Enseignement supérieur : Etudiants le jour, gardiens la nuit

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Ils viennent des quatre coins du Mali pour leurs études supérieures dans la capitale, sans logeurs ni d’autres soutiens, certains étudiants exercent de petits boulots comme le “gardiennage”. Obligés de proposer leurs “services” à des sociétés de gardiennage de la place pour subvenir à leurs besoins, ils travaillent dans des conditions encore plus difficiles. L’insécurité grandissante et sans aucune formation ni matériels de protection, ils sont appelés à monter la garde devant des banques, stations d’essence, boutiques… des cibles potentielles de bandits de grand chemin.

 Adama K. est étudiant à la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation (philosophie). Il exerce comme gardien de nuit : “Je monte la garde devant l’EDM-SA tous les soirs de lundi à samedi, les mains nues. Je n’ai reçu que la tenue de ma société et je gagne 27500 F CFA/mois”. Ils sont nombreux les étudiants comme lui à être exploités par les sociétés de gardiennage.

Ils sont exposés  à toutes sortes de dangers (agression, emprisonnement, redoublement, abus sexuel, voire des menaces de mort). Pour  un étudiant qui est obligé d’aller en classe le lendemain, ce boulot peut  être un obstacle aux études.

Seydou T., étudiant a la Faculté des droits privé (droit privé), témoigne : “J’ai commencé  en 2009 quand je n’avais pas encore ma bourse  ma situation était critique. A la fin de l’année je me suis retrouvé en session avec neuf matières à valider. Pis,  nous mettons en danger nos vies pour 25000 F CFA à 40 000 F CFA alors que ces sociétés perçoivent 200 000 F CFA à 400 000 F CFA pour le compte de chaque agent”, a-t-il ajouté.

De bouche à oreille, les candidats sont informés. Mais sans assurance ni couverture sanitaire, ils sont exposés et sur exploités par les sociétés. Karim Théra, étudiant-gardien dans une alimentation,  raconte sa mésaventure : “J’ai été agressé plusieurs fois par des bandits armés, qui une fois m’ont attaché battu et laissé pour mort. Blessé gravement, je n’ai reçu que 15 000 F CFA de ma société comme frais médicaux”. Emu jusqu’aux larmes, il s’interroge “et si j’avais perdu ma vie, toute la famille et tout le village compte sur moi”.

C’est dire que l’amélioration des conditions d’études et de vie doit être une préoccupation permanente des autorités de l’Enseignement supérieur en particulier et de tout le gouvernement en général, car, manifestement, les étudiants, relèves de demain, ne peuvent pas concilier études et travail au noir.

Les autorités de l’Emploi et du Travail sont précisément interpellées sur le traitement réservé à leurs agents par les sociétés de gardiennage, qui frôle le travail forcé.

Soumaïla Niaré

(stagiaire)

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