Enseignement public : Enseignants au pinacle, enseignement au rabais

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Les enseignants qui sont les mieux lotis en matière de salaire ont été portés au pinacle par une lutte acharnée pour l’application du fameux article 39. L’Eta dos au mur a accepté des primes mirobolantes. La qualité de l’enseignement dispensé au Mali ces derniers temps en vaut-il la peine ?

 

C’est hier lundi, que les enseignants grévistes de l’enseignement fondamental et secondaire se réclamant de la Synergie des syndicats de l’éducation ont décidé de reprendre les chemins des classes. Des écoles publiques fermées pendant plus de 7 mois à cause d’une revendication salariale dite “l’application de l’article 39” avec tous les examens de fin d’année pris en otage. Le gouvernement précédent du régime d’IBK a fini par lâcher du lest et l’adopter, acculé par les contestations sociales qui ont fini par le démettre de force. L’ardoise pourrait difficilement être soutenue par les finances publiques, ce qui avait même retardé sa mise en œuvre par le gouvernement du Premier ministre Boubou Cissé.

Un accord a été trouvé le vendredi dernier avec les autorités de la transition. Les syndicats d’enseignants dégonflés par cette aubaine, ont accepté alors de reprendre la craie.

L’incidence financière de ces augmentations de primes accordées aux enseignants se chiffre à près de 64 milliards de F CFA. Un budget difficilement supportable par l’Etat et qui viole en même temps l’ordonnance n°44 CMLN du 11 août 1975 en matière de prime de documentation et de logement pour les enseignants du fondamental et du secondaire.

Dans l’accord, le gouvernement a accepté une prime de documentation avec une incidence financière de 2, 318 milliards de F. De même, le gouvernement a concédé une prime de logement estimée à 61, 93 milliards de F.

Les deux primes cumulées (documentation et logement qui étaient des points d’orgue des négociations) violent allègrement l’ordonnance n° 44/CMLN du 11 août 1975.

Bien avant l’adoption de ces primes, le salaire d’un enseignant débutant (catégorie A) est de 226 000 F CFA. Celui de la même catégorie et même indice de la fonction publique est à 167 000 F CFA, soit un écart de 58 500 F. En fin de carrière, le salaire brut d’un enseignant catégorie A est de 505 500 F CFA contre 391 500 F pour son collègue fonctionnaire.

L’enseignant de la catégorie B2 débutant gagne en brut 162 500 F et celui du fonctionnaire débutant catégorie B 2 est de 116 500 F, soit un écart de 46 000 F. En fin de carrière le premier touche 347 500 F et le second 287 300 F (60 200 F d’écart). L’enseignant de la catégorie C débutant touche 138 000 F tandis que le fonctionnaire du même niveau gagne un salaire brut de 75 000 F (63 500 F de différence). En fin de leur carrière, les deux ont respectivement un salaire de 260 500 F  et 208 600 F (écart : 51 900 F.

Il s’agit là d’une bombe sociale qui vient d’être posée. Non seulement l’Etat ne pourra pas faire face à ses engagements financiers dans le contexte de crise économique actuelle, mais aussi d’autres syndicats seront braqués contre lui pour les mêmes motivations

La qualité de l’enseignement au Mali avec des formateurs sont sujets à caution. Avec des niveaux des élèves au rabais, on se demande si un tel sacrifice en valait la peine. Le temps est le meilleur juge en chaque chose.

Abdrahamane Dicko

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