Enseignement supérieur :Quels remèdes faut-il pour guérir ses maux ?

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La samedi 16 avril, presque tous les acteurs de l’Education, notamment ceux de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (ESRS), étaient réunis en conférence débat à la Maison de la Presse. Au regard de son importance, cette grande rencontre était placée sous la houlette du ministre de tutelle, Mme Siby Ginette Bellegarde, assistée de deux conférenciers : le Directeur national de l’ESRS, Mamadou Keïta, et le Conseiller technique, Oumar Maïga.

Cette rencontre organisée par le département visait à apporter un éclairage sur le fonctionnement de l’Enseignement supérieur et d la recherche scientifique et étudier les voies et moyens à mettre en œuvre pour « guérir » ses maux. « L’Enseignement supérieur est un corps malade qui ne se porte pas bien et à qui on peut administrer toutes sortes de médicaments », a indiqué le ministre Mme Siby Ginette Bellegarde. Aussi a-t-elle sollicité l’aide et la participation de tous pour l’amélioration de la gestion de l’Enseignement supérieur.

Elle n’a pas non plus manqué de faire une petite « généalogie » dudit Enseignement. En 1962, le Mali avait adopté une rupture avec l’enseignement colonial avec la création (entre autres) de l’Ecole normale supérieure (ENSup), de l’Ecole nationale d’administration (ENA), de l’Ecole de Médecine… A cette époque, l’Etat faisait à sa guise : c’était le temps de « l’Etat providence » et de la « génération yé-yé » (pour être plus précis). Mais il a fallu ensuite passer à la « planification impérative ».

Des thèmes pertinents

Les conférenciers ont tour à tour développé deux thèmes : « L’Enseignement supérieur : enjeux et perspectives » qui évoque, entre autres, la place de l’ESRS dans le système d’éducation-orientation-formation et le rôle de l’ESRS dans le développement économique ; et « Politique nationale de l’Enseignement supérieur » dont les axes tournaient autour du contexte, de la justification, des objectifs, orientations, stratégies et défis à relever.

De ces deux thèmes, il ressort que le début de la création du secteur privé de l’Education est survenu en 1970. En 1990, il a été enregistré un taux de 27% de scolarisation. En 1990, le taux brut de scolarisation n’excédait pas la barre de 30%. En 1996, l’Université enregistre 11 000 étudiants. Le mois de décembre 1999 a vu la création de l’Université du Mali avec environ 7 500 étudiants et l’adoption de la Loi d’orientation de l’Education. En 2000, 61% de taux de scolarisation ont été enregistrés. Ce taux a grimpé à 80% en 2008, année de l’organisation du Forum national de l’Education. Cependant, la qualité de la formation reste toujours décriée par tous. Par ailleurs, 2008 fut une année de crise mondiale.
Aussi, l’Etat avait un rôle majeur à jouer dans cette crise de l’Enseignement supérieur. L’année 2010 a été marquée par des grèves qui ont abouti à des négociations et à la reprise des cours. Tout cela dénote quelque part le disfonctionnement de l’Enseignement supérieur, source première de sa profonde « maladie ». L’année 2012 verra donc la prise en main du système éducatif par l’Etat malien.

Le mal-être de l’Education en général
Certains faits reflètent indubitablement le mal-être de l’Education en général, et de l’Enseignement supérieur en particulier. En effet, il a été constaté qu’au Mali, plus on étudie, moins on a de chance d’obtenir un emploi. C’est pourquoi, face à la pénurie d’emplois, les diplômés se trouvent le plus souvent contraints de « sauter » sur le premier boulot venu, même s’il ne cadre pas avec ses compétences : ce n’est certes pas l’Education qui dira le contraire, elle qui abrite des « professeurs et maîtres » en tout genre.

Le constat est si navrant, voire aberrant que 75% des jeunes de toutes écoles (secondaire général, technique, professionnel, supérieur) sont inscrits dans les filières tertiaires : avocats, juristes, etc. Et 65% de titulaires du DEF vont dans l’Enseignement secondaire général. C’est dire aussi que l’offre de formation n’est guère adaptée à la demande : on a trop d’étudiants par rapport à la situation du pays et à sa population.

L’on comprend dès lors que le thème « Politique nationale de l’Enseignement supérieur » se soit appesanti (entre autres) sur la gouvernance de l’ESRS, l’accès et la qualité de la formation, les aides sociales aux étudiants, la qualité de la recherche et les ressources humaines. Surtout que rien que pour les bourses d’étudiants, l’Etat dépense 13 milliards de FCFA par an !

L’Enseignement, ce n’est pas de la politique !
En effet, il est loin de la politique. Aussi, tant que l’Etat adopte des initiatives qui ne cadrent avec les réalités géographiques, environnementales et culturelles de notre Enseignement, tant que l’Etat ne cesse de suivre des instructions venant d’ailleurs, le pays sortira difficilement de son marasme éducatif et de la crise scolaire qu’il traverse voilà des décennies. Un seul exemple qui démontre à souhait le dysfonctionnement de notre système éducatif : avec plus de 150 ans de culture universitaire, certaines vieilles universités (telle que l’Université de Lyon, en France) n’ont pas encore plus de 35 000 étudiants. Alors qu’au Mali, nous en sommes à…quelques 85 000 étudiants

A ce stade et à cette allure, le rêve qui veut que tous les enfants maliens soient scolarisés d’ici l’an 2015, selon les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et dans le cadre de « L’éducation pour tous » (EPT), n’est qu’un leurre. Ce déplorant constat rejoint la fameuse remarque du sage chinois, Confucius, évoqué à juste raison par le Directeur national de l’Enseignement supérieur : « Entendre ou lire sans réfléchir est une occupation vaine. Réfléchir sans livre ni maître est dangereux ». A bon entendeur donc, salut !
Par Oumar Diawara « Le Viator »

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