Enseignement supérieur : L’espoir est permis !

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L’éducation a été le chantier oublié de l’an I d’IBK au pouvoir ! C’est le constat qui revient en permanence dans les débats presque partout dans le pays. Mais la remise, officiellement, du Rapport général du Comité de pilotage de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur au Mali (CNAES) au Premier ministre, Moussa Mara, doit y mettre un point final. Il va sans dire que l’installation de ce comité en février 2013 par l’ex-premier ministre Oumar Tatam Ly illustre par la plus belle manière la volonté du régime d’IBK de « remettre de l’ordre » dans la planète de l’enseignement supérieur.

On le sait, au Mali, les différents régimes démocratiques ont destiné force discours, études, réflexion sans jamais parvenir à sortir l’école de l’ornière dans laquelle elle a glissé depuis longtemps. Chaque jour qui passe l’a fait basculer davantage dans la « nakba », au point que « l’école va mal » est devenu un slogan qui compose désormais l’hymne matinal dans les familles, rues, administrations et « grins », nos groupes informels de discussion. Universités et grandes écoles livrées au chaos. Années académiques interminables, grèves interminables des enseignants, effectifs pléthoriques dans les amphis, étudiants fictifs, notes sexuellement transmissibles, vente des diplômes. Le monde de l’enseignement supérieur est devenu, nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes, le symbole d’une inconscience nationale. Et l’installation du comité chargé de réfléchir sur l’avenir de l’enseignement supérieur est intervenue à un moment où, comme l’a écrit Adam Thiam, éditorialiste au « Républicain », « l’enseignement supérieur au Mali est sur la civière et, reflet exact d’une globalité malade, il n’augure rien de bon pour l’avenir du pays. Les professeurs Koumaré, Ogobara et d’autres cités par le chef du gouvernement sont l’exception d’un système où la médiocrité demeure la règle. Niveaux désastreux malgré des diplômes ronflants, corruption allant jusqu’au système de notation des étudiants, débrayages à tout vent, années académiques interminables, et tout cela dans un impitoyable contexte de concurrence communautaire qui finira par nous imposer des ingénieurs sénégalais et des chimistes ivoiriens. »

L’insuffisance des textes législatifs et règlementaires, le manque d’infrastructures pédagogiques et administratives adéquates, le déficit en équipements de laboratoire, en réseaux informatiques et en matériel pédagogique, l’inadaptation des filières de formation, l’occupation anarchique des domaines du campus universitaire, sont entre autres, des problèmes soulignés par le rapport. Et ces problèmes ne sont en rien des inventions : ils existent. Dans certains amphithéâtres, il arrive même que les étudiants cotisent pour acheter un mégaphone pour le professeur ! Tout cela pour dire que l’enseignement supérieur va mal. Les conditions de travail y sont on ne peut plus sinistres, le découragement guette les quelques « rares » résistants qui ne veulent pas abandonner pour prendre, comme beaucoup l’ont fait, le chemin dangereux de l’immigration. Aujourd’hui, la situation est telle que l’on ne peut souvent s’empêcher de se demander si les pouvoirs publics ne se moquent pas du savoir.

Le rapport qui fait des diagnostics et propose des remèdes mérite d’être une raison d’espérer que le pouvoir d’IBK  est décidé à « remettre de l’ordre », à s’occuper de l’enseignement supérieur. Pour l’avenir du pays et des enfants.

Mais en plus de cette étude technique, il faut dire que les universités sont devenues de véritables royaumes de la pourriture, où les sales mentalités et les imbécilités sont, si nous osons dire, programmés. Tous les coups y sont permis, il s’y passe un jeu dont les règles ne sont pas définies. C’est pourquoi, on a beau appliquer les remèdes, on n’aura des universités et des étudiants dignes de ce nom tant que les voyous et les salopards resteront des modèles à suivre pour les étudiants, surtout ceux du syndicat étudiant, l’AEEM ! Voilà ce qui manque au diagnostic. Pour « remettre de l’ordre », il ne faut pas se tromper de diagnostic ! Qu’à cela ne tienne, force est de reconnaitre que l’espoir est permis.

Boubacar Sangaré

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