Personne ou presque ne trouvera à redire sur le fait qu’au Mali, faire la queue est un exercice auquel il est difficile d’échapper et semble devenir une composante naturelle de la société. Dans les universités, la chaîne, c’est une véritable école de patience où il faut toujours attendre son tour, en supportant parfois un soleil de plomb, pour être servi. Personne ne s’en offusque car la pratique est courante.
Il y a quelques mois, dans une agence d’Energie du Mali (SA) où s’effectue le paiement de la facture, un jeune homme a failli en venir aux mains avec un monsieur qui a la cinquantaine bien tassée et qui, à la grande colère de tous, a voulu avoir accès au guichet sans une poignée d’égard pour tout ce monde qui était dans la ‘’chaîne’’. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu d’être vivement chapitré par le jeune homme, en dépit de la présence d’affiches du genre « Priorité aux personnes âgées. Priorité aux personnes handicapées. » Est-ce à dire que Energie du Mali (SA) n’est pas en capacité de multiplier ses agences dans la capitale et dans les autres communes pour dispenser les clients de ce parcours du combattant qui consiste à faire la queue et aussi à éviter les malentendus, les bagarres… qui risquent le plus souvent de suivre ? La réponse est simple : la société en est capable, mais ayant un goût farouche pour le sadisme comme c’est le cas dans le gros des administrations publiques, elle préfère voir les clients renduits au rang de pauvres types qui ne font que se résigner à la fameuse formule « quand on n’a pas ce qu’on aime, on prend ce qu’on a »
Venons-en maintenant au cas des étudiants dans nos universités, qui est le propos de cet article. Il faut d’emblée relever que comme dans une agence d’Energie du Mali, l’étudiant dans nos universités est obligé de perdre un peu de sa vie en faisant la queue pour s’inscrire, pour retirer sa carte…bref, tout est prétexte à la formation d’une file indienne. Il suffirait pour s’en convaincre de se rendre, en ce début de rentrée, dans une faculté où la devanture de l’administration est noire d’étudiants venus qui pour s’inscrire, qui pour retirer sa carte d’étudiant. La conséquence est que cela permet aux opportunistes de tous poils_ cauchemars des étudiants_ se réclamant de l’AEEM à tort ou à raison et, au mépris de tout sens de la morale, de se livrer à une immense corruption en monnayant l’accès au guichet. L’étudiant étant ennemi de l’étudiant. Il y a injustice, pardi ! Et l’on est en droit de se demander s’ils ne sont pas de mèche avec le personnel des administrations, tant il est vrai que ce dernier aussi a pris la mauvaise habitude de traiter l’étudiant par-dessus la jambe.
Il fut effectivement un temps où à la faculté d’histoire et de géographie et à l’université des sciences juridiques et politiques (pour ne citer que ces deux établissements), l’administration faisait en sorte que les étudiants puissent s’inscrire dans un confort qui est désormais loin. La méthode consistait à dresser, par ordre alphabétique, la liste des étudiants devant s’inscrire tel ou tel jour, ce qui évitait aussi à l’administration de travailler dans un désordre indescriptible. Aujourd’hui, il est étonnant de constater que cette méthode n’est plus en honneur dans ces mêmes établissements. Alors, l’étudiant malien ou bien le malien est-il né pour faire la queue ? Qu’est ce que ces manières de faire souffrir l’autre avant de le servir ?
De plus, l’étrange dans l’affaire c’est que le phénomène ne révolte personne au nombre de cet essaim d’usagers de l’administration publique. Il est vrai que faire la queue n’est en rien aussi mauvais que cela, ce qui l’est pourtant, c’est le déficit de gêne dont fait montre l’administration vis-à-vis du phénomène étant donné qu’elle possède la solution à y apporter. La déduction à laquelle nous parvenons est que, à tous les niveaux de la société malienne, la chaîne de considération, de respect, de confiance qui liait l’administration aux administrés, s’est brisée en laissant la place à un sentiment de haine, de rivalité voire de rancœur… Une administration sadique et des usagers rancuniers! Voilà une situation qui, si elle n’est pas traitée, promet de se dégrader.
Boubacar Sangaré
Boubacar Sangaré.Je suis désolé de vous apprendre que c’est partout comme ça même ici en France:il faut faire la queue pour s’inscrire dans les facultés, pour voter, pour retirer de l’argent à la poste…!Il y en a même qui passent la nuit sur place dans certain pays d’Europe(qui est notre reference en matière d’ordre)uniquement pour s’inscrire à un cours!C’est comme ça partout sauf au consulat du Mali à Paris où des personnes plus “pressées” cherchent toujours à doubler les autres par la complicité des agents même du consulat: bonjour au désordre total.
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