Enseignement secondaire privé :Le Cabinet Koniba Sidibé engagé pour un contrôle physique des élèves

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Les promoteurs d’écoles et d’instituts secondaires techniques et professionnels privés, recevant les élèves de l’Etat malien, sont fâchés. Et même, très fâchés contre le ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, Salikou Sanogo et son secrétaire général, Denis Douyon. Et pour cause : le département a engagé à ” coût de milliards “, dit-on, le Cabinet d’audit Koni Expertise -du nom du député Parena de Dioïla, Koniba Sidibé, dont c’est la propriété- pour effectuer un contrôle physique de l’ensemble des élèves orientés par l’Etat malien dans les établissements secondaires privés.

Le Cabinet d’audit de l’ancien ministre et non moins député PARENA, élu à Dioïla, Koniba Sidibé, a en effet été désigné par le ministère en charge de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, pour effectuer un contrôle physique des élèves que l’Etat a orientés dans les écoles privées. La teneur de cette opération se justifie par la volonté du département, selon le Directeur national de la Cellule de planification et de la statistique des ministères l’éducation nationale (CPS-MEN), Aboubacrine Alpha, de moraliser la subvention qu’accorde l’Etat aux écoles privées secondaires. Car, rappelle-t-il : ” chaque année, l’Etat malien alloue 23 milliards aux écoles privées secondaires pour les subventions, les frais d’écolage, de fournitures scolaires des élèves qu’il oriente dans le privé. Mais, ces derniers temps, nous avons décelé des cas de fraudes majeures dans un certain nombre d’écoles. Cela a occasionné des dépenses supplémentaires de l’ordre de 3 à 6 milliards de nos francs. Afin de juguler le phénomène, le département a décidé d’effectuer au sein des établissements secondaires privés, un contrôle physique des élèves pour s’assurer de l’adéquation entre le nombre d’élèves communiqués par les différents établissements et celui réellement qui existe sur la base des données du ministère”.

Tout est donc parti de faits concrets et pas des moindres : ” nous avons décelé, l’an dernier, des listes fictives chez certains établissements équivalent à plus de 400 faux élèves. Or, les frais annuels d’écolage par élève varient entre 85.000 à 135.000 F CFA. Ce qui, arrondi, serait équivalent à 70.000 francs par élève. L’opération concerne tout le secondaire. Même le public, auquel elle va s’étendre dans les mois à venir. “, promet Aboubacrine Alpha que nous avons eu au téléphone.

Les promoteurs privés quant à eux, ne semblent pas adhérer à cette opération. Même si le département informe avoir associé le syndicat de l’AEPAM (Association des écoles privées du Mali). Pour un promoteur privé de la Rive droite, cette opération n’en est qu’une simulacre. Du fait de son caractère budgétivore. ” Un travailleur du département m’a dit que le contrat avec le Cabinet de Koniba Sidibé s’élève à des milliards… “. Mais aussi, il argue le fait que l’année scolaire tire vers sa fin et il sera difficile pour un seul cabinet d’audit de pouvoir terminer l’opération avant les grandes vacances. En plus, estime un autre promoteur privé que nous avons eu au téléphone, le ministère a simplement envie de gaspiller l’argent du contribuable sinon le détourner par le biais de cette opération. Car, le coût de l’opération aurait pu servir à autre chose, et à plus utiles encore. Il estime simplement que des agents du département ou des services rattachés comme les conseillers pédagogiques dans les académies auraient pu s’en occuper, car, rappelle-t-il, ils sont payés pour ça avant tout. Et notre interlocuteur d’insister : ” il semble même que le contrôle par des agents du département avait été proposé par le Directeur de la CPS. Mais Salikou et son Segal, ne l’ont pas écouté”.

Aboubacrine Alpha, qui évite la polémique, est catégorique : ” nous manquons de ressources humaines, matérielles et financières pour mener cette opération à l’interne. Par souci de neutralité et de transparence, nous avons sollicité le concours d’un cabinet privé dont tous les Maliens reconnaissent les qualités du propriétaire “, a-t-il laissé entendre en substance. Avant de rassurer : ” ceux qui sont en règle n’ont de quoi s’inquiéter !” Surtout que selon lui, l’association promoteurs d’écoles privées du Mali (AEPAM), dirigée par Ibrahima Rémy Doumbia, a été associé au projet. Avec toutes ces mesures coercitives, l’avenir des écoles privées secondaire au Mali est plus que jamais vacillant. Et ce, non seulement à cause de l’endurcissement des critères d’attribution des permis d’ouverture ou de création des écoles privées mais aussi et surtout parce que le privé reçoit de moins en moins d’élèves de la part de l’Etat, depuis l’avènement de Salikou à la tête du département, en 2009.
Amadou Salif Guindo

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