La rentrée des établissements d’enseignement supérieur, en octobre 2011, que l’on attendait, est difficilement tenable, voire impossible. Les travaux de rénovation physique ont pris un sérieux retard et malgré le travail coupe-sommeil, abattu par les acteurs sur les autres aspects techniques, le bout du tunnel reste encore à découvrir.
Les maliens, dans leur ensemble, ont salué la courageuse décision du Gouvernement Kaïdama, de fermer les établissements supérieurs, pour plus de visibilité et pour plus d’organisation. Cette décision, faut-il le rappeler, fait suite à l’impasse dans laquelle, l’interminable et inutile grève de certains enseignants, a fini par plonger le Supérieur. Mais la décision quoique salutaire, est arrivée à un moment où l’école avait emmagasiné les problèmes, dont l’épluchage n’est pas un travail de deux mois, comme le voulait la mise en congé de l’Université. Trop de choses se sont cumulées sur la pauvre école malienne. Des problèmes faits de bric et de broc et dont la résolution dans la précipitation, pourrait en créer d’autres plus compliqués. Ainsi le temps des congés devra servir, sur le plan des infrastructures, à libérer les résidences universitaires, à rénover dortoirs, amphithéâtres et salles, à avancer notoirement sur les sentiers de Ségou et de Kabala. Sur le plan structurel ce temps est mis à profit pour scinder l’Université de Bamako en 4 pôles universitaires, plus fonctionnels et moins pléthoriques, à répartir les étudiants, à désigner des recteurs et à mettre en place des administrations pour chacune des nouvelles entités. Pour huiler le travail, une Commission universitaire a été mise sur pied, qui a travaillé d’arrache pied et produit un rapport édifiant, qui servira de tableau de bord. Un comité ministériel, avec des rencontres mensuelles, évalue les tâches afin d’informer à temps toutes les parties impliquées de ce qui est fait ou reste à faire et, afin d’harmoniser les actes à poser pour une plus grande synergie. Le Premier Ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, a effectué des visites sur les principaux chantiers et a donné des instructions fermes pour un rendement plus viable dans les travaux, notamment à Kabala où l’appui de nos amis de la coopération chinoise, devra, dans les jours à venir, nous aider à occuper les 40 hectares restants, par des salles, des amphithéâtres et d’autres commodités indispensables aux franchises universitaires. Tout est mis également en œuvre pour acheminer l’eau et l’électricité sur les différents chantiers. Sur le plan des rénovations, notamment à la FAST, force est de constater que les choses n’ont vraiment pas bougé. Les salles et les dortoirs ont été entièrement libérés, mais il semble qu’à cette date encore, aucune entreprise n’a été désignée pour les travaux. La Direction Générale des Marchés Publics DGMP, semble s’être endormie avec le dossier d’appel d’offres, ignorant l’urgence nationale que représente l’Ecole. Sans opérateur, pas de travaux et sans travaux, pas de rénovation donc, pas de salle, pas d’amphi ou de dortoirs pour octobre. Un bémol de taille à la dynamique enclenchée. Ceci n’est pas le seul problème. La question du nombre insuffisant d’enseignants de qualité est un autre casse-tête pour l’Enseignement Supérieur. Une idée est entrain cependant de faire son petit bonhomme de chemin et c’est peut-être la solution alternative dans l’immédiat. Il s’agit d’une sorte de TOKTEN interne qui permettra de mettre à la disposition de l’Enseignement supérieur des cadres compétents de l’Administration d’Etat, là où cela est possible, pour palier au manque d’enseignants qui persiste.
Aujourd’hui, toute perte de temps aura des conséquences incalculables sur la réforme tant souhaitée par notre peuple pour son Enseignement Supérieur. Ainsi les nouveaux pôles universitaires gagneraient à s’inspirer des textes de celle de Ségou déjà existants et validés et réputés plus fonctionnels que ceux de Bamako. Tout en poursuivant sa politique de recrutement d’enseignants, le Gouvernement doit aussi explorer d’autres pistes qui nous feraient gagner en temps et en efficacité. Il doit songer aussi à rendre plus enviable la fonction enseignante par une amélioration des conditions de vie d’un corps qui, à tort ou à raison, passe plus de temps en grève qu’au travail. En désignant par anticipation les équipes rectorales, le Gouvernement et le Conseil de l’Université, les aideraient à mieux se préparer à leurs prochaines responsabilités, en abordant la rentrée 2011-2012 avec moins de retard sur certains aspects de la vie universitaire. Ces nouvelles équipes devront se faire accompagner de secrétariats des examens (composés d’hommes et de femmes de rigueur) à l’image du Centre des Concours à la Fonction Publique, pour moins de fraudes aux examens et, éviter les déboires qu’on a connu jusque là et qui ont terni pour longtemps l’image de nos écoles. Une plus grande implication des syndicats d’enseignants, de l’AEEM et de la Société Civile serait un atout pour mieux expliquer les responsabilités et les attentes de chacun. Mieux vaut tard que jamais ; la cure qu’attendait l’Enseignement supérieur, a commencé lorsque le Gouvernement a eu le courage de s’arrêter pour mieux avancer. Il doit toutefois se donner les moyens, pour que tout aboutisse en beauté et qu’on reparte du bon pied, pour de bon, et, sans compromettre l’année académique qui s’annonce.
Karim FOMBA