Le 05 octobre dernier a été commémoré la Journée internationale de l’enseignant. A cet effet, le lycée Mamadou Sarr a organisé, dans sa cour, une conférence-débats qui a enregistré la participation de nombreuses personnalités dont le proviseur de l’établissement, Alou Diarra, certains parents d’élèves, le corps professoral et des responsables des syndicats du syntes, Fenarec et Sypces.
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«L’Enseignant : l’éducateur et l’instructeur » était le thème de cette conférence animée par le professeur de philosophie, Abdoulaye Guindo qui a procédé à un diagnostic de la problématique de la baisse de la qualité de l’enseignement au Mali. Un enseignement qui ne répond plus à sa vocation ancienne marquée par une formation académique de très bon niveau avec des apprenants qui rivalisent par la performance dans le travail.
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«Auparavant, ne devient pas enseignant qui le voulait», a-t-il dit avant de regretter que de nos jours ce métier qui, jadis était un véritable sacerdoce, se mue de plus en plus en un refuge pour une vague de jeunes en quête d’emploi. «Autrefois, on est enseignant par amour. Mais aujourd’hui force est de constater que nombre de ceux qui arrivent dans la profession n’y viennent que le temps d’avoir mieux », a commenté le conférencier.
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Regrettant la chute vertigineuse de la qualité de l’enseignement dispensé actuellement dans nos écoles, Guindo cite comme autre cause de cette situation la grave détérioration des rapports entre autorités scolaires, enseignants, élèves et parents d’élèves. Avant, l’élève aussi bien que ses parents vouaient une grande considération pour le Maître qui jouait un grand rôle dans l’éducation sociale de l’enfant. Mais depuis dix ans, mentionne-t-il, cet excellent partenariat se disloque comme peau de chagrin pour laisser la place à des enseignants couramment agressés par leurs élèves face à des parents indifférents, se souciant de moins en moins des résultats scolaires de leurs enfants.
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Pour que cette tendance change, propose le conférencier, il est nécessaire de redéfinir dans l’urgence les relations entre les différents acteurs de l’école en redonnant à l’enseignant toute la place et la considération de son rang. «Autant il revient au médecin de prendre seul en charge la question de la santé, autant la charge de former, d’éduquer les gens incombe à l’enseignant» selon Guindo qui a complété son tableau par un appel à l’endroit de sa corporation qui a aussi une part de responsabilité dans cette déliquescence de notre système éducatif. Aussi, sans rejeter le droit de l’enseignant à revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail, le conférencier a souhaité qu’un tel droit ne puisse jamais s’exercer au mépris de la profession.
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Aujourd’hui, le vrai défi qui se pose à la fonction d’enseignant, c’est celui des conditions d’existence de ceux qui ont fait le choix d’exercer ce métier. «Comment voulez-vous que le niveau de l’éducation soit rehaussé avec des enseignants qui peinent à avoir leurs propres moyens de subsistance» s’est interrogé Guindo, qui regrette que le Mali ait perdu beaucoup de ses meilleurs éducateurs au profit de certains pays étrangers.
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Pour le redressement de l’éducation au Mali, le conférencier a invité chacun des acteurs à jouer pleinement son rôle. A commencer par les pouvoirs publics qui doivent restituer à l’enseignant «sa dignité».
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En vérité une telle conférence ne pouvait mieux tomber. Pour cause, après quelques mois de vacances, les élèves, du fondamental et du lycée ensuite, viennent de reprendre le chemin de l’école. Il était donc opportun de rappeler à chaque acteur ses responsabilités et surtout ce qui est concrètement attendu de lui pour relever le défi de l’édification d’une école véritablement apaisée et performante.
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Oumar Diamoye
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