Enseignement supérieur au Mali : Vers la fermeture de l’université de Bamako ?

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Les enseignants de l’Université de Bamako et des grandes écoles ont certes repris la craie, mais le mal semble être fait en cette année académique 2010-2011. Leur interminable « grève illimitée » a produit l’effet qu’on redoutait : conduire à une impasse qui enlèverait tout espoir de sauver l’année en cours.

Pendant que leurs camarades étudiants de la sous région viennent à flots, profiter des nuits torrides de Bamako pour se récréer d’une année de labeur et de 9 mois studieux, les nôtres n’ont pas encore fini de s’inscrire pour une année académique, techniquement déjà achevée. Ce rythme d’années sans tête ni queue, est devenu le vécu quotidien des étudiants maliens. D’abord par leurs propres faits et ensuite par ceux de leurs enseignants, ces deux dernières années. Mais cette fois-ci la pilule est dure à avaler. La multitude des problèmes et leurs effets collatéraux, rendent difficile, voire impossible, le sauvetage de l’année académique 2010-2011. Sans vouloir apparaître comme des prophètes de malheur, nous voyons mal, avec nos modestes yeux de scribouillards, comment diable fera le Gouvernement Kaïdama,  pour faire de deux petits mois, une année académique sérieuse et crédible. Ce que redoutait ATT, qui, a vraiment tout fait pour l’école, semble s’imposer par les faits à tout esprit pragmatique. L’année est foutue et c’est connu. La question qui se pose est de savoir comment casser l’œuf de cette année en lambeaux, pour en faire de bonnes omelettes pour les années à venir. Car sans cynisme aucun, l’inévitable fermeture qui se profile à l’horizon, peut se révéler très avantageux pour l’avenir de l’Université de Bamako.

Il est clair qu’une rentrée normale en octobre relève depuis des lustres du domaine de la nostalgie.  Depuis que l’école s’est transformée en une arène où l’on s’empoigne pour un oui ou pour un non, les rentrées se font à la débrouillardise et jurent avec les règles sacro-saintes de l’éthique. La fermeture éventuelle pourra donc être mise à profit pour préparer et réussir dans la sérénité de tous les acteurs une rentrée 2011-2012 en octobre prochain. Cette option est d’autant plus salutaire que la période vacante pourra servir à mettre en état de servir, les infrastructures existantes et en particulier les internats qui ne répondent à aucune norme d’hygiène. En effet la principale d’entre eux, qui est celui de la FAST, s’affaisse depuis un moment et représente un véritable danger pour ses occupants. L’un des problèmes de l’année académique en cours est le problème des états financiers. On sait que pour bénéficier du trousseau, de la bourse ou de la demi-bourse, il y’a des critères. L’administration financière établit donc des états après la proclamation des résultats dans chaque faculté. La trop longue grève enseignante qu’a connue l’Université en cette année, et sa fin soudaine, n’ont pas arrangé les choses, car les états s’établissent selon des résultats définitifs, qui tardent à venir ou, n’existent pas dans certains cas. Si fermeture il y’a, ce temps pourra être mis à profit pour établir des états financiers fiables, surtout que la question d’argent est un problème très sensible à l’Université de Bamako. Le département en charge de ce secteur peut aussi engager le dialogue avec les enseignants, pour repartir du bon pied à l’avenir. Chose plus difficile mais pas impossible : scinder l’Université de Bamako en deux ou plusieurs autres Universités, car une Université de 81 000 étudiants n’est pas pour faire de la « performance » ou de l’ « excellence ». Chose importante aussi, la formation des leaders de l’AEEM en techniques alternatives de lutte à la violence.

Une chose est claire : trop de pression s’exerce sur les acteurs de l’Université en ces moments. Les étudiants, victimes collatéraux des grèves, se réveillent à leur tour et réclament parfois violemment le payement de trousseau ou de bourses dont les états n’ont même pas été établis. Les enseignants, amers, font le bilan de leur longue et inutile grève illimitée et se retrouvent presque à la case départ. Le Gouvernement s’embarrasse et se retrouve devant trop d’urgences à satisfaire, le couteau à la gorge. Les parents d’élèves se demandent si tout ça aboutira un jour à une formation diplômante accompagnée de compétence pour leurs progénitures. Les partenaires techniques et financiers se demandent enfin à quoi servent finalement les milliards qu’ils investissent dans l’école malienne. Et pour ne rien arranger l’année 2010- 2011 ne compte plus que deux petits mois pour faire les cours pour examiner, pour corriger et pour établir des listes et des états financiers. Quelle crédibilité accorder à des résultats issus d’une telle caricature d’année académique ? Faudrait-il sacrifier une année déjà « foutue » et pratiquement irrécupérable, pour sauver de dizaines d’autres ? Ou, faudrait-il fermer les yeux, jouer à l’autruche et créer des problèmes pour  des années et des années encore ? Prendre donc du temps, pour mettre l’Université sur les rails, ne fera que rassurer pour un avenir plus enviable que ce que nous vivons présentement. Nous maliens, sommes connus pour être des magiciens du compromis et du rafistolage mais cette année 2010- 2011, ou, ce qu’il en reste, nous démontre bien, si besoin il y’a, qu’on ne peut chercher midi à quatorze heure et quart.
Karim FOMBA 

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