Enseignement supérieur : Les propositions du gouvernement Un effort visant l’amélioration de la qualité du système éducatif malien

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Avec les nouvelles propositions, de  salaire  au Mali, le Gouvernement s’est engagé vers « l’alignement » à moyen terme sur les salaires des enseignants dans la sous région, afin d’attirer les talents et créer des pôles d’excellence.

Les récentes propositions du chef du gouvernement, Modibo Sidibé partagées avec les principales organisations syndicales de l’enseignement supérieur et de la recherche, la Société Civile , il y a de cela quelques jours, ne visent rien d’autres que l’amélioration des conditions de travail et de vie des enseignants et des chercheurs.

Ces propositions, faut-il le rappeler, s’inscrivent dans la mise en œuvre des recommandations du forum sur l’éducation lequel a insisté sur l’amélioration des conditions de travail et de vie des enseignants. Elles auront, selon le Gouvernement, une incidence financière de 1 781 212 534 FCFA par an.

Que veulent les enseignants du supérieur ? C’est la question qui taraude tous les esprits, vu les propositions financières faites par le gouvernement.

Nous avons voulu savoir plus sur les grands axes de ces  propositions qui si elles sont acceptées par les syndicats (ce qui n’est pas le cas pour le moment) et appliquées à la lettre permettront à notre école, déjà très malade, de tendre vers la qualité tant recherchée par le gouvernement.

Nous nous sommes intéressés à deux points essentiels de ces propositions : la majoration de la grille de rémunération en vigueur à compter du 01 juillet 2010 et les primes et indemnités. Pour éclairer davantage la lanterne de nos lectures, nous allons mettre en lumière les salaires bruts en vigueur et les salaires bruts proposés par le gouvernement (corps, classe, échelon, effectif, indice actuel, indice proposé, salaire brut actuel/agents par mois, salaire brut proposé/agent par mois, augmentation en  FCFA, taux d’augmentation). Cette comparaison est nécessaire à plus d’un titre. Et pour cause, elle permettra aux maliens de comprendre que des efforts sont en cours et que du côté des enseignants, il y a de la mauvaise foi, de la surenchère etc. Tout cela alimenté par des considérations politiques : « Il faut maintenir la pression, il reste deux ans ATT. Ce que nous n’aurons pas avant la fin de son mandat, nous l’aurons plus », disent souvent les syndicalistes dans les coulisses.

Ensuite, nous allons faire une analyse comparative entre les salaires des enseignements et chercheurs du Mali et ceux du Niger. On se rappelle que l’une des revendications des syndicalistes est relative à l’alignement des salaires des enseignants et chercheurs du Mali sur celui des pays de la sous région. A la question de savoir de quel pays s’agit-il, les syndicalistes ont insisté sur le cas du Niger. Avec les études comparatives menées, il s’est trouvé qu’avec les  propositions, les rémunérations des enseignants et chercheurs du Mali ne seront pas aussi différentes de celles du Niger pour certaines catégories bien données.

Les points saillants des propositions

Il s’agit des statuts et plans de carrière ; de la majoration de la grille de rémunération en vigueur ; des primes et indemnités ; de la majoration des taux des heures supplémentaires assorties d’une rationalisation et d’une transparence de leur gestion ; de l’intégration dans la fonction publique ; du plan de développement de l’enseignement supérieur (2011-2015). A ces axes s’ajoutent les différentes mesures d’accompagnement.

Un fait notoire dans les récentes mesures du Premier ministre est la majoration de la grille de rémunération en vigueur. Applicable à compter du 1er juillet de l’année en cours, la grille de rémunération des personnels enseignants et chercheurs de l’enseignement supérieur sera valorisée de 10%. Elle est portée à 1100 points, le plafond auquel les agents de l’Etat ont accès. « C’est une augmentation de salaire jamais vu au Mali », nous a confié une source proche du ministère de l’Economie et des Finances.

Pour ce qui concerne les primes et indemnités, à compter du 1er juillet 2010, les primes et indemnités allouées aux personnels enseignants et chercheurs de l’enseignement supérieur, liées à la productivité et à la présence effective en milieu universitaire et en laboratoire seront les suivants : la prime de la fonction spéciale ; la prime de recherche ; la prime de documentation ; l’indemnité d’encadrement ; l’indemnité de résidence.

Comparaison entre les salaires bruts en vigueur et les salaires bruts proposés : quelques cas.

Selon un cadre du bureau central de la solde, l’augmentation dont les enseignants ont bénéficié, à travers les propositions du gouvernement de Modibo Sidibé, correspond aux salaires de certains agents de la fonction publique.

Prenons par exemple le cas du corps des assistants ou attachés de recherches, 3ème classe, 1er échelon. Ils sont au nombre de 105 ; leur indice actuel est 456, l’indice proposé est 502, le salaire brut actuel/agents par mois est de 223 322 FCFA, le salaire brut proposé/agent par mois s’élèvera à 344 370 FCFA, l’augmentation est de 121 048 FCFA soit un taux d’augmentation de 54,20%. Pour le même corps, 3ème classe, 2ème échelon. Avec un effectif de 72 enseignants, leur indice actuel est 485, l’indice proposé 534, le salaire brut actuel/agents par mois est de 232 914 FCFA, le salaire brut proposé/agent par mois sera de 354 954 FCFA, l’augmentation sera de 122 040 FCFA soit un taux d’augmentation de 52,40%.

En ce qui concerne les maîtres de conférence et les maîtres de recherche 2ème classe, 2ème échelon, au nombre de 2, leur indice actuel est 627, l’indice proposé 690, le salaire brut actuel/agents par mois est de 279 880 FCFA, le salaire brut proposé/agent par mois sera de 433 218 FCFA, l’augmentation sera de 153 338 FCFA soit un taux d’augmentation de 54,79%.

Pour la 2ème classe, 4ème échelon dont l’effectif est 1, l’indice actuel est 687, l’indice proposé 756, le salaire brut actuel/agents par mois s’élève à 299 725 FCFA, le salaire brut proposé/agent par mois s’élèvera à 455 047 FCFA, l’augmentation sera de 155 322 FCFA soit un taux d’augmentation de 51,82%.

Pour ce qui est du cas du corps des professeurs et des directeurs de recherche débutants 2ème classe, 4ème échelon au nombre de 3 leur indice actuel est 732, l’indice proposé 805, le salaire brut actuel/agents par mois est de 314 609 FCFA, le salaire brut proposé/agent par mois sera de 481 254 FCFA, l’augmentation sera de 166 645 FCFA soit un taux d’augmentation de 52,97%. Pour la première classe, premier échelon, ils sont au nombre de 3 leur indice actuel est 765, l’indice proposé 842, le salaire brut actuel/agents par mois est de 325 524 FCFA, le salaire brut proposé/agent par mois sera de 493 492 FCFA, l’augmentation sera de 167 968 FCFA soit un taux d’augmentation de 51,60%

Comparaison avec le Niger

L’une des revendications des principales organisations syndicales de l’enseignement supérieur et de la recherche est relative à l’alignement des salaires des enseignants et chercheurs du Mali sur celui des pays de la sous région. A la question de savoir de quel pays s’agit-il, les syndicalistes ont insisté sur le cas du Niger. Avec les études comparatives menées, il s’est trouvé qu’avec les propositions, les salaires au Mali seront légèrement supérieurs à ceux du Niger pour certains corps.

Des exemples : un assistant débutant avec le salaire proposé par le gouvernement du Mali gagnera plus que celui du Niger. Concrètement au Niger, un assistant débutant 1er échelon ayant l’indice 500 touche un salaire brut de 174 167 FCFA plus les primes et indemnités qui s’élèvent à 118 333 FCFA, l’assistant débutant 1er échelon gagnera 292 500 FCFA contre 344 370 au Mali proposé par le gouvernement. En ce qui concerne un assistant de classe exceptionnelle, au Niger, touche 309 917 FCFA contre 511 399 FCFA au Mali soit un écart de 201 482 FCFA.

En ce qui concerne la nouvelle hiérarchie (Assistant, Maître de Conférences et Professeur) que les syndicats veulent imposer, elle n’est appliquée dans aucun pays de l’espace UEMOA et du CAMES. Selon les spécialistes de l’Education interrogés, la nouvelle  hiérarchie posera des problèmes par rapport à la mobilité des enseignants et la reconnaissance de l’équivalence des diplômes de nos universités et grandes écoles. Ils affirment également qu’il n’y a pas de lien direct entre l’application du Système LMD et la hiérarchisation des enseignants de l’université.

 

Tout laisse à croire, que le SNESUP veut régler par le biais de cette nouvelle hiérarchie le problème de ces centaines de membres assistants, qui si, les textes étaient appliqués n’ont plus le droit d’enseigner à l’université. Le Gouvernement doit profiter de cette crise pour nettoyer les écuries d’Augias au grand bénéfice de l’Ecole malienne.

En somme, les enseignants doivent comprendre que le Président de la République et le Gouvernement ne peuvent compromettre l’avenir du pays en prenant des engagements démesurés en faveur d’une seule composante de la nation.

A rappeler que le point de blocage se situe, pour le SNESUP, sur l’alignement des salaires sur ceux de leurs homologues de la sous région ainsi que sur la question des heures supplémentaires.  En ce qui concerne le SNEC, le point de discorde  se situe  au niveau de l’alignement des salaires sur ceux de leurs collègues du Niger.

Moussa Mamadou Bagayoko  

 

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