Les fronts, au Mali, n’existent pas qu’à Tessalit, Kidal ou Menaka. Même si celui du nord demeure aujourd’hui le plus préoccupant des défis eu égard à ses réalités conjoncturelles, le pays est malheureusement confronté à bien d’autres foyers de tensions dans tous les secteurs. De la sphère politique aux revendications sociales, en passant dans les familles respectives ou autres coins de rue, les armes sont braquées.
Le secteur de l’enseignement supérieur ne saurait rester en marge de cette euphorie généralisée. Le bras de fer qui oppose, depuis quelques années, le gouvernement et les syndicats d’enseignants en est une parfaite illustration. Et les conséquences de cet état de fait sont toutes aussi dévastatrices que celles enregistrées dans la crise du nord. Autrement dit, les effets collatéraux de la guerre silencieuse qui opposait le SNESUP et le gouvernement n’ont pas été sans conséquences pour le secteur de l’enseignement supérieur en particulier et le Mali en général. Bref…je m’abstiendrais de réveiller les vieux démons et nous replonger dans les mauvais souvenirs. Par contre, je ne me priverai point de vous apporter les nouvelles, les bonnes, afin qu’ensemble nous forgions un avenir meilleur pour l’université.
En effet, le gouvernement et les syndicats d’enseignants sont parvenus à un compromis en ce qui concerne les différents points de revendication des professeurs. La bonne nouvelle, du côté des enseignants, a été partagée le 9 mars dernier à la faveur d’une assemblée générale d’informations. Le gouvernement s’est engagé dans le cadre de la satisfaction des doléances en fonction des charges supportables par le pays. Des propositions, sur cette base, ont donc été formulées et finalement acceptées par le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP). Ce qui reste, c’est la signature des protocoles d’accord et l’organisation de la flamme de la paix ou pourquoi pas les séances de mea-culpa. Il suffit juste de jeter un regard rétrospectif sur le passé, analyser les tenants et aboutissants de cette crise et enfin observer la situation actuelle de l’enseignement superieur pour se convaincre d’une réalité : la force du dialogue. Le dialogue est arrivé à résoudre des problèmes que la violence, la pression, l’argent et même le pouvoir n’ont pu apporter des réponses idoines. Ce même dialogue, à mon avis, doit faire jurisprudence dans la gestion de tous les autres fronts auxquels le pays est et sera confronté, y compris le problème du nord.
Il faut rappeler que le dernier préavis de grève, déposé en mars dernier, par le syndicat national de l’enseignement superieur comportait 5 points de revendication. Il s’agit, entre autres, de la relecture totale des lois N°98-067 et N°00-60 portant respectivement statuts du personnel enseignant de l’enseignement supérieur et des chercheurs en vue de l’alignement des salaires sur la sous région, la mise en place de la nouvelle hiérarchie (Assistant, Maitre de conférence, professeur) ; la détaxation immédiate des primes sur les salaires des enseignants du supérieur et des chercheurs par la relecture des ordonnances N°10-045/P-RM et N°10-046/P-RM ; la prise en compte immédiate des omissions par le payement de la compensation financière ; L’arrêt immédiat du prélèvement arbitraire sur les salaires de l’enseignement supérieur et de la recherche au titre de l’AMO et les reversements des retenues opérées et l’intégration à la fonction publique des contractuels en charge des budgets autonomes des structures de l’enseignement supérieur et de recherche.
Toutes les doléances ont été discutées et ont également fait l’objet d’un accord. En attendant de savoir davantage sur les modalités et conditions de ce compromis, une seule question mérite d’être posée : l’espoir d’un avenir meilleur, pour l’enseignement superieur, forgé sur l’implication et la motivation des enseignants est-il permis ? Wait and See…
La Rédaction