L’enseignant a une mission redoutable : celle de former les futurs cadres de la nation, dit-on couramment. Ce dicton est aujourd’hui ignoré par une vague d’enseignants qui, au lieu de faire leur travail comme il se doit, organisent à l’Université des cours privés à la place des travaux dirigés. Et cela, à la solde des étudiants qui se sont érigés en prophète de violence, d’agresseurs et en fauteurs de troubles tous azimuts. Violant ainsi tous l’article 17 de la Constitution malienne qui consacre une reconnaissance du droit à l’éducation à tous les Maliens.
C’était le mardi 05 octobre, nous confie une source digne de foi que tout le problème que CESB (Centre d’Enseignement Supérieur de Bamako) connaît aujourd’hui est lié à l’application de la loi interdisant l’organisation des TD (Travaux Dirigés) sous forme de cours privés dans les facultés et grandes écoles. Cela, dans le but de dispenser, des enseignements et d’organiser des examens dans les conditions d’équité et de transparence requises pour obtenir une école performante. Tout est parti du comportement indécent et indiscipliné d’un étudiant du nom de Mamadou Sangaré ayant serré les colles d’un professeur du non de M. Boubacar Diawara et qui serait hostile à l’organisation des cours privés comme interdit par les textes. Certains étudiants, profitant de l’occasion, n’ont pas hésité de saccager sa voiture en plein midi dans la cour de l’école. Ledit professeur, selon une source proche du milieu estudiantin, est une valeur sûre jouissant d’un niveau académique élevé. D’après notre source, le mercredi après cet incident, un conseil de professeurs s’est réuni dans le but de constituer un rapport relatant les conditions et les motivations dudit étudiant. Selon un étudiant, ce professeur n’étant pas favorable à l’organisation des cours privés sur les TD, est devenu la cible de certains étudiants réputés pour leur violence et leur défaillance intellectuelle. Les TD étant un des droits les plus absolus des étudiants, l’administration a décidé d’arrêter les cours afin de prendre des thèmes d’études communs à tous les étudiants en formant des groupes larges au lieu des groupes restreints comme exigés par les étudiants. Ce qui n’est pas chose facile à exécuter car la capacité d’accueil et le nombre de salles sont insuffisants. Il faut adopter un système permettant de les rassembler dans un cadre d’étude générale pour permettre une harmonisation des différents niveaux d’avancement. Cet objectif, selon certains enseignants du même bord que M Diawara, avait été approuvé et soutenu afin de terminer les Travaux Dirigés dans le respect de l’égalité entre les étudiants. Car, il pouvait permettre de faire les grands devoirs pour attribuer les notes de TD sur la base d’un critère scientifique contrairement aux 5000 F.CFA payés par certains étudiants pour avoir la note, les partiels, les examens, avec bien sûr l’indulgence et la discipline des étudiants à se prêter aux surveillances et contrôles durant les épreuves. Tout ce système bien pensé a été réduit à néant par les étudiants véreux et les vacataires cupides à l’assaut du gain facile. Ces professeurs sont seulement une catégorie décidés à pourrir le système en érigeant la corruption comme mode de gestion dans l’espace scolaire, nous a commenté un étudiant dépassé par ce comportement. Ils sont quelques professeurs de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) qui n’ont d’autres ambitions que de saboter et de souiller la réputation de leurs collègues et de ce Centre d’Enseignement Supérieur crée pour imprimer le changement tant attendu. Selon certains milieux d’enseignants, le Directeur du CESB est un homme dévoué et rompu pour la performance et la transparence ; mais, si rien n’est fait par l’Etat pour tuer à l’état d’œuf ces ambitions sordides, le Directeur du CESB et ses Professeurs de qualité finiront par céder sous le poids de l’adhésion massive et complice de ces fossoyeurs de système. Un de leur système en cours actuellement au sein de la Faculté, est le " Kèmèkèmèni " institué par les mêmes professeurs et les étudiants infichus d’énoncer une simple notion juridique. Il s’agit dans la langue de Molière de payer 500 F à la fin de chaque cours magistral afin de constituer une cagnotte pour le professeur en question et d’attribuer une très bonne note aux étudiants qui ne savent pas donner une seule définition du mot droit.
Deux poids deux mesures
Cela arrive à un moment où le dossier d’augmentation des salaires des Professeurs d’enseignement Supérieur défraye la chronique. Logiquement, la fixation d’une grille incitative est retenue parmi les solutions préconisées pour lutter contre la corruption mais hélas ! Le degré de cupidité élevé aidant ; ces professeurs n’ont d’autres ambitions que de fouler aux pieds l’éthique et la déontologie dans l’exercice de la fonction d’enseignant. Ils font payer les étudiants pour les tâches auxquelles l’Etat leur paie. A quoi bon d’augmenter ou d’améliorer les conditions des enseignants si cela n’a pas d’incidence ou d’impact positif en terme de fonctionnement et l’acquisition de conscience à exercer la fonction ? Comment arrêter ce comportement qui s’empire de façon progressive et décourage les Maliens bien formés à revenir pour contribuer au développement éducatif de notre pays ? A l’Etat de prendre ses responsabilités pour que le changement tant attendu puisse produire l’effet souhaité et qu’il ne soit pas une tempête ravageant tout sur son passage mettant du coup le système en défaillance et dérive continuelles. Affaire à suivre
Seydou DEMBELE