Le talon d’Achille de notre démocratie est et reste toujours la détérioration de notre système éducatif. L’école a été pendant plus de vingt ans, le parent pauvre de l’administration malienne ce qui fait du Mali l’un des pays de la sous région à avoir le plus bas des niveaux dans tous les ordres d’enseignement. Ce pays qui jadis pourtant a fourni tant d’enseignants de qualité à la Cote d’Ivoire, au Burkina Faso, au Gabon, au Sénégal, à la Guinée et au Niger ne se retrouve toujours pas. De l’avènement de la démocratie à nos jours, ce sont des années blanches qui succèdent aux années tronquées, faisant des produits de l’école malienne les moins compétitifs dans un environnement de forte intégration. Pourquoi relègue-t-on toujours l’Education au second rang ? Quelles sont les causes des grèves intempestives et répétitives de nos syndicats d’élèves et d’enseignants ? Quelles sont les réformes indispensables pour une école performante, plus compétitive et apaisée ? Voici une série de questions qui nécessite des réponses idoines et immédiates de la part de nos autorités si elles veulent sortir l’école de l’ornière.
Ne dit-on pas qu’une nation qui veut émerger est celle qui investit beaucoup plus dans la formation et l’éducation de sa jeunesse? Qu’en est-il au Mali ? Il est certes indéniable de reconnaître tout de go que des efforts colossaux ont été faits dans la réalisation des infrastructures scolaires et universitaires sur toute l’étendue du territoire, mais il est tout aussi clair que la qualité de l’enseignement laisse à désirer depuis l’avènement des démocrates intellectuels au pouvoir en 1992. De cette époque à nos jours nous assistons malheureusement à la baisse vertigineuse de l’aiguille du niveau de nos apprenants. D’Alpha Oumar Konaré à IBK en passant par ATT les mêmes causes on toujours produit les mêmes effets et les résultats sont restés les mêmes.
L’année 2015-2016 qui semblait pourtant bien démarrer surtout après la bonne organisation des examens de fin d’année 2014 au DEF et au BAC ainsi que la décrispation de la situation des heures supplémentaires des professeurs de l’enseignement supérieur, est à nouveau hypothéquée. Comme une malédiction, les autorités viennent de jeter une épave dans la marre des syndicats de tous les trois ordres d’enseignement à savoir Supérieur, Secondaire et Fondamental réveillant du coup leur instinct grégaire. Deux préavis de grève pour le 15 décembre sont sur la table du gouvernement et un arrêt de travail depuis le mardi 08 Décembre est en cours.
Les deux préavis de grève concernent l’enseignement supérieur et fondamental. Le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP) demande l’application immédiate de la grille plafond de l’indice 3000 issue de la mission d’études sur les conditions de rémunération et les obligations des enseignants du supérieur et des chercheurs dans les pays de l’UEOMA. Le SNESUP exige des autorités le respect de leurs engagements relatifs à ce rapport d’expertise sur la situation. L’autre pomme de discorde entre le syndicat et l’administration tient à l’avancement des professeurs en grade et surtout l’inéquitable et la complaisante notation de la Commission Nationale d’Etablissement des Listes en Aptitude (CNELA). Il demande à cet effet, la nomination du maître assistant Boubacary Cissé de l’IUG N°974.81C comme maître de conférences disposant bien des publications ignorées par la 8ième session de la CNELA. Au moment où nous mettions sous presse cet article, sur les 13 points de revendication, seuls 3 avaient fait l’objet d’un accord, 5 d’accord partiel et les 5 autres restants de désaccord.
Quant au syndicat de l’Enseignement fondamental (SNED), il s’érige contre ce qu’il appelle les mutations arbitraires et les nominations de complaisance des enseignants.
Si les deux premiers syndicats sont à l’étape de préavis, le Syndicat des Professeurs de l’Enseignement Secondaire des Collectivités (SYPESCO) est allé à la vitesse supérieure en arrêtant le travail et cela depuis le mardi 08 décembre 2015. Selon l’un des membres du bureau, la cause principale de cet arrêt des cours est le prélèvement effectué sur les salaires de certains enseignements du secondaire pour fait de grève durant l’année scolaire 2014. Selon notre interlocuteur, le problème est moins le principe que le montant prélevé qui varie entre 35000 et 60 000 f CFA, qui serait très excessif et aberrant, car le SYPESCO n’a observé que 72 heures de grève en 2014, a-t-il conclu. Le SYPESCO, soutenu par les autres syndicats du secondaire, conditionne la reprise des cours au remboursement des sommes ainsi prélevées et la mise en place d’une Commission pour statuer sur le cas avant tout prélèvement. Le plus tôt serait le mieux pour sauver l’année scolaire qui a pourtant avait bien démarré
En définitive, la crise de l’école malienne nécessite des réflexions très approfondies et des propositions concrètes pour une amélioration subséquentes des conditions de vie et de travail des acteurs.
Youssouf Sissoko