S’arrogeant les prérogatives du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, l’Ordre des Architectes du Mali remet en cause la crédibilité des enseignements dispensés à l’École Supérieure d’Ingénieur, d’Architecture et d’Urbanisme (ESIAU). Un établissement privé dont les performances font pourtant des échos hors du continent africain.
« Il m’a été donné de constater que certaines informations véhiculées ces derniers temps font état de l’illégalité des formations de l’ESIAU », dénonce le Pr. Assétou Founè Samaké Migan, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique dans une correspondance en date du 29 mars 2018, adressée à son collègue en charge de l’Habitat et de l’Urbanisme. Des informations qui, affirme-t-elle, « mettent en danger la crédibilité » du Ministère de l’Enseignement Supérieur, dudit établissement et l’employabilité de ses diplômés aux plans national et international.
Cette réaction de la ministre Assétou Founè Samaké Migan a été provoquée par le rejet de la demande d’inscription de Cédric Kouassi, un jeune ivoirien diplômé de l’ESIAU au Mali par le Conseil national de l’Ordre des Architectes sur son tableau. Et cela, sur la base des informations données par l’Ordre des Architectes du Mali. Pis, pour ternir davantage l’image de l’École Supérieure d’Ingénieur, d’Architecte et d’Urbanisme (ESIAU), l’Ordre des Architectes du Mali a publié un avis dans l’Essor n°18741 du jeudi 30 août arguant qu’il « n’existe pas d’école d’Architecte sur le territoire national reconnu par l’Union Internationale des Architectes».
Pour le directeur de l’ESIAU, Abdoulaye Deyoko, ces informations sont « mensongères » et visent uniquement à causer des dommages à son établissement. Et pour preuve soutient-il, créée en 2005, l’ESIAU a obtenu la reconnaissance de son diplôme d’architecte par l’arrêté n°2010-4114/MESRS-SG du 23 novembre 2010. Lequel arrêté fixe la liste des filières de formation habilitées de certains établissements privés d’enseignement supérieur.
« L’ESIAU est la seule école privée d’architecte au Mali et la première en Afrique au Sud du Sahara à être habilitée à délivrer un diplôme de Master en Architecture, en urbanisme et en génie civil », reconnaît la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr Assétou Founè Samaké Migan, dans une note d’information dont ‘’le Tjikan’’ s’est procuré une copie. Selon elle, l’établissement recevait des ressortissants d’au moins huit pays africains. Mais regrette-t-elle, «à cause du comportement de l’Ordre des Architectes du Mali, il y a eu beaucoup de départs en 2018».
Pour le directeur de l’ESIAU, c’est de la «méchanceté gratuite». Car soutient-il, la bonne qualité de la formation dispensée à l’ESIAU est internationalement reconnue. À titre d’exemple, rappelle-t-il, l’établissement a déjà remporté plusieurs distinctions à travers le monde. Au nombre desquelles: le 2ème prix USF (Urbaniste Sans Frontière) du développement en 2014 à Paris. Co-présidé par l’ancien Sénateur Ives Dauge, promoteur de la loi sur l’Architecture en France, le concours avait pour thème: «Structuration écologique d’un bidonville et adaptation au changement climatique ». Et trente-six écoles d’architecture et d’urbanisme y ont pris part à travers le monde en prélude à la COP 21.
Et récemment, deux jeunes diplômés de l’établissement, Fidèle Guirou et Jonathan Konaté ont été recrutés par l’UNESCO. Tandis que deux autres: Cédric Kouassi a participé à la conception d’un projet de 35 milliards et Sada Touré, désigné chef de projet d’une opération de réhabilitation d’un foyer de travailleurs dans le 13ème arrondissement.
Hamadou Yalcouyé, un autre jeune issu de l’ESIAU est, lui, directeur adjoint de l’Agence de Développement Régional. Autre preuve attestant la crédibilité de l’enseignement dispensé à l’ESIAU: deux mémoires de fin d’études réalisés par ses étudiants ont été publiés par des médias universitaires basés en Allemagne. Et l’établissement collabore avec des écoles partenaires européennes dont: l’École Nationale d’Architecture de Toulouse, l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse, l’École Supérieure Technique de Barcelone, l’Université Paris 13.
Sur l’échiquier national, l’ESIAU a été sélectionnée pour mener des études architecturales et le suivi des travaux de deux importantes structures. Il s’agit de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et du Service assurance qualité de la Faculté d’Élevage et de Santé Animale de l’Université de Ségou.
Malgré tout, l’Ordre des Architectes du Mali refuse d’inscrire les diplômés de cette école sur son tableau, les empêchant ainsi d’exercer librement leur profession.
Lassina NIANGALY
Au Mali les “ordres” ne sont que des club privés s’octroyant le droit de recevoir qui ils veulent!!!!
C’est à l’ESIAU de justifier et de faire reconnaître tous ses papiers légaux. Cette école doit aussi immiscer dans les affaires de l’ordre des architectes (lobby absorption). Une fois installée au Mali, l’école doit entretenir de bons rapports avec les structures professionnelles de la place, comme l’exige les critères d’habilitation des offres de formation et les principes de l’assurance qualité.
Bref, ce conflit est normal dans l’évolution de l’environnement académique au Mali et dans la sous-région.
Les deux structures finiront par former un couple indissociable bientôt.
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