Le Pr Abdoulaye Traoré, Recteur de l’Université de Ségou, dresse un bilan à mi-parcours de sa structure universitaire. De ses propos, l’on dénote de nombreux acquis en un laps de temps et autant de perspectives qui nous permettent d’être optimistes quant à l’avenir de cette jeune université et au devenir de toute la nation.
Le Flambeau : Monsieur le Recteur, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Pr Abdoulaye Traoré: tout d’abord j’aimerais remercier votre journal ‘’Le Flambeau’’ pour tout ce qu’il fait pour l’école Malienne. Je m’appelle Abdoulaye TRAORE, premier Recteur de l’université de Ségou de 2010 jusqu’à maintenant. Je suis détenteur d’un Master of Sciences (1981) et d’un Ph.D. (1984) de l’institut Energétique de Moscou (Ex URSS).Après mon intégration à la fonction publique en 1986 et un passage au Service National des Jeunes (1986-1987), j’ai été successivement Chef du Département d’Enseignement et de Recherche en Electromécanique de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de 1987 à 1989, puis Directeur Adjoint chargé des Etudes de 1989 à 1991 et de 1995 à 2010 de la même école jusqu’à ma nomination au poste de Recteur de l’Université de Ségou nouvellement créée. Pendant ses années passées à l’ENI-ABT, j’ai enseigné les disciplines suivantes : Machines Electriques, Commandes Electriques, Schémas et Technologies d’Electricité, la Maintenance industrielle. J’ai donc formé plusieurs générations d’ingénieurs électromécaniciens et encadré plusieurs Assistants. Je suis également Expert Industriel Agrée près la cour d’Appel et les tribunaux du Mali depuis 1991. En cette qualité, j’ai pu conduire plusieurs travaux d’expertise et animer des formations à l’intention des ingénieurs et des Techniciens dans plusieurs unités industrielles du Mali dans le domaine de la gestion de la maintenance industrielle. Actuellement toute mon énergie est consacrée à l’animation des activités de l’Université de Ségou afin qu’elle soit une Université d’excellence pour relever les défis du développement socio-économique du Mali.
Le Flambeau : Quel bilan faites-vous de l’Université de Ségou depuis son ouverture?
Pr Abdoulaye Traoré : Malgré les difficultés énormes ayant jalonné l’ouverture de cette Université, nous pouvons dire que le bilan est positif, et cela grâce à l’effort et au sacrifice des hommes et des femmes qui ont été les premiers responsables. Je veux citer les Chefs de service et les Doyens. Qu’ils en soient remerciés. Le bilan est jugé positif compte tenu de plusieurs faits, notamment la progression dans l’ouverture des structures et des filières. D’une structure, nous sommes à trois aujourd’hui ; de trois filières, nous sommes à onze à ce jour. L’effectif est en progression de 2012 à nos jours, malgré les inscriptions sur fond de sélection de dossiers (de 300 étudiants, nous sommes à plus de 800 étudiants). Le bilan est jugé positif également de par la qualité des professeurs et chercheurs intervenant dans la formation, les volumes de cours dispensés et le respect des calendriers académiques.
Le Flambeau : Quelles sont les difficultés majeures de l’Université de Ségou ?
Pr Abdoulaye Traoré : Parmi les difficultés rencontrées, nous pouvons citer entre autres : la crise sécuritaire avec son cortège d’effets qui a entravé beaucoup d’activités au niveau national en général et au niveau de l’Université de Ségou en particulier ; la coupe budgétaire ; le manque d’infrastructures ; la recherche et l’aménagement des baux ; le manque de personnels administratifs et techniques ; le manque d’enseignements de rang A et d’assistants ; les difficultés d’application de certains articles des textes réglementaires liées à l’incompréhension des parents d’étudiants et des étudiants ; les difficultés dans la mise en place du fond propre ; le manque de ressources financières pour la motivation du personnel comme dans les autres Universités du Mali.
Le Flambeau : Dans quelles conditions s’est déroulée la rentrée Universitaire 2013 -2014 ?
Pr Abdoulaye Traoré : La rentrée universitaire 2013-2014 s’est déroulée normalement à l’Université de Ségou. Toutefois, il faut souligner l’insuffisance de professeurs permanents de façon générale et le manque d’infrastructures. Dans le cadre des mesures de sécurité, nous avions préconisé la vigilance chez tous les étudiants et l’alerte des responsables sur toute situation incongrue, inhabituelle aux abords des structures d’enseignement. Nous envisageons le port de la carte d’étudiant pour tous afin d’identifier plus facilement d’éventuels éléments suspects. Une ligne verte est prévue pour entrer en contact avec les forces de sécurité à tout moment en cas de problème constaté.
Le Flambeau : Quelles sont les actions envisagées et les dates prévues pour les évaluations ?
Pr Abdoulaye Traoré : L’Université envisage demettre à la disposition de chaque étudiant sa carte avant les évaluations et de faire le point de la situation de paiement des frais de formation des étudiants candidats libres et professionnels et les inviter à payer le reliquat. Ceux qui ne s’exécuteront pas n’auront pas droit à la carte d’étudiant et ne seront pas admis dans la salle d’examen. (Le chronogramme des évaluations dans l’encadré à droite).
Le Flambeau : Quels sont les rapports entre l’Université de Ségou et ses partenaires notamment les autorités locales, le corps enseignant et les étudiants ?
Pr Abdoulaye Traoré : L’Université de Ségou, à l’image de toutes les Universités du Mali et d’ailleurs, a besoin du partenariat, de l’expérience et de l’expertise des autres pour assurer son développement dans l’atteinte des objectifs qu’elle s’est fixés. Elle ne saurait évoluer alors en vase clos. Ainsi, l’Université a établi des partenariats féconds et avantageux avec d’autres structures au plan local, national, sous régional et international. Dès son ouverture en 2011, une délégation des responsables de l’Université a aussitôt entamé une visite de courtoisie auprès des autorités locales et les différents services régionaux pour s’assurer de leur accompagnement. Cette visite a donné lieu à des échanges fructueux au cours desquels l’idée d’aller en partenariat a été murie. Suite à ces visites de courtoisie, nous avons adressé des projets de partenariat à toutes les directions régionales.
A ce jour, la Direction régionale de l’Hydraulique, le centre culturel korè, l’Ecole Secondaire Agropastorale (ESAP), DoniBlon, l’OMATHO, et L’Agence MAAYA TRAVEL à Ségou ont signé un Accord de partenariat avec nous. Nous attendons la réaction des autres directions régionales et des collectivités territoriales décentralisées. Nous avons également un partenariat dynamique avec le Centre Culturel korè. Partenariat en vertu duquel ce centre nous a offert gracieusement un stand VIP lors de la dernière édition 2014 du Festival sur le Niger, qui a permis de mieux communiquer et faire connaitre notre structure. D’autres partenariats, avant leurs signatures effectives sont entrés en vigueur. C’est le cas de l’accord de partenariat avec l’ONG SPARK sis à Sékoura (Ségou) à travers l’Université d’été qui a eu à former et à financer les projets en entrepreneuriat pour certains jeunes dont des étudiants de l’Université en fin de cycle.
Au plan national, l’Université a signé des Accords de partenariat avec trois Universités et certaines Grandes Ecoles et l’Institut d’Economie Rurale.
Dans la sous-région, l’Université est en partenariat avec 2 Instituts d’Enseignement du Burkina Faso, les Universités de Parakou et d’Abomey Calavi au Bénin. D’autres sont en attente de signature comme ceux de Gaston Berger du Sénégal, Hassan II du Maroc.
Au niveau international, nous citerons les Accords de partenariat avec les Universités de Poitiers (France), Turin (Italie), Gediz University, Izmir (Turquie), les Amis du Mali en Virginie (USA). Dans un avenir proche, d’autres partenariats devront voir le jour. Au vu de ce constat, nous pouvons affirmer que les rapports avec nos partenaires sont très bons dans l’ensemble. II en est de même des rapports avec les professeurs surtout ceux qui viennent d’ailleurs pour assurer les cours. Jusqu’ici nous n’avons pas de difficultés majeures avec les étudiants comme en atteste le climat serein qui prévaut actuellement à l’Université. Les cours se déroulent normalement et les examens de fin de premier semestre 2014 ont pris fin.
Le Flambeau : Qu’en est-il du système Licence-Master-Doctorat (LMD) et de son application au sein de l’Université de Ségou ?
Pr Abdoulaye Traoré : L’article 7 de l’arrêté N°2012-1116 /MESRS-SG du 14 mai 2012 dit que la formation repose entièrement sur le système LMD. Les cours sont dispensés par semestre et à plein temps. Des dispositions sont prises pour le stage de fin de cycle pour les étudiants en L3-S5 (l’équivalent de la 3ème année dans le système classique), en envoyant des lettres à différentes structures pouvant encadrer nos étudiants pendant le stage. Le cycle des études est de 6 semestres pour la Licence, 4 semestres pour le Master et 6 semestres pour le Doctorat. Avec le système LMD, il faut valider six (6) semestres pour avoir le grade de licence ; 10 semestres pour avoir le grade de Master et 16 semestres pour avoir le grade de docteur. Le même article, précise que le système est structuré en parcours composés d’unités d’enseignement (UE) et d’Eléments Constitutifs d’Unités d’Enseignement. (ECUE). L’unité d’Enseignement (UE) constitue l’unité de base du programme de formation. L’unité d’Enseignement (UE) est une subdivision autonome et cohérente d’un parcours de formation. Une fois validée, elle est acquise pour toujours : on dit que l’UE validée est capitalisable. Chaque UE est composée de matières que l’on nomme éléments constitutifs etc.
A l’Université de Ségou, les programmes des filières de formation comportent trois types d’UE à savoir : les UE majeures, les UE mineures de découverte et les UE mineures de renforcement. L’application du système LMD est effective à l’US. Mais il faut comprendre qu’aucun système nouveau n’est parfait. Au fur et à mesure qu’on avance dans le système, on découvre des erreurs, qui sont corrigées pour le semestre suivant voire pour l’année universitaire suivante. Pour le moment, mon inquiétude dans ce système est l’homologation de ce diplôme par la fonction publique Malienne. Car bientôt notre première promotion de licence professionnelle doit sortir. Donc il faut que la licence soit reconnue pour que certains de ces jeunes universitaires aient droit à la fonction publique via un concours d’entrée.
L’Université de Ségou a été créée par ordonnance N°10-011/P-RM du 1er Mars 2010, ratifiée par la loi N°2013-014/P-RM du 21 Mai 2013 et régie par le décret n°0-168/P-RM du 23 Mars 2010 fixant son organisation et ses modalités de fonctionnement. Elle a pour mission de contribuer à la mise en œuvre de la politique Nationale en matière d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Elle répond à la mise œuvre d’une des recommandations du Forum National sur l’Education, initié par le gouvernement du Mali en Octobre-Novembre 2008 et qui est relative à l’ouverture des Pôles universitaires régionaux. Opérationnelle depuis le 27 janvier 2012, date de son inauguration officielle par Madame le premier Ministre de l’époque, l’Université de Ségou n’a été dotée que d’un amphithéâtre de 500 places sis sur le site des 9 hectares de Sébougou. Possédant toutefois un patrimoine foncier important (509 ha en titre foncier), l’Université de Ségou de la date de démarrage de ses activités à nos jours, n’exploite que des infrastructures académiques (salles de classe) et des blocs administratifs baillés, disséminés à travers la ville de Ségou. L’Université de Ségou a pour tutelle, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Ses Organes de pilotage sont : le Conseil de l’Université ; le Conseil Pédagogique et Scientifique ; le Conseil de discipline de l’Université.
Ses organes d’exécution sont le Rectorat et les Structures de formation et de Recherche. Le Rectorat est composé du Recteur, du Vice-recteur, du Secrétaire général, des services administratifs et techniques. Les services administratifs sont le service des ressources humaines ; le service de la scolarité et de l’orientation ; le service des Affaires Juridiques et des Equivalences ; le service des Relations Extérieures et de la Coopération.
Les services Techniques sont le service du Patrimoine ; le service des Finances ; le service de la Bibliothèque Universitaire Centrale ; le groupe de sécurité universitaire. Les structures de formation et recherche sont : la Faculté d’Agronomie et de Médecine Animale(FAMA) avec 3 filières (PSA, HA, AE) ; la Faculté des Sciences Sociales (FASSO) avec 3 filières (Sociologie, Communication des Organisations, Aménagement du Territoire) ; l’Institut Universitaire de Formation Professionnelle (IUFP) avec 5 filières (Machinisme Agricole, Gestion Informatique, Secrétariat de Direction, Hôtellerie restauration, Compta-Finance- Audit) ; la Faculté du Génie et des Sciences (FAGES) dont l’ouverture est envisagée pour 2015 ; et la Faculté des Sciences de la Santé (FASSA) dont l’ouverture est prévue pour 2017.
CHRONOGRAMME DES EVALUATIONS :
Du 14 au 20 Avril : épreuves de validation des crédits des admissibles ;
Du 21 au 30 Avril : correction et secrétariat ;
Du 02 au 03 Mai : jury de délibération ;
Du 02 au 14 Mai épreuves de validation du 1er semestre 2013-2014 ou des semestres en cours ;
Du 15 au 26 Mai : correction et secrétariat ;
Du 29 au 30 Mai : jury de délibération ;
Du 02 au 08 juin épreuves de rattrapage ;
Du 09 au 21 juin : correction et secrétariat ;
Du 20 au 24 juin jury de délibération ;
Du 11 au 23 Aout : épreuves de validation du 2ème semestre ou des semestres en cours ;
Du 25 au 06 septembre : correction et secrétariat ;
Du 10 septembre : réunion du jury de délibération du semestre2
Du 11 septembre : proclamation des résultats des deux semestres ;
Du20 au 25 octobre : session de rattrapage du 2ème semestre ;
Du 27 au 08 novembre : correction et secrétariat,
Du 11 au 12 novembre : jury de délibération.
24 novembre : rentrée universitaire 2014 – 2015.