Chaque année, les universités maliennes forment des milliers de diplômés dans des secteurs qui ont pourtant cessé de recruter depuis longtemps, si ce n’est dans la Fonction publique qui ploie déjà sous le poids des recrutements massifs de ces dernières années.
Cette situation appelle à la réflexion pour des réformes courageuses qui pourraient passer par la suppression de certaines filières de formation, ou tout au moins leur mise en veilleuse, le temps de faire l’état des lieux.
Il semble que les universités et autres centres de formation publics ou privés, forment plus pour le chômage que pour autre chose. Un fait difficile à comprendre, mais qui reflète bien la réalité. Avec les statistiques sur le chômage des jeunes diplômés au Mali, peut-on dire que nos universités forment toujours pour le marché de l’emploi ? La réponse est « Non ! ». Cette situation préoccupante, qui interpelle donc tout le monde, à commencer par l’Etat qui devrait s’en préoccuper, mais qui n’en donne pas l’air, risque d’être désastreuse pour le pays qui, pour son développement, ne peut bénéficier de l’apport d’une forte proportion de la population formée à grands frais.
De nos jours, dans le pays, aucune formation supérieure ne débouche directement sur un emploi. Qu’ils aient fait de courtes ou de longues études dans les universités publiques ou privées, les jeunes diplômés ne peuvent prétendre à aucun emploi à la fin de leur formation. Si bien que d’aucuns en viennent à se demander s’il ne faut pas mettre une croix sur l’Enseignement supérieur. Pourtant, cet ordre d’enseignement est indispensable pour la transmission et la diffusion du savoir. Dans ses facultés, écoles et instituts supérieurs, l’Enseignement supérieur accueille les élèves titulaires du baccalauréat ou de diplômes équivalents pour les préparer aux différents diplômes nationaux de l’Enseignement supérieur dans des cursus allant de deux à huit ans.
Au niveau de l’Enseignement supérieur, les statistiques sur les effectifs démontrent que depuis 2010, le Mali compte 35 000 étudiants du public contre 10 000 du privé. Le problème, c’est de voir comment gérer tout ce flot d’étudiants qui aspirent à l’Enseignement supérieur, mais pour n’en sortir que des chômeurs pour la plus grande part. Cette problématique amène à se préoccuper de la question de l’adéquation entre l’offre d’emploi et la demande.
Que nos universités cessent de fabriquer des « diplômés chômeurs » !
Depuis longtemps, la formation dispensée dans nos universités est en déphasage avec les réalités actuelles. C’est le premier problème à régler si l’on veut éviter de déverser sur le marché des candidats au chômage. Il faut par ailleurs adapter les programmes d’enseignement aux besoins du marché de l’emploi. Un marché dont les réalités évoluent à un rythme qui requiert, de ceux qui sont chargés de concevoir ou proposer les programmes qu’ils soient proactifs, plus imaginatifs et ouverts sur le monde. Mais cela exige un véritable état des lieux, une mise au point des besoins actuels du marché et en conséquence, une réorientation des programmes.
Quel est le profil du « diplômé sans emploi » (pour utiliser le terme courant) ? De quoi souffre ce profil et que faut-il faire pour corriger cette insuffisance ? Quels sont aujourd’hui les secteurs porteurs susceptibles de recevoir les jeunes diplômés ? Ce sont là quelques questions (entre autres) auxquelles l’état des lieux doit permettre de répondre pour indiquer le chemin à suivre quant aux réformes à entreprendre. Il revient donc à l’Etat de définir la politique générale de formation et de s’en occuper.
On sait désormais qu’on ne doit plus conduire une telle réflexion en ayant une fixation surla Fonctionpublique qui ; quelle que soit la volonté du politique, ne peut pas absorber plus qu’il n’en faut. Les recrutements massifs (sur fond de populisme) de ces dernières années et les problèmes qu’ils ont engendrés en termes de masse salariale et de disponibilités budgétaires et donc de pression économique et sociale, doivent édifier les uns et les autres sur les réponses à apporter au problème.
Vers la suppression de certaines filières de formation
« Se former pour mieux servir » : telle est la devise (bien formulée d’ailleurs) de l’une des écoles les plus prestigieuses du Mali. En effet, depuis des décennies, sinon depuis toujours, l’Ecole nationale d’administration (ENA) forme des cadres qui servent depuis lors dans les différentes administrations. A l’instar de ses pairs des autres pays, c’est une grande école qui peut se féliciter d’avoir formé des milliers d’étudiants pour de hautes fonctions. Malheureusement, force est de constater que l’ENA, ou du moins ce qu’il en est advenu, n’échappe pas non plus au problème d’inadéquation entre l’offre et la demande dont souffrent les universités maliennes d’aujourd’hui.
En plus qu’entasser des diplômes, une formation doit réellement permettre à accomplir un homme et par là même, à réussir le développement. Autrement, une banalisation de ce problème engendrerait de lourdes conséquences pour le pays, le nombre de chômeurs ira sans cesse croissant et le développement en sera du coup hypothéqué. L’inadéquation entre les formations et le marché de l’emploi est une véritable « bombe à retardement » qu’aucune politique de développement ne devrait feindre d’ignorer.
Paul N’guessan
vous avez tout à fait raison Mr le journaliste
mais que faire quant ce soit disant “etat” ne se préoccupe que de sa “petite personne”(vautour qui vident les caisses du mali pour leurs propre intérêts)! 😥
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