucoup d’actions en faveur de la promotion de la science, de la technologie et de l’innovation, a indiqué Pr. Assétou Founè Samaké Migan. L’élaboration et l’approbation de la politique nationale de la science, de la technologie et de l’innovation et son plan d’action 2017-2025, la mise en place et le fonctionnement d’un fonds pour booster la recherche scientifique, le Fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique (FCRIT) sont entres autres actions. S’y ajoutent la mise en place d’un Centre national d’éducation à la robotique, la journée de la renaissance scientifique de l’Afrique et la fête des sciences et le concours national «Miss sciences 2018».
Le ministre a par ailleurs remarqué que «Miss Sciences 2018» permettra à nos filles de s’inscrire davantage dans les filières scientifiques au niveau de nos écoles et, par ricochet, de multiplier le nombre de femmes scientifiques de notre pays à hauteur de souhait. «À vos marques, préparez-vous pour affronter le mieux ce concours. Inscrivez-vous davantage aux filières scientifiques pour un Mali meilleur dans la science, la technologie et l’innovation», a conclu Pr. Assétou Founè Samaké Migan.
Le défilé des jeunes portant des pancartes avec l’inscription des différentes disciplines scientifiques avec des photos de quelques femmes scientifiques de notre pays et leurs domaines de compétence et le témoignage d’une femme scientifique ont meublé le lancement officiel du concours.
Sidi Y WAGUE